Oliver Roussat, le PDG de Bouygues Telecom, était hier soir l'invité de nos confrères de La Chaine Techno / 01Net. Il y a été question d'internet mobile, du très haut débit sur le fixe et des problématiques liées à l'installation de la fibre. Le dirigeant précisait alors que son équipe poussait une technologie assez peu connue pour le moment : G.Fast. Voyons ce qu'il en est exactement.
Depuis quelques semaines, les opérateurs se livrent une bataille sur le roaming, chacun y allant d'une manière différente. Free Mobile préfère découper ses annonces pays par pays, Bouygues Telecom frappe fort avec l'ensemble de l'Europe, les DOM et la Suisse d'un seul coup, Orange se limite trop souvent à l'internet mobile et SFR dévoile pour sa part une offre à part et en édition limitée.
De plus, Bouygues Telecom et SFR ont récemment annoncé la mise en commun d'une partie de leur réseau. C'est dans le cadre de ce marché tendu qu'Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom, était hier soir l'invité de La Chaine Techno / 01Net. Il n'aura par contre rien dévoilé de plus par rapport à ce qui avait déjà été annoncé pour ce qui est de la mutualisation.
Le client rêve de data illimité en 4G ? « Il a raison de rêver »
Interrogé sur la couverture 4G, l'homme indique ne pas avoir de nouveaux chiffres à communiquer, mais précise tout de même que des centaines de sites ont été ouverts depuis le 1er octobre, ce qui est d'ailleurs confirmé par les relevés de l'ANFR. Pour rappel, Orange est à 50 % depuis le début de l'année, alors que SFR est à 40 %. Le PDG en profite pour rappeler que certaines zones frontalières ne sont pas éligibles au refarming de la bande des 1800 MHz : Lille, Strasbourg, Nice et le BAB (Bayonne, Anglet et Biarritz). Il faudra donc bien dire adieu à la 4G sur iPhone 5 dans ces zones.
Vient ensuite un sujet d'actualité sur la quantité de données incluse dans les offres de Bouygues Telecom avec une problématique simple : « Steve rêve d'un forfait 4G avec de la data illimité ». La réponse du dirigeant est sans appel : « il a raison de rêver ». Olivier Roussat évoque alors « une capacité qui est limitée par son nombre de fréquences ». Cela ne l'empêche pas de procéder à des tests grandeurs nature en proposant des week-ends de surf illimité et non décompté du « Fair use », mais sans chercher à aller plus loin.
Le problème avec la fibre, c'est qu'il faut percer des trous. G.Fast arrive à la rescousse
Mais la partie la plus intéressante concernant la fin de l'interview où il a été brièvement question du déploiement de la fibre optique. Le PDG annonce avoir déjà investi plus de 400 millions d'euros pour n'avoir que « quelques milliers de clients ».
Selon ce dernier, le vrai frein à la fibre optique dans certaines zones a une explication très simple : « c'est le fait que quand vous arrivez avec un perforateur de 30 cm et que vous dites à la personne qui ouvre "bon alors je la fais passer où la fibre" ? » Un point problématique pour les locataires ainsi que pour ceux qui viennent de rénover leur habitation... mais pas pour les geeks qui diraient probablement oui dans la seconde. Olivier Roussat précise alors que « c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on pousse une nouvelle technologie qui s'appelle G.Fast qui nous permettrait de réutiliser le cuivre ». Le but étant alors d'amener la fibre au plus près puis de terminer avec une paire de cuivre et ainsi éviter de devoir effectuer des travaux.
Cette technologie, qui n'est pour autant pas attendue avant 2015 - 2016, est une évolution du VDSL2 qui permet d'obtenir des débits encore plus élevés (plus de 1 Gb/s), mais sur des lignes toujours plus courtes (quelques dizaines de mètres seulement). Pour rappel, le VDSL2 ne permet généralement pas de dépasser les 100 Mb/s.
FttDP : le groupe de travail de l'ARCEP est sceptique, mais poursuit ses travaux
Hasard du calendrier, l'ARCEP vient justement de publier sa synthèse des échanges du groupe de travail sur le FttDP (Fiber to the Distribution Point). Le résultat n'est pas spécialement positif puisque la conclusion indique qu'« il ressort de ces échanges prospectifs que, du point de vue du groupe de travail, l’intérêt du FttDP, dans le contexte du marché français, n’est pas avéré à ce stade. Pour le groupe, la réflexion sur le FttDP mérite d’être approfondie et passe par une phase d’expérimentation en situation réelle dès 2014, préférentiellement dans une configuration monoligne ».
L'Autorité précise néanmoins que « sans préjuger de l’intérêt de la solution FttDP, l’ARCEP prévoit de poursuivre ses travaux et de mener une réflexion plus approfondie sur les possibilités d’intégration du FttDP au cadre réglementaire symétrique des réseaux en fibre jusqu’à l’abonné ainsi que sur la tarification de l’accès au segment terminal en cuivre, paramètre déterminant de l’équation économique du FttDP ». Un dossier à suivre de près.
Vous retrouverez ci-dessous l'intégralité de l'intervention d'Olivier Roussat :