Non, il n'est pas autorisé d'ajouter des publicités à une intégration YouTube

Ni de louer l'appartement d'un ami qui vous a laissé les clefs pour vous occuper du chat

Depuis quelque temps, nous avons remarqué une nouvelle tendance sur certains sites : publier un contenu basé sur une intégration de vidéo YouTube ou Dailymotion sur laquelle est rajouté une couche de publicité maison. Une pratique qui paraît plutôt opportuniste et qui n'est pas autorisée par les sites en question.

Les Tutos YouTube

Si vous monétisez les tutos de Jérôme Niel produits pour Canal+, ça va mal finir...

 

Quoi de plus facile que de se financer sur le contenu des autres ? Une pratique déjà bien connue dès lors qu'il s'agit de reprendre une image ou un contenu partiellement réécrit à un tiers (au diable la courte citation) pour composer un billet de blog ou une actualité qui sera publié avec son lot de publicités gérées par la régie maison. Un travail minimal pour des revenus parfois substantiels : une équation qui peut séduire. 

Monétiser les vidéos des autres : un marché d'avenir

Elle prend un tout autre sens lorsqu'il s'agit de la question des contenus vidéo. Grande tendance du moment sur le marché publicitaire, celle-ci se monnaie à gros coups de CPM (coût pour mille affichages). Et si les plateformes qui sont aussi des régies publicitaires ont déjà fort à faire pour lutter contre les pratiques de certains producteurs (vidéo en lecture automatique intégrée sur toutes les pages ou cachée dans le code, robots de lecture, etc.), elles doivent aussi faire face à une autre problématique tout aussi détestable : l'utilisation du contenu de leurs membres par des tiers, avec l'ajout d'une publicité supplémentaire. 

 

On avait déjà vu certains télécharger des vidéos diffusées sur YouTube ou Dailymotion par exemple, pour les republier sur leur site avec leur propre lecteur et leur publicité. Cela se fait parfois même au sein de la plateforme elle-même et les exemples de bandes-annonces monétisées par des comptes qui ne sont pas ceux des studios de cinéma sur YouTube sont légion. Mais c'est un problème encore plus important si l'auteur de ce contenu n'a pas donné son accord ni pour la diffusion, ni pour la monétisation de son travail. Depuis peu, certains ont trouvé plus simple : exploiter le code d'intégration fourni par les plateformes.

Lecteur intégrable et partage des revenus : tout le monde veut sa part

En effet, de Vimeo à YouTube en passant par Dailymotion, toutes permettent d'intégrer une vidéo à n'importe quelle page via un code simple à mettre en place, sauf refus (rare) de son créateur. Pour les sites en question, le but est donc d'afficher une publicité vidéo de leur propre régie, puis ensuite de charger le contenu issu de la plateforme qui contiendra sans doute lui aussi de la publicité. Bien entendu, cela se fait en plus des espaces publicitaires déjà présents au sein même de la page. Ils touchent ainsi de multiples rémunérations à chaque lecture pour un contenu qu'ils n'ont pas produit, qu'ils n'hébergent pas et sur lequel ils ne disposent le plus souvent d'aucun droit. 

 

Pourtant, certaines plateformes proposent une rémunération des diffuseurs. C'est notamment le cas du Publisher Network de Dailymotion. Mais toutes n'ont pas d'équivalent. YouTube précise par exemple que « Seuls YouTube et le propriétaire de la vidéo bénéficient des revenus générés par les annonces sur les vidéos intégrées. Le propriétaire du site sur lequel la vidéo est intégrée n'obtient aucun revenu. » De plus, il est sans doute plus efficace pour ces sites de rajouter leur publicité que de n'avoir droit qu'à une petite fraction de celle affichée dans la vidéo.

YouTube assez strict avec tout ce qui touche à la publicité 

Mais cela n'est pas sans poser problème. En effet, interrogé sur le sujet ce matin, YouTube a été clair : une telle façon de faire n'est pas autorisée. Le risque ? La suppression des comptes d'un utilisateur qui exploiterait de telles pratiques. La plateforme nous renvoie à ses conditions d'utilisations. Celles-ci sont assez claires sur la question :

 

« Vous vous engagez à ne pas utiliser le Service (y compris le Lecteur YouTube) dans l’un des buts commerciaux suivants, sans l'autorisation préalable écrite de YouTube: (i) la vente de l'accès au Service ; (ii) la vente de publicité, promotions et de sponsoring placés sur ou dans le Service ou le Contenu ; (iii) la vente de publicité, promotions et de sponsoring sur toute page de tout blog ou site web recevant de la publicité et comportant le Contenu fourni via le Service, sauf si d’autres éléments n’ayant pas été fournis par YouTube apparaissent sur la même page et ont une valeur suffisante pour justifier cette vente.  »

 

Dans sa FAQ, le service apporte quelques précisions assez complètes sur toutes les questions qui concernent la publicité. Il est par exemple précisé : « Notre but n'est pas de vous empêcher d'ajouter occasionnellement à votre blog une vidéo YouTube que vous souhaitez partager ou commenter, même si votre blog contient de la publicité. Toutefois, nous souhaitons que nos conditions d'utilisation s'appliquent, par exemple, à un site Web qui ne contiendrait que des vidéos YouTube et dont le seul but serait de générer des recettes publicitaires. » En clair, YouTube ne veut pas interdire aux sites se finançant par la publicité d'intégrer les vidéos qu'il héberge, mais veut prévenir les abus. Et le fait de placer une publicité vidéo en amont de son lecteur en est un.

 

Les diffuseurs ne sont d'ailleurs pas les seuls concernés par des règles strictes en matière publicitaire, dont certains ne se préoccupent souvent qu'assez peu, ouvrant la voie à une fermeture de leur compte si un abus venait à être dénoncé ou détecté. En effet, le créateur de contenu ne pourra pas utiliser d'offre publicitaire concurrente à celle de YouTube : « [Ils] ne sont pas autorisés à intégrer de la publicité, du sponsoring ou d'autres types d'annonces pour le compte de sponsors ou d'annonceurs tiers dans leurs vidéos si YouTube offre un format d'annonce comparable, y compris et sans limitation des annonces vidéo InStream pré-roll, des superpositions d'images ou des logos tiers. » Le placement de produit rémunéré est autorisé, mais seulement pour les partenaires qui respectent là encore certaines règles.

Des conditions parfois floues chez la concurrence : mais est-ce pour autant autorisé ?

Et du côté des autres plateformes ? Leurs conditions d'utilisations sont en générales assez floues sur le sujet. Nous avons demandé des précisions à Dailymotion qui a tout simplement refusé de nous apporter des éclaircissements. Les conditions concernant son lecteur indiquent seulement que « vous vous engagez à ne pas exporter les vidéos des Autres Utilisateurs sur des sites constituant ou comprenant des éléments constituant (i) une violation des droits de propriété intellectuelle de tiers, ni (ii) une atteinte aux personnes (notamment diffamation, insultes, injures, etc.) et au respect de la vie privée, ni (iii) une incitation à la violence ou à la haine contre tout individu ou groupe, ni (iv) une incitation à la cruauté envers les animaux, ni (v) un contenu sexuellement explicite ou fortement suggestif, ni (vi) une incitation à la consommation de drogues ou à toute activité illicite, ni de manière générale (vii) une atteinte à l'ordre public et aux bonnes mœurs ni, plus généralement une atteinte à la réglementation applicable en vigueur. » Rien sur une éventuelle utilisation de publicité en complément. Tout juste est-il précisé au-dessus que « Si vous souhaitez donner une autre exploitation, notamment commerciale, au contenu d'un autre utilisateur, il vous appartient préalablement d'obtenir de celui-ci les autorisations nécessaires. »

 

Pour autant, il apparaîtrait comme assez incohérent que la plateforme propose une solution de monétisation pour les diffuseurs, et leur laisse librement gagner de l'argent sur les contenus de ses membres via une vidéo imposée par-dessus de son lecteur, sans aucun accord préalable de sa part. Nous tenterons d'en savoir plus assez rapidement. Il sera alors intéressant de voir quelles seront les sanctions éventuellement prises envers les sites qui utilisent de telles pratiques et si ces derniers comptent continuer à monétiser ainsi le contenu produit et hébergé par d'autres.

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