D'après les dernières données dévoilées par Médiamétrie/NetRatings, YouTube est plus que jamais le leader incontesté du marché de la vidéo en ligne, largement devant Dailymotion. Pire encore, l'écart se creuse entre l'Américain et le Français.
Dailymotion, un nain face à YouTube
Avec quasi 27 millions de visiteurs uniques en décembre dernier, pour plus de 1,4 milliard de vidéos vues sur le mois, soit près de 67 millions d'heures de visionnages, YouTube est bien le numéro un de la vidéo en France. Dailymotion, son principal concurrent, affiche ainsi un nombre de vidéonautes trois fois inférieur, pour un nombre de vidéos vues neuf fois plus petit, et un temps passé près de onze fois inférieur.
Un écart gigantesque qui s'est de plus creusé. En effet, en octobre dernier, l'institut indiquait que YouTube avait atiré 25,828 millions de visiteurs uniques, contre 9,368 millions pour Dailymotion. L'Américain a donc vu son audience croître de 1,2 million de visiteurs uniques, tandis que le Français est en régression, perdant un peu moins de 300 000 vidéonautes.
« Les chiffres de Médiamétrie ne cessent de faire débat en France »
Ces données sont toutefois contestées par Dailymotion. La société parisienne nous confiait ainsi en octobre qu'elle ne prenait guère en considération les chiffres de l'institut. « Les chiffres de Médiamétrie ne cessent de faire débat en France (y compris au sein des médias dits "traditionnels"). Nous préférons nous référer à ComScore, mesure d’audience suivie par tous les acteurs à l'international » nous indiquait ainsi Giuseppe de Martino, le secrétaire général de la filiale d'Orange.
Il faut dire que comScore publie des chiffres bien plus en faveur de Dalymotion. Le site cumulerait ainsi 14,66 millions de visiteurs uniques au mois d'août, soit plusieurs millions de plus que les données publiées par Médiamétrie. « Le différentiel parle de lui-même. En outre notre audience en France - telle que mesurée par nos propres serveurs, donc en direct - progresse sans discontinuer » rajoutait de Martino.
Rappelons que Médiamétrie essuie des critiques importantes depuis plusieurs années, notamment de la part des grands journaux. Outre son importance en France qui fait de l'institut un incontournable, certains sites pointent du doigt les différences importantes entre les données de Médiamétrie et celles qu'ils constatent sur leurs serveurs, avec parfois des rapports entre 1 et 4. Eric Leser, ancien journaliste au Monde et directeur de Slate.fr, indiquait par exemple qu'il est possible pour un site de fausser ses audiences en organisant des jeux concours ciblant les emails des 25 000 membres du panel de Médiamétrie.
Notons aussi que Giuseppe de Martino publiait l'an passé un article très critique sur la formation des actionnaires de Médiamétrie. 35 % sont ainsi des chaînes de télévision, autant sont des publicitaires, et 27 % sont des radios. Si cela n'oppose pas Dailymotion à YouTube, cela confonte toutefois internet et les autres médias, « jetant volontairement le discrédit sur le numérique pour préserver les murailles des télés qui s’effondrent comme à Jéricho ? ». « Ne voyons pas le mal partout s’il vous plait. Mais le jour où l’actionnariat correspondra aux usages, on se sentira mieux, promis. »
Enfin, selon Médiamétrie, 35,5 millions d’internautes en France ont regardé au moins une vidéo sur Internet en décembre dernier, soit plus de 75 % des internautes. Cela représente tout de même une moyenne de 72 vidéos vues par mois et par personne, plus de 4 heures et 18 minutes. Une goutte d'eau face à la télévision, mais ces statistiques ne cessent de grimper.