L'automne dernier, un sénateur avait surpris en demandant au ministre de l’Intérieur à ce que l’utilisation des téléphones portables soit interdite aux piétons, dès lors qu’ils circulent sur la voie publique. Ce matin, le « premier flic de France » vient de lui répondre, affirmant qu’il ne s’aventurerait pas sur ce terrain.
Le sénateur des Hautes-Alpes, Pierre Bernard-Reymond, avait jugé bon de demander en octobre dernier à Manuel Valls « s'il n'estim[ait] pas utile, pour assurer une meilleure sécurité des piétons, de leur interdire l'usage du téléphone portable ». L’élu (ex-UMP), qui avait ensuite expliqué s’être fait une frayeur quelques jours plus tôt alors qu’il était au volant de sa voiture, affirmait que cette interdiction aurait pu être envisagée dès lors que des personnes « empruntent des voies ouvertes à la circulation automobile ou lorsqu'ils utilisent des passages protégés pour les traverser ».
Mais dans sa réponse, publiée hier au Journal Officiel, le ministre de l’Intérieur oppose - sans grande surprise - une belle fin de non-recevoir au parlementaire. « Il n'est pas envisagé d'aller dans le champ d'une interdiction qui serait d'ailleurs difficilement applicable par les forces de l'ordre » tacle ainsi le locataire de la Place Beauvau. Sans que ce dernier l’explique, on devine en effet que l’interdiction de téléphoner sur la voie publique aurait pu être difficile à contrôler, dans la mesure où l’utilisation d’un portable - et a fortiori d’un smartphone - peut aujourd’hui être très large : accès à Internet, photo, envoi de textos, écoute de musique...
Manuel Valls prend néanmoins la peine d’expliquer au sénateur Bernard-Reymond que face à la distraction des piétons, il mise sur la prévention, dont le rôle est jugé « essentiel ». Faisant référence à la fiche thématique de la délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR) concernant les piétons, le ministre souligne qu’elle a été actualisée en 2013 et qu’elle rappelle désormais aux piétons « leurs droits et leurs devoirs en tant qu'usagers de la voiries » : « Ils sont notamment incités à ne pas utiliser leur téléphone portable en traversant compte tenu de la déconcentration induite. De même, l'usage de baladeurs musicaux doit se faire à un volume qui permette d'entendre les véhicules, notamment dans la traversée de la chaussée ».