Dès la fin mars, la SNCF proposera du Wi-Fi gratuit dans les gares de Lille Flandres et d'Avignon TGV. Par la suite, ce service sera déployé dans pas moins de 128 gares d'ici à février 2015. Nous avons pu nous entretenir avec Rachel Picard, la directrice générale de « Gares & Connexions » afin d'en savoir plus.
Le Wi-Fi librement accessible dans les gares TGV est l'une des arlésiennes de la SNCF. Mais les choses changent et se sont accélérées ces derniers mois, notamment lors d'un déplacement à Montparnasse de Fleur Pellerin (ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Innovation et de l'Economie numérique) et de Frédéric Cuvillier (ministre chargé des Transports). C'était en juillet dernier et il s'agissait de mettre en marche le projet « Gares digitales ».
Wi-Fi gratuit : 128 gares d'ici 2015, Lille Flandres et Avignon dans moins de deux mois
Via son pôle « Gares & Connexions », la SNCF annonce aujourd'hui avoir bouclé son appel d'offres. Elle a sélectionné les services de Nomosphere pour la mise en place du Wi-Fi qui sera proposé gratuitement dans pas moins de 128 gares d'ici février 2015. Cette société prendra notamment en charge la mise en place des bornes, sera responsable des choix techniques et s'engage auprès de la SNCF sur une qualité de service minimum.
Bien évidemment, cela se fera en plusieurs étapes. Les deux premiers secteurs concernés étant Lille Flandres et Avignon TGV dès la fin du mois de mars, tandis qu'une quarantaine d'autres gares en profiteront d'ici le mois de juin. Rachel Picard, la directrice générale de « Gares & Connexions », a néanmoins pu nous apprendre un peu plus lors d'un récent entretien.
Gratuit... mais financé avec une publicité vidéo de 15 à 20 secondes
Tout d'abord, le modèle économique retenu est celui du Wi-Fi gratuit financé par la publicité : avant d'accéder à internet, il faudra donc s'identifier sur un portail commun à toutes les gares, et regarder une vidéo de 15 à 20 secondes. Ce visionnage n'est nécessaire qu'une seule fois par session, vous pouvez ensuite surfer plusieurs heures si vous le désirez. Une procédure de micro-paiement publicitaire qui a tendance à se répandre pour remplacer les achats à l'acte d'un petit montant.
Concernant les détails pratiques, sachez qu'il ne sera pour le moment pas possible de couper la publicité au bout de quelques secondes, comme c'est le cas sur YouTube par exemple. Mais il nous a été confirmé que cela pourrait évoluer dans les prochaines semaines en fonction des retours des utilisateurs, ainsi que des revenus générés. Nous avons bien entendu posé la question du ciblage des publicités. En effet, le fait de disposer d'un compte, et de surfer via une connexion gérée par la SNCF, permet de repérer les habitudes des utilisateurs et donc de proposer des publicités de manière plus adaptée à chacun, et donc plus chère.
Et comme l'on pouvait s'y attendre, cela pourra bien entendu être au programme. Notre interlocuteur nous a ainsi répondu que cela était une possibilité à tester, et que, de manière générale, la société ne laisse pour le moment aucune piste de côté.
512 kb/s sans VPN et P2P pour l'offre de base, un service Premium sera de la partie
Du côté de l'accès à internet, il est question de Wi-Fi 802.11ac avec un débit moyen d'environ 512 kb/s pour chaque utilisateur. Néanmoins, certaines restrictions sont de la partie, notamment du côté du P2P et des VPN qui ne seront pas utilisables. Un point regrettable dans ce second cas, notamment sur un Wi-Fi public. Mais les téléchargements directs ainsi que la VoIP seront, eux, bien heureusement autorisés.
À terme, la SNCF nous indique néanmoins qu'elle proposera également un accès Premium sans aucune restriction et avec un débit garanti de 2 Mb/s cette fois-ci. Le modèle économique de cette offre n'est pas encore complètement finalisé et plusieurs pistes sont encore étudiées : paiement à l'acte, abonnement mensuel ou encore partenariat avec des boutiques et restaurants implantés dans la gare. Ce service Premium pourrait également être accessible sans surcoût depuis un salon Grand Voyageur par exemple.
En plus de l'offre gratuite et du Premium, Nomosphere aura la charge de mettre en place un troisième réseau Wi-Fi, mais uniquement réservé aux cheminots de la SNCF. En plus de capter dans des zones où la 3G / 4G ne passent pas forcément très bien, ces derniers disposeront d'une bande passante dédiée afin de ne pas interférer avec le reste du réseau.
De la fibre optique dans 40 % des cas, du cuivre pour les autres gares
Afin de tenir la charge, on nous précise que dans 40 % des cas, de la fibre optique sera déployée jusqu'à la gare. Cela sera évidemment le cas des plus grosses comme Paris, Bordeaux, Marseille pour ne citer qu'elles. Pour les autres, cela passera par le cuivre avec de l'ADSL2+ / VDSL2. Notez que la collecte se fera sur le réseau de SFR.
Quoi qu'il en soit, proposer du Wi-Fi gratuit aux usagers n'est que la partie visible de l'iceberg, la SNCF compte bien faire entrer ses gares dans le numérique. Les services déployés à Montparnasse donnent par exemple un avant-goût de ce qui pourrait exister, mais les choses pourraient aller plus loin. En effet, la société imagine déjà proposer des informations personnalisées à ses utilisateurs en fonction de leur emplacement dans la gare par exemple, via une géolocalisation suivant le point d'accès Wi-Fi de connexion. Cela peut être un itinéraire pour rejoindre un quai ou bien une remise valable dans une boutique à proximité, de quoi compléter l'application Gares 360° par exemple. Des objets connectés (écrans, bornes d'informations, etc.) pourraient également tirer parti du Wi-Fi présent partout dans la gare afin d'être présents partout et plus uniquement à des endroits où une liaison internet est disponible.
Au final, pour la SNCF il s'agit donc de proposer un service gratuit à ses clients, contre publicité, mais également de faire entrer les gares de plain-pied dans le numérique... il était temps en 2014.