Un utilisateur de Twitter vient de voir son compte fermé pendant plusieurs heures. L’intéressé s’était lancé depuis le mois dernier dans la diffusion, image par image, du film Top Gun. Dénoncées par la Paramount Pictures comme étant illicites, plusieurs des captures ainsi diffusées sont désormais bloquées par le réseau social.
— 555 µHz (@555uhz) 16 Février 2014
Le 23 janvier dernier, le propriétaire du compte Twitter « @555µHz » s’est lancé dans une drôle d’aventure : diffuser, image par image, l’intégralité de « Top Gun ». Ainsi, plusieurs captures d’écran du célèbre film de 1986 sont diffusées quotidiennement sur le réseau social au moyen d’autant de tweets. Le son ne pouvant bien évidemment pas être de la partie, c’est une version sous-titrée (en anglais) qui a été choisie par l’internaute se cachant derrière ce compte.
Mais alors que le twittos était loin d’avoir diffusé l’ensemble du film (qui dure tout de même près de deux heures), la Paramount Pictures, qui a produit Top Gun, a chargé ses avocats de mettre des bâtons dans les roues de l’internaute. Comme l’a remarqué TorrentFreak, la célèbre major du cinéma a effectivement fait transmettre à Twitter plusieurs demandes de retrait, au nom du respect de ses droits de propriété intellectuelle.
« Personne n'est autorisé à copier, reproduire, diffuser ou exploiter de quelconque autre manière Top Gun sans autorisation expresse et écrite de la Paramount, affirment ainsi les défenseurs du studio dans une requête transmise la semaine dernière au réseau social. En dépit de cela, poursuivent-ils, nous avons remarqué que l'utilisateur de votre site Internet, @555uhz, diffuse le film Top Gun, image par image, par votre intermédiaire ». Était alors listée toute une série de tweets contenant des images dont la diffusion était jugée illicite.
Blocage d’images signalées et fermeture momentanée du compte Twitter
Le réseau social s’est d’ailleurs rangé derrière les sollicitations de la Paramount, bloquant désormais l’accès à la plupart des captures contenues dans les tweets dénoncés. Et pour cause, la législation américaine applicable aux hébergeurs veut qu’un intermédiaire stockant sur ses serveurs un contenu lui étant signalé comme illicite agisse s’il ne veut pas voir sa responsabilité engagée. C’est ce qu’on appelle le « notice and take down » : une notification d’un ayant droit, un retrait. Le site de micro-blogging a également procédé à une suspension momentanée du compte Twitter en question, qui est désormais de nouveau fonctionnel.
— 555 µHz (@555uhz) 20 Février 2014
La Paramount aurait bien aimé que Twitter retire tout, sans notification individuelle
Mais l’action de Twitter n’a pas résolu le problème de la major, puisque l’internaute peut continuer de diffuser quotidiennement ses captures de Top Gun... Une seconde requête contenant des dizaines de tweets à censurer fut ainsi rapidement envoyée par les avocats de la Paramount, afin d’inviter l’entreprise américaine à faire davantage d’efforts. « Nous vous demandons de retirer immédiatement de ce site [la page du compte @555uhz, ndlr] toutes les images de Top Gun » est-il ainsi écrit. En clair, faute de pouvoir recenser et transmettre chaque jour à Twitter les dizaines de tweets litigieux, les ayants droit auraient bien aimé que le site de micro-blogging prenne la peine de faire de lui même le ménage. Mais, sans surprise, Twitter ne s’est pas aventuré sur ce terrain. Ceci est tout simplement contraire à la règle du « notice and take down », qui veut qu’il y ait un signalement pour chaque contenu devant être retiré, et non pas d’action proactive de la part des hébergeurs.
Depuis le 25 février, date probable de suspension momentanée du compte, aucune nouvelle image n’a été diffusée. Celui-ci compte désormais plus de 7 000 « followers », plusieurs ayant dû s’y abonner suite à la publicité que lui a offert la Paramount avec la médiatisation de cette affaire.
Rappelons enfin que si Twitter est connu pour avoir parfois refusé de fournir les données d’identification de ses utilisateurs à la justice, l'entreprise reçoit surtout beaucoup de demandes concernant le droit d’auteur. Ainsi, lors du deuxième semestre de l’année 2013, le réseau social a retiré au niveau mondial 191 tweets suite à des demandes d’origine « gouvernementale » (justice, police, etc.), contre 26 506 suite à des requêtes dites « DMCA », à l’image de celles adressées par les avocats de la Paramount.