L’éducation au numérique succèdera-t-elle à l’illettrisme en tant que « grande cause nationale » française ? C’est en tout cas l’objectif d’un collectif réunissant des acteurs publics et privés, lequel a aujourd'hui mis sur la table cinq propositions pour donner de l’élan à sa candidature. L'objectif est d'obtenir ce label décerné par le Premier ministre, et au travers duquel la cause en question bénéficie d'un avantageux soutien politique et médiatique.
Faire de l’éducation au numérique la « grande cause nationale » de l’année 2014. Voilà le leitmotiv ayant guidé les discussions menées depuis plusieurs mois par un collectif rassemblant une quarantaine d’associations (UFC-Que Choisir, Internet Society...), d’institutions telles que la CNIL ou le Conseil de l’Europe, d’organisations professionnelles (Fédération française des télécoms...), des acteurs du monde de l’éducation (EducaVox, INRIA...) mais aussi des syndicats (MEDEF et Force ouvrière). Aujourd’hui, l’ensemble de ces acteurs a officiellement lancé sa candidature afin d’obtenir ce label décerné par le Premier ministre depuis 1977. À la clé, outre une reconnaissance politique, la possibilité de diffuser gratuitement des spots sur les ondes et antennes de France Télévisions et Radio France.
Le collectif lance sa candidature
« Notre société est entrée dans le monde numérique et celui-ci offre des opportunités formidables : accès des individus à l’information et la connaissance, interactivité entre l’État et les citoyens, simplification des services, levier de compétitivité pour les entreprises, etc. » commence par expliquer le collectif. « Pourtant, s’il fait aujourd’hui partie de notre quotidien, le numérique reste encore relativement opaque. Cette méconnaissance fragilise le développement du numérique en France, voire alimente parfois une forme de réticence pour certains. L’écart se creuse entre ceux qui comprennent et qui exploitent pleinement le potentiel du numérique et ceux qui n’ont pas encore "franchi le pas", faute d’un accompagnement adapté ».
De ce fait, l’idée est de réunir acteurs publics et privés, afin de promouvoir une approche globale et développer « une véritable pédagogie du numérique pour permettre à chacun d’entre nous de devenir un citoyen numérique informé et responsable, capable de profiter des potentialités de cet univers et d’y exercer de manière effective ses droits et devoirs ». Selon le collectif, cet élan à destination de tous passe « par une maîtrise technique des outils à tous les âges mais aussi par une appropriation des valeurs collectives adaptées à la vie numérique ». Autrement dit, il ne s’agit pas de cibler uniquement l’éducation au numérique des plus jeunes, notamment grâce à l’école.
L'initiative prend son élan
Cinq propositions, présentées comme ayant vocation à être déclinées et enrichies par la suite, sont mises sur la table par le collectif :
- Lancer un événement d’envergure nationale sur l’éducation au numérique,
- Créer une plateforme collaborative de contenus disponibles en ligne gratuitement,
- Réaliser et diffuser des formats courts en partenariat avec France Télévisions,
- Créer des modules d’éducation au numérique destinés aux enfants de 6-12 ans,
- Lancer des actions de sensibilisation au numérique à destination des entrepreneurs.
Pour l’heure, l’initiative peut se prévaloir du soutien de personnalités réputées dans le domaine du numérique, avec notamment les députés socialistes Christian Paul et Corinne Erhel, ou des UMP Laure de la Raudière et Lionel Tardy. Gilles Babinet, « Digital Champion » de la France et ancien président du Conseil national du numérique, a également apporté son soutien au projet.
Le choix du Premier ministre pourrait être connu en mars 2014
Si la candidature du collectif est officiellement lancée, Matignon n’émet d’habitude son appel à candidature que vers la fin du mois de novembre. La date limite pour déposer les dossiers est d’ailleurs fixée à la mi-janvier de l'année d'attribution du label. Cette année, il a ainsi annoncé avoir choisi l'illettrisme comme grande cause nationale le 1er mars 2013.
Mais quelles sont les chances du collectif d'obtenir les faveurs du chef du gouvernement ? En observant l’historique des « grandes causes nationales » choisies jusqu’ici par le Premier ministre, l’on remarque que celles-ci étaient avant tout tournées vers des maladies : lutte contre le cancer, le sida, la maladie d’Alzheimer... Mais depuis quelques années, les fléaux sociaux ont également retenu l’attention de Matignon : esprit civique, prévention routière, l'engagement associatif, illettrisme... Suspense jusqu'à l'année prochaine !