Tarantino attaque le site Gawker pour avoir relayé une fuite d'un scénario

À défaut de faire couler le sang

Quentin Tarantino, réalisateur que l'on ne présente plus, poursuit Gawker.com (la plainte). Le réalisateur de Pulp Fiction reproche au site d'avoir relayé la fuite du scénario complet de « The Hateful Eight ». Gawker n'est pourtant pas à l'origine de cette divulguation.

Photo de Steve Rhodes (CC BY-NC-SA 2.0)

« La publication des liens est une partie routinière et banale de notre travail »

Peu cité dans nos colonnes, le site Gawker est particulièrement connu outre-Atlantique, et des sites majeurs comme Gizmodo et Kotaku font partie de son groupe. La semaine dernière, le site Deadline, spécialisé dans l'actualité du cinéma, annonçait que Tarantino abandonnait son projet suite à des fuites du script de son futur film « The Hateful Eight », la faute à un agent d'un acteur proche du réalisateur, alors que le script n'avait initialement circulé qu'aux mains de six personnes. Quelques jours plus tard, Gawker publia des liens vers Anonfiles et Scribd, où l'on pouvait lire 146 pages rédigées sur le film. Les liens ont été retirés depuis, mais il est certainement aisé de les retrouver ailleurs.

 

Hier, Gawker a donc annoncé être poursuivi par Quentin Tarantino, tout simplement pour avoir publié deux liens vers les scripts de sa future œuvre. Le site précise bien qu'il n'est en aucun cas à l'origine de la fuite et que le réalisateur avait annoncé l'abandon de son projet suite aux premières fuites, avant même la diffusion des documents sur Anonfiles et Scribd. Gawker rajoute pour sa défense que Tarantino lui-même a déclaré qu'il ne voyait pas d'inconvénient à ce que les gens publient et analysent son travail.

 

Concrètement, le site est poursuivi pour avoir contribué à une atteinte au droit d'auteur via la publication de liens violant directement le droit d'auteur. « Nous ne sommes pas poursuivis pour la publication d'informations sous copyright » commentent ainsi les auteurs de Gawker. Ce dernier explique d'ailleurs que s'il a décidé de publier les fameux liens, c'est pour la simple et bonne raison qu'il s'agissait à son goût d'une actualité. « La publication des liens est une partie routinière et banale de notre travail, » c'est-à-dire renseigner les gens sur ce qui les intéressent, tout simplement.

 

Le site se dit d'ailleurs confiant vis-à-vis de cette plainte, dès lors que selon le rédacteur en chef de Gawker, aucune demande de contrefaçon n'a jamais prévalu aux États-Unis sur la publication d'une information.

Plusieurs cas semblables en France

En France, lors d'un cas légèrement différent toutefois, on se rappellera de la fameuse affaire Fuzz.com il y a six ans de cela, en mars 2008. Le site avait eu le malheur de publier tout simplement un lien vers un blog people, ce qui avait poussé l'avocat d'Olivier Martinez à faire feu. Une assignation en justice avait donc été envoyée à Éric Dupin, le fondateur de Fuzz, jugé responsable de ces faits. Une méthode qui avait choqué à l'époque, alors qu'une simple demande de retrait envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception aurait largement suffi pour lancer l'alerte, ceci comme le prévoit la LCEN.

 

Un mois plus tôt, on se remémorera aussi qu'Olivier Dahan, le réalisateur de la Môme notamment, avait attaqué le site LesPipoles.com, pour avoir là encore publié un lien se dirigeant vers Gala.fr, avec un court résumé visant directement le réalisateur et une supposée relation avec Sharon Stone. L'article de Gala.fr a ensuite été retiré de la toile, mais pas le lien ni le résumé sur LesPipoles.

 

Toutes ces affaires soulèvent donc la question de la responsabilité d'un site, alors qu'il n'est pas à l'origine directe de l'information, servant ici de simple relais. Qui plus est, dans le cas de l'affaire Dahan, le site se basait sur une simple analyse automatique via flux RSS. Les auteurs de LesPipoles n'avaient donc pas un objectif précis, du fait de l'automatisation de la publication.

 

Si la publication volontaire de liens vers du contenu illégal est punie par la loi depuis de nombreuses années, et même si la simple mise en ligne de mots clés trop explicites a déjà mené à des condamnations, pour ce qui se rapporte à la presse et à du contenu plus « informatif », la question est plus complexe. Un script pourrait toutefois être jugé comme plus important qu'une simple information, ce qui pourrait peser dans la balance.

 

Au moins un million de dollars de dommages et intérêts sont demandés d'après la plainte. Bien entendu, une plainte a aussi été déposée contre les individus ayant publié le scénario sur Anonfiles et Scribd, même si leur identité est pour le moment inconnue.

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