L'Espagne compte elle aussi mettre en place une taxe Google pour la presse

German style

Après l'Allemagne, l'Espagne compte elle aussi instaurer une taxe dite Google. Contrairement à la France et la Belgique, aucun accord n'est en vue, puisque Madrid compte plutôt s'inspirer de nos voisins d'outre-Rhin en forçant les moteurs de recherche et surtout les agrégateurs d'actualités sur internet à rétribuer les médias en cas de citation, même minime. Le projet de loi doit désormais passer devant le parlement.

Taxe Google Espagne

« Droit des éditeurs à être rémunérés financièrement pour l'exploitation de leur contenu »

Malgré une menace de taxe, la France s'était finalement inspirée de la Belgique et les éditeurs de presse ont scellé un accord controversé et secret avec Google. L'Espagne, profitant d'une réforme globale du droit de la propriété intellectuelle (copie privée, fermeture de sites de partages de fichiers, etc.), va par contre donner un coup de pouce aux éditeurs de presse en s'attaquant directement aux agrégateurs d'actualités et aux moteurs de recherche. Le projet de loi est simple et implique « la reconnaissance du droit des éditeurs de presse et des auteurs à être rémunérés financièrement pour l'exploitation de leur contenu ».

 

Sans surprise, la presse traditionnelle n'a pas caché avoir apprécié la nouvelle. Luis Enrique, le président de l'AEDE, l'association des éditeurs de presse espagnols, a ainsi déclaré qu'il s'agissait du pas le plus important réalisé par le gouvernement espagnol pour la protection de la presse. Il faut dire que le secteur s'est effondré ces dernières années, avec un chiffre d'affaires réduit aux deux tiers, forçant de grands quotidiens à licencier massivement, dont El Pais.

Des dommages collatéraux en vue

Google, qui capte la majeure partie du marché de la recherche et des actualités, est la première cible. Il n'est toutefois pas la seule société qui sera touchée par cette loi. Bing et Yahoo! le seront, mais aussi des acteurs locaux comme Menéame.net. Ce site est spécialisé dans l'agrégation de nouvelles, comme il en existe un grand nombre à travers le monde. Et pour Menéame, la fermeture est une véritable option. Légèrement déficitaire en 2013 de 10 000 euros, le site prie pour que cette future loi ne soit pas adoptée telle quelle.

 

« Nous avons peu de chance de survivre en Espagne » a ainsi déclaré le président de Menéame à notre confrère El Diario. Le patron espère désormais que la loi sera modifiée lors de son passage devant le parlement. Dans le cas contraire, soit il fermera boutique, soit il quittera l'Espagne et continuera à faire fonctionner son site à partir de l'étranger.

 

Certains sites vont pour leur part adopter une autre stratégie. Iberoamerica.net par exemple annonce qu'il se contentera de supprimer les sites espagnols qu'ils référencent. Spécialisé dans l'actualité hispanique, Iberoamerica est plutôt centré sur l'Amérique Latine. Les sites espagnols sont ainsi secondaires pour lui et ne représentent qu'un peu plus de 10 % de ses sources. « Je ne paierai pas pour une telle absurdité, qui va contre l'esprit d'Internet et du journalisme, de diffuser les informations jusqu'aux confins de la planète » a notamment commenté Pedro de Alzaga, le directeur du site.

Vers un boycott des sites de presse

La situation est telle que certains vont jusqu'à appeler au boycott des sites de presse traditionnels liés à l'AEDE, dont El Mundo, El Pais et La Vanguardia. Le site officiel de l'AEDE a même été attaqué hier par des Anonymous, affichant un message directement sur la page d'accueil. « Tout ce que vous méritez est le mépris » pouvait-on ainsi lire à la fin de ce message avant sa suppression.

 

AEDE pirate

 

Sur la page d'accueil de Menéame.net, un script pour les navigateurs est mis en avant afin de mieux identifier les sites liés à l'AEDE. « Pour mieux boycotter les médias qui favorisent et appuient la taxe Google », ce script encadre en rouge les nouvelles venant des médias traditionnels sur le site de Menéame. Un moyen pour les visiteurs d'éviter de cliquer sur ces liens, afin de montrer l'importance du site par exemple.

 

Des blogueurs espagnols s'alarment aussi du fait qu'ils risquent fort d'être touchés par cette loi. La loi allemande avait pour sa part eu la riche idée d'exclure les blogs ou encore les associations, afin d'éviter ce genre de situation. Le cas des réseaux sociaux inquiète aussi bien des internautes espagnols, en quête de précision sur ce point.

 

Les sommes qui seront demandées aux sites internet par les éditeurs de presse espagnols ne sont pas encore fixées. Le projet de loi précise en effet qu'un an est donné aux agrégateurs afin de négocier les montants avec les organismes de gestion de droits. Une agence administrative entérinera cet accord. En cas d'échec d'ici l'an prochain, l'agence fixera elle-même les conditions financières. Un moyen de mettre la presse sur les sites concernés et en particulier Google. Ce dernier, à l'instar de la France et de la Belgique, pourrait même être tenté de trouver un autre type d'accord afin d'enterrer la hache de guerre.

De « l'opt-in » en Allemagne, un accord financier en France

Rappelons qu'en Allemagne, Google Actualités s'était adapté à la loi en mettant en place un système de confirmation demandant aux sites et éditeurs germaniques s'ils veulent être affichés sur son service, ceci en consentant de ne recevoir aucune compensation financière. Une première mondiale pour ce service, qui pourrait bien être répétée en Espagne si la loi devait être adoptée.

 

En France et en Belgique, aucune loi n'a été votée. 60 millions d'euros ont été mis sur la table par Google dans l'Hexagone, avec en sus des partenariats publicitaires et de services spécifiques, liés à des accords secrets. Outre-Quiévrain, la somme négociée n'est pas connue, mais là encore, des partenariats entre éditeurs et Google ont été signés. Le moteur de recherche a ainsi fait une pierre deux coups en calmant les esprits tout renforçant ses services auprès des éditeurs locaux.

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