Antitrust : les concessions de Google plaisent à l'UE, moins aux concurrents

Qui perd gagne ?

Conformément à l'annonce de Reuters, la Commission européenne a obtenu de bien meilleures propositions de la part de Google selon son point de vue. Ce dernier a notamment garanti que pour chaque promotion de ses propres services sur son moteur de recherche, trois services rivaux seront aussi mis en avant. Une avancée non négligeable, mais qui soulève de nombreux questionnements.

 Google propositions Europe 

 

En guerre depuis plus de trois ans avec la Commission européenne suite à des plaintes de certains concurrents, Google est accusé d'abus de position dominante. L'un des griefs majeurs est la mise en avant de ses autres services sur son moteur de recherche. Fort d'une part de marché supérieur à 90 % en Europe dans le secteur de la recherche en ligne, le géant américain exploiterait cette situation enviable en avantageant ses autres services (shopping, etc.) selon la Commission, ce qui peut être considéré comme une forme d'abus.

 

Depuis plusieurs années maintenant, Google et Bruxelles négocient donc, avec divers pas en avant et en arrière. Néanmoins, Joaquin Almunia, le commissaire européen à la Concurrence, n'a pas caché en décembre dernier son agacement et qu'il comptait sévir si l'Américain ne faisait pas plus de concession : « la dernière proposition telle qu'elle a été présentée par Google en octobre (...) n'est pas acceptable dans le sens où elle n'apaise pas nos inquiétudes par rapport à la concurrence ».

Des propositions où Google ne perd pas toujours au change

Un terrain d'entente a toutefois été trouvé, ce qui devrait permettre à Google d'éviter une lourde amende de plusieurs milliards d'euros. Quelles sont ces concessions concrètement ? Quatre propositions majeures sont à noter :

  • Google supprimera ses exigences d'exclusivité dans ses accords avec les éditeurs lors de la fourniture de publicités dans son moteur de recherche, point qui était vivement critiqué par la Commission.

  • Google supprimera la clause qui empêchait les campagnes de publicité présentes sur son moteur de recherche d'être utilisées par les plateformes de publicité des moteurs de recherche concurrents.

  • Google fournira aux fournisseurs de contenu une option de retrait de leurs contenus dans ses services de recherche.

  • Trois services concurrents seront mis en avant à égalité avec ses propres services.

Ce dernier point est très intéressant et des exemples concrets ont même été fournis par Google afin de monter l'évolution.

 

Google concessions Google concessions

Tous les produits issus de Google Shopping avant, avec les produits de la concurrence après 

 

Ce changement important mérite toutefois explications. Tout d'abord, il est dit que les services concurrents seront « sélectionnés par une méthode objective », ce qui n'est guère précis. Ensuite, il est noté que les concurrents « auront le contrôle de la façon dont ils veulent présenter leurs offres ainsi que leur modèle d'affaires ». Et surtout, Google promet une égalité de traitement d'un point de vue tarifaire. Cela signifie donc que s'il ne facture pas l'intégration des liens dans son service de recherche spécialisé, les concurrents ne seront pas non plus facturés. Les trois sociétés rivales de Google qui seront affichées le seront parmi une sélection de concurrents, ceci à l'aide de l'algorithme de recherche web « normal » de Google.

Cela signifie donc aussi que dans les cas où Google facture l'intégration dans son service de recherche spécialisé (type Shopping), les trois concurrents mis en avant ne seront pas choisis au hasard via un simple algorithme, mais « sur la base d'un mécanisme d'enchères dédié ». Des enchères qui profiteront bien évidemment à Google, cela va sans dire. Une telle proposition ne manquera pas de faire couler beaucoup d'encre.

« Pires que de ne rien faire »

Justement, les concurrents de Google, dont certains sont à l'origine de l'enquête de la Commission européenne, n'ont pas caché leur irritation face à toutes ces propositions. L'ICOMP, qui représente de nombreuses sociétés présentes sur Internet (dont Microsoft et Mappy), a ainsi expliqué hier que cet accord n'avait pas encore été examiné par un tiers et que cette situation était hautement dommageable. Le groupe de lobbying demande ainsi du temps afin d'évaluer techniquement l'efficacité de ces propositions. L'ICOMP dit craindre que sans avis extérieur, Joaquin Almunia se fera manipuler par Google. Il « implore » ainsi le commissaire de lui permettre d'analyser les concessions de Google.

 

L'organisation FairSearch va pour sa part encore plus loin en déclarant que les propositions de l'Américain étaient  « pires que de ne rien faire ». Le groupe est sur la même longueur d'onde que l'ICOMP et critique le fait qu'aucun avis extérieur n'ait encore été donné. « FairSearch Europe a besoin d'examiner ces propositions en détail, mais notre préoccupation est que les engagements proposés entérinent les discriminations et augmentent les coûts des concurrents au lieu de résoudre le problème des pratiques anticoncurrentielles de Google. »

 

Quant à la BEUC, qui regroupe les associations de défense des consommateurs en Europe, elle a déclaré au micro de l'AFP que la Commission avait « raté, de loin, l’objectif d’assurer un choix juste pour les consommateurs ». Enfin, l'ENPA, autre association européenne qui représente cette fois les éditeurs de presse, a estimé que les propositions de Google « ne mettaient pas fin à la promotion de ses propres services, mais auraient pour résultat de les rendre légaux ».

 

La Commission européenne n'a pas encore pris une décision finale face à ces propositions, et les plaignants pourront donc faire connaître leurs positions lors des prochaines semaines. Néanmoins, tout porte à croire que les concessions ci-dessus seront appliquées. L'avis définitif de la commission ne sera connu que d'ici plusieurs mois selon Bruxelles. Un représentant de la commission a toutefois reconnu qu'un changement de position est peu probable. Une entité indépendante, nommée par la Commission, aura alors pour rôle de vérifier le respect des engagements de Google. Ces engagements devront d'ailleurs être appliqués durant cinq ans minimum.

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