L'affaire Mt.Gox suit toujours son cours. Après la mise sous la protection de la loi japonaise sur les faillites, la branche japonaise Mt.Gox KK vient d'obtenir son placement sous le chapitre 15 de la loi américaine sur les faillites. Cela ne devrait toutefois pas empêcher le déroulement de la plainte collective ciblant la plateforme aux États-Unis.
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Les autorités japonaises ont déjà placé le 28 février dernier la plateforme Mt.Gox sous la protection de la loi locale sur les faillites, et c'est désormais au tour des États-Unis d'en faire autant. En effet, un juge texan vient de valider la mise sous la protection (temporaire) du chapitre 15 de la loi américaine sur les faillites de la plateforme, en attendant qu'un jugement soit rendu le 1er avril selon les informations obtenues par l'agence Reuters.
Entre principe de précaution et ruse
La procédure est plutôt classique et vise principalement à protéger les biens des entreprises, notamment dans le cas de faillites dans plusieurs pays. Toutefois, dans sa demande à l'US Bankruptcy Court du district du Nord du Texas, l'avocat de la plateforme a expressément demandé « la suspension de certaines actions en cours aux États-Unis qui risqueraient de mettre en danger ses efforts de restructuration à l'étranger ». Le but de la démarche de Mt.Gox est donc très clair : essayer de faire patiner la plainte collective entreprise à son encontre.
Manque de chance pour la plateforme, si la procédure contre Mt.Gox est effectivement arrêtée, les avocats des plaignants assurent de leur côté que si cela concerne bien Mt.Gox KK, la filiale japonaise de l'entreprise, ils peuvent encore s'en prendre à Tibanne, la maison mère, à Mt.Gox.Inc, la branche américaine de la plateforme, et même à Mark Karpeles en personne. Cette mise sous protection judiciaire de la firme ne la met donc pas à l'abri de ses créanciers.
Selon nos confrères de Coindesk, Mark Karpeles aurait soutenu devant la cour sa théorie, selon laquelle une faille dans le protocole Bitcoin est à l'origine de tous ses problèmes. « Les faits que nous avons à notre connaissance indiquent que cela a été causé ou est en lien direct avec une faille dans l'algorithme logiciel qui régit Bitcoin, et des attaques informatiques provenant d'une ou plusieurs personnes » aurait ainsi indiqué le responsable. Une théorie rejetée par la communauté, et notamment par les membres de la Bitcoin Foundation, dont faisait partie Mt.Gox jusqu'au 23 février.
La justice fédérale américaine gèle les avoirs de Mark Karpeles
Dans le même temps, une autre bataille juridique avait lieu, au niveau fédéral cette fois-ci. Le juge Gary Feinerman, de la Cour fédérale du District du Nord de l'Illinois, a temporairement gelé l'ensemble des avoirs de Mark Karpeles, le PDG de Mt.Gox, et autorisé les victimes de la faillite de la plateforme à réclamer des preuves montrant que sa chute est bien due à un piratage.
Les parties poursuivant Mt.Gox ont confié à la cour leurs doutes sur le fait que Mt.Gox aurait encore la main sur plusieurs centaines de milliers de Bitcoins. En effet, des mouvements récents provenant de comptes liés à Mt.Gox, notamment une transaction de 180 000 BTC répartie entre deux adresses, avant de se voir distribuée sur une petite centaine de comptes selon un schéma plutôt élaboré, ont éveillé les soupçons d'anciens clients de la plateforme. Il reste toutefois à savoir si ces mouvements ont été faits à l'initiative de la plateforme ou bien de tiers.
Les logs de transactions commencent à parler
Quoi qu'il en soit, les procédures à l'encontre de Mt.Gox se poursuivent, et les logs de transactions ayant fuité en début de semaine commencent à parler. Sur Reddit, on apprend ainsi qu'un utilisateur semblait bénéficier de droits assez particuliers, puisqu'aucune de ses transactions n'a été facturée par la plateforme. Celui-ci répondait au doux nom de « TIBANNE_LIMITED_HK ». L'une des théories désormais poussée par la communauté voudrait alors que cela signifie que Mt.Gox réalisait des opérations de trading avec les fonds déposés par ses utilisateurs, et cherchait à maquiller ses pertes en hurlant au piratage, à moins qu'il n'ait été question que d'échanges faits à partir des commissions recueillies. Selon nos constatations, il est par exemple question de près de 190 000 bitcoins ainsi échangés, pour un total de plus de 900 000 dollars sur le seul mois d'août 2011.
Plus de 48 000 transactions effectuées en un mois par la plateforme elle-même sont répertoriées en août 2011
Une thèse qui ne reste pour l'heure que pure spéculation, mais qui, au vu des 2,8 millions de Bitcoins et 350 millions de dollars ainsi échangés entre août 2011 et novembre 2013, ne peut pas être négligée.