Accusée de censure en Chine, Microsoft se défend et parle d'erreur

La Grande Muraille de Chine, nouvelle saveur

Microsoft s’est retrouvé sous le coup d’une importante suspicion d’atteinte à la liberté d’expression en Chine. Le moteur de recherche Bing a en effet été accusé de masquer automatiquement certains résultats. La firme américaine, silencieuse au début, a fini par expliquer qu’il s’agissait d’une erreur technique. Une explication qui ne satisfait pas tout le monde.

bing chine

Un contexte spécifique 

Microsoft, comme un grand nombre de sociétés dans le monde, cherche à s’implanter efficacement et durablement en Chine. Puisqu’il s’agit avant tout de services en ligne, l’éditeur n’a pas le choix : il doit se plier aux lois chinoises, particulièrement strictes en matière de contrôle de l’information. Le pays tout entier est d’ailleurs situé derrière une immense barrière que l’on appelle communément le « Grand Pare-feu de Chine » (Great Firewall of China), en référence bien sûr à la Grande Muraille de Chine.

 

Une mouvance s’est d’ailleurs créée ces dernières années pour lutter contre ce phénomène de verrouillage de l’information. Nommée GreatFire, il s’agit d’un regroupement d’anonymes qui protègent leurs identités afin de pouvoir poursuivre leurs opérations qui consistent pour la plupart à accumuler des informations sur le Grand Pare-feu. L’objectif est de comparer l’information telle qu’elle apparaît en Chine et celle qui sera lue dans un autre pays. C’est justement là qu’intervient la polémique qui concerne Microsoft.

Des résultats différents de Google depuis Singapour 

GreatFire s’est penché sur les résultats du moteur de recherche Bing et a remarqué plusieurs irrégularités.

 

bing chine bing chine

 

Les deux captures permettent de se rendre compte d’un écart notable entre les résultats de Bing et Google dans leurs versions à Singapour. Google montre bien que la recherche donne directement accès à la page d’accueil de FreeWeibo, qui permet d’afficher en clair le contenu censuré sur Sina Weibo, une plateforme de micro-blogging façon Twitter. Or, chez Bing il n’est pas question de page d’accueil mais directement d’un lien vers l’outil Decrypt Weibo. Or, le contenu censuré se trouve bien sur la page d’accueil.

Ne pas froisser la Chine ? 

GreatFire indique cependant avoir réfléchi à la possibilité d’un problème technique. En effet, rien ne force Microsoft à appliquer dans Singapour des règles qui auraient été mises en place en Chine. L’explication du groupe semble logique : « La Chine a une longue histoire de censure de l’information qui pourrait être dommageable pour l’État. Le pays comprend également les mesures que les entreprises souhaitent prendre pour réaliser des profits en Chine. Il est probable que ces deux facteurs aient mené le gouvernement chinois à demander à Microsoft d’intégrer leurs tactiques de censure en dehors du pays ».

 

La question de savoir pourquoi la Chine aurait demandé à Microsoft d’étendre les règles de censure en dehors de son territoire n’est toutefois pas claire. Or, après plusieurs jours de silence, Microsoft est justement sortie de sa réserve. La firme a fini par indiquer qu’il s’agissait d’un problème technique.

Une simple erreur technique selon Microsoft 

Stefan Weitz, chef produit pour Bing, a ainsi expliqué à The Next Web qu’une enquête avait été menée. Selon les résultats, il apparaît que la page d’accueil de Freeweibo.com avait été éjectée des résultats à cause de l’apposition d’un marqueur « Mauvaise qualité ou pour adultes » qui n’aurait pas dû se trouver là. Dans le communiqué envoyé à nos confrères, Microsoft précise bien que « Bing n’applique pas les requis légaux de la Chine aux recherches conduites en dehors de la Chine ». La firme rappelle en outre qu’elle est membre de la Global Network Initiative, ce qui implique un suivi strict de certaines règles et une réflexion sur chaque demande de censure faite par un gouvernement.

GreatFire contre-attaque : il s'agit d'une intention délibérée 

Mais GreatFire n’est clairement pas d’accord avec les explications données par Microsoft. Dans un billet venant tout juste d’être publié sur son blog, le groupe indique que des essais menés et confirmés par The Guardian ont montré qu’il s’agissait d’une réelle intention de censure. Premièrement, l’argument du « marqueur » ne tient par la route, et ce pour une raison simple : le filtrage « safe » avait été désactivé, ce qui devrait donc laisser en place tous les contenus considérés comme « adultes ». Pour GreatFire, l’argument de la « mauvaise qualité » ne tient pas non plus la route car le site est très souvent cité par de grands médias et dispose d’un « page rank » de 5/10 chez Google. Par comparaison, The Guardian dispose d’un score de 7/10.

 

D’autre part, des recherches portant sur des termes et des noms particulièrement censurés en Chine ont montré une véritable différence de traitement, notamment sur des personnages comme le Dalai Lama ou encore Bo Xilai, un ancien membre du gouvernement chinois emprisonné à vie pour corruption. Les résultats de Bing évitent par exemple tous les articles publiés par des sources occidentales, ce qui n’est pas le cas dans Google.

 

Pour GreatFire, Microsoft ternit son image en acceptant toutes les règles et en les étendant au-delà du territoire chinois. Le groupe estime que la firme a l’opportunité de se dresser contre une censure étouffante. Ces informations ont en outre été envoyées à Microsoft avant que le billet ne soit publié sur le blog. Une nouvelle réponse du géant américain est donc à attendre.

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