Comme tous les débuts de mois, l'Agence nationale des fréquences (ANFR) publie son bilan des autorisations et des antennes actives en 2G, 3G et 4G. L'occasion d'évaluer les progressions des quatre grands opérateurs, même si les données fournies ne préfigurent ni de la couverture exacte de leurs réseaux, ni de leur qualité.
La "pause" de Bouygues continue côté supports, tandis que la concurrence s'active, en particulier Orange
Concernant les chiffres du 1er mars 2014, nous apprenons donc que Bouygues Telecom continue de dominer les débats en matière de 4G (LTE), devant Orange, SFR et Free Mobile. Un classement stable depuis que la filiale du groupe Bouygues a été autorisée par l'ARCEP d'exploiter sa fréquence 1800 MHz. Voici plus précisément les données et progressions mensuelles de ces quatre opérateurs pour leurs antennes en service :
Bouygues Telecom :
- 2600 MHz : 854, soit 86 de plus (en un mois)
- 1800 MHz : 5 537, soit 148 de plus
- 800 MHz : 378, soit 284 de plus
- Total d'antennes : 6 769, soit 518 de plus
- Supports : 6029, soit 133 de plus
Orange :
- 2600 MHz : 4100, soit 150 de plus
- 800 MHz : 2011, soit 233 de plus
- Total d'antennes : 6 111, soit 383 de plus
- Supports : 4989, soit 290 de plus
SFR :
- 2600 MHz : 812, soit 18 de plus
- 800 MHz : 1 248, soit 92 de plus
- Total d'antennes : 2 060, soit 110 de plus
- Supports : 1 489, soit 84 de plus
Free Mobile :
- 2600 MHz : 1 115, soit 121 de plus
- Supports : 1 115, soit 121 de plus
Bouygues vise la qualité, la concurrence mise sur la couverture
Concernant Bouygues Telecom, de nombreuses remarques peuvent être faites. Tout d'abord, l'opérateur a mis sur le pied sur le frein du côté des fréquences 1800 et 2600 MHz, pour se concentrer sur le 800 MHz. Une première intéressante, qui implique une amélioration qualitative du réseau, notamment vis-à-vis de l'intérieur des bâtiments. On peut d'ailleurs noter que si le nombre d'antennes a crû de 518 pour Bouygues (contre 492 de plus le mois précédent), le nombre de supports n'a augmenté que de 133. Cela signifie donc que la plupart de ses nouvelles antennes ont en fait complété les précédentes, et n'ont donc pas servi à accroître sa couverture du territoire. La démarche est donc bien plus qualitative que quantitative. L'objectif est certainement de rattraper Orange et SFR sur ce point, opérateurs qui exploitent déjà massivement les fréquences 800 MHz.
Orange n'est pas du tout dans la même situation. Son nombre de nouvelles antennes a chuté de 37 % entre les mois de janvier et février (+602 en janvier), principalement du fait d'une division par deux pour les fréquences 2,6 GHz. L'opérateur historique mise désormais sur le 800 MHz après avoir fortement développé l'autre fréquence. Contrairement à Bouygues, le nombre de nouveaux supports concorde bien plus avec celui des antennes, ce qui prouve que l'opérateur tente d'accroître sa couverture. Une stratégie logique dès lors qu'il a du retard sur Bouygues sur ce point.
Pour SFR, la politique est simple et est la même depuis de nombreux mois : l'opérateur mise à fond sur les fréquences 800 MHz, ce qui lui permet d'avoir un réseau performant avec moins d'antennes que s'il exploitait les fréquences 2,6 GHz. On remarque d'ailleurs que le nombre de supports concorde relativement avec celui des nouvelles antennes, ce qui signifie que l'opérateur étend lui aussi son réseau pour rattraper Bouygues Telecom. Le mois de février a toutefois été moins important que janvier avec 110 antennes de plus, contre 126 le mois précédent, la faute aux antennes 800 MHz (-30 en un mois).
Enfin, du côté de Free Mobile, il continue d'accroître son réseau à un bon rythme, avec tout de même 121 supports supplémentaires, soit plus que SFR et quasi autant que Bouygues Telecom. La barre des 1000 antennes/supports est pour la première fois dépassée par l'opérateur. Son retard sur la concurrence reste toutefois encore conséquent, et son mois de février (+121) a été bien inférieur au mois de janvier (+170). Notez qu'il s'agit du deuxième mois consécutif où Free domine SFR en nombre de nouvelles antennes. Il faut cependant prendre en compte les différences de fréquences, ce qui joue sur la qualité du réseau.
Données pour la 4G (LTE)
Paris numéro un en France, le Cantal et la Lozère en queue de peloton
Toujours concernant la 4G, voici les dix départements français comptant le plus d'antennes en service (tous opérateurs confondus) :
- Paris : 865 antennes (+30 en un mois)
- Rhône : 712 antennes (+18)
- Bouches-du-Rhône : 711 antennes (+28)
- Nord : 586 antennes (+33)
- Hauts-de-Seine : 464 antennes (+18)
- Haute-Garonne : 440 antennes (+14)
- Gironde : 422 antennes (+8)
- Seine-Saint-Denis : 392 antennes (+20)
- Loire-Atlantique : 353 antennes (18)
- Alpes-Maritimes : 348 antennes (+21)
Parmi les départements en queue de peloton, on retrouve toujours les mêmes, à savoir le Cantal et la Lozère avec... aucune antenne 4G en service, et guère beaucoup plus d'accords signés. Les Alpes-de-Haute-Provence, la Creuse, et la Meuse n'ont eux aussi pas bougé, avec une seule et unique antenne 4G. Bonne nouvelle, l'Yonne a vu son nombre d'antennes 4G doubler, en passant de... une à deux, tandis que la Haute-Marne est passée d'une antenne en activité au 1er février à cinq antennes au 1er mars 2014. Une multiplication par cinq qui changera la vie des habitants, assurément (ceci est de l'ironie).
Pour rappel, les couvertures officielles de la population en 4G des opérateurs sont les suivantes :
- Bouygues : 63 %
- Orange : 50 %
- SFR : 40 %
- Free Mobile : ?
Il s'agit toutefois de pourcentages donnés par les opérateurs et non vérifiés par l'ARCEP ou toute autre administration. Ces informations déclaratives ne sont ainsi pas forcément justes au pourcentage près pour des questions marketing, toutefois, dès lors que des vérifications seront réalisées au cours des prochains mois, fausser d'une façon trop importante ces chiffres ne serait pas dans leur intérêt. Rappelons que l'autorité de régulation des télécoms impose une couverture 4G de 25 % d'ici fin 2015, 60 % d'ici fin 2019 et 75 % d'ici fin 2023. Comme nous l'avons fait remarquer dans de précédents articles, les opérateurs sont exceptionnellement en avance sur ce calendrier, et même Free Mobile ne devrait guère avoir de mal à atteindre ces obligations.
3G : Free Mobile avance petit à petit
En ce qui concerne la 3G (UMTS), les deux grands opérateurs affichent peu de bouleversements. Bouygues Telecom continue pour sa part de voir son nombre d'antennes en service augmenter (+320), ceci du fait d'un bond gigantesque en 900 MHz (+1471 antennes). Une progression étonnante probablement liée à des transferts entre la 2G et la 3G, voire à des mises à jour des chiffres.
Du côté de Free Mobile, sa progression est stable, avec 107 nouveaux supports en service, pour 109 accords supplémentaires signés. Des chiffres à opposer à la croissance de 135 nouvelles antennes du mois de janvier et de 68 antennes en décembre 2013. Comme toujours, Free exploite à la fois les fréquences 900 et 2100 MHz de manière uniforme.
Données pour la 3G
Aux dernières nouvelles (non officielles), Free Mobile couvrait un peu plus de 60 % de la population française en 3G au début de l'année. Un taux qui a certainement augmenté légèrement depuis. Il lui faudra toutefois ne pas ralentir le rythme, dès lors que les obligations de l'ARCEP lui imposent une couverture UMTS de 75 % pour le début de l'année prochaine, et même de 90 % pour début 2018.