Le rachat de WhatsApp par Facebook a largement marqué les esprits à cause de la somme déposée sur la table par l’entreprise de Mark Zuckerberg : 19 milliards de dollars au total. Mais le rachat ne plait pas à tout le monde et deux associations de défense de la vie privée s’élèvent pour dénoncer l’opération auprès de la puissante Federal Trade Commission aux États-Unis.
La version iOS de WhatsApp
Les 19 milliards de dollars de l'angoisse
Le rachat de WhatsApp par Facebook a provoqué de nombreuses réactions et analyses. Pour le réseau social, la solution de messagerie pourrait représenter une importante opportunité de viabiliser certains futurs services. Pour autant, il a été précisé à plusieurs reprises que WhatsApp ne prévoyait pas d’inclure Facebook de quelque manière que ce soit. Mais en dépit de cette assurance martelée, deux associations ont exprimé leur inquiétude.
The Electronic Privacy Information Center (EPIC) et le Center for Digital Democracy ont ainsi déposé une plainte commune devant la Federal Trade Commission américaine. Elle vise surtout l’impact négatif que pourrait avoir ce rachat sur la vie privée des utilisateurs de WhatsApp, au nombre de 450 millions aujourd’hui environ. En clair : les politiques de respect de la vie privée des deux entreprises sont incompatibles.
Facebook sévèrement critiquée
La plainte, déposée à Washington le 6 mars, n’y va pas par quatre chemins. Elle accuse Facebook d’avoir violé à plusieurs reprises la vie privée de ses utilisateurs. Elle indique également qu’un grand nombre d’utilisateurs de WhatsApp est totalement opposé à l’absorption de l’entreprise de messagerie par le géant du réseau social. En outre, la philosophie affichée par WhatsApp jusqu’à aujourd’hui cadre très mal avec la politique de Facebook. L’application de messagerie s’est en effet toujours refusé à intégrer de la publicité, là où Facebook en a fait un maillon essentiel de son modèle commercial.
WhatsApp Complaint by PC INpact
La plainte joue en fait sur plusieurs tableaux. Elle décrit le rachat de WhatsApp mais ne souhaite pas nécessairement bloquer l’opération. Elle demande à ce que la Commission américaine examine de près les garde-fous mis en place pour que les conditions de respect de la vie privée soient réellement préservées autour de WhatsApp. Sur son site, l’EPIC indique ainsi : « Notre plainte exhorte la FTC à enquêter [pour déterminer] s’il y a suffisamment de protections en place sur la vie privée pour continuer à isoler les données des utilisateurs WhatsApp d’un accès par Facebook – ce qui (pour beaucoup d’utilisateurs) était la raison qui rendait WhatsApp si attirant au premier abord ».
Le réseau social affirme encore une fois que rien ne changera
Facebook a réagi à cette plainte en répétant le même discours que depuis le rachat de WhatsApp : « Comme nous l’avons répété à plusieurs reprises, WhatsApp continuera de fonctionner comme une entreprise séparée et honorera ses engagements sur la vie privée et la sécurité ». Une réponse pour le moins étrange qui, en filigrane, dessine Facebook comme une société qui pourrait, par simple contact, vaporiser les concepts de vie privée et de sécurité.
La plainte devant la FTC est dans tous les cas la manifestation d’une inquiétude réelle sur l’avenir de WhatsApp. Comme toujours dans ce type de cas, une partie des utilisateurs continuera d’utiliser la solution de messagerie sans même savoir qu’elle a été rachetée. D’autres s’en moquent et se servent de Facebook en parallèle. Mais comme on a pu le voir récemment, certains y voient une occasion d’essayer une autre application. C’est ainsi qu’entre la peur de voir Facebook aspirer encore davantage de données personnelles et à la faveur d’une panne qui a laissé WhatsApp sur le carreau pendant plusieurs heures, Line et Telegram ont gagné respectivement deux et huit millions d’utilisateurs.