Selon BFM Business, le groupe Numericable fait tout pour réunir une somme suffisante afin de faire une offre sérieuse à Vivendi, en vue de croquer et se marier avec SFR. Une dizaine de milliards d'euros devra être trouvée par l'opérateur et ses actionnaires, ce qui serait en bonne voie d'après notre confrère.
Faudra-t-il bientôt rajouter SFR à l'empire d'Altice ?
Entre 10 et 13 milliards d'euros sur la table
En octobre 2012, il y a plus d'un an, nous révélions en exclusivité des discussions entre Vivendi, la maison-mère de SFR, et le fonds Carlyle, à l'époque l'un des actionnaires clés de Numericable et de Completel. Depuis, de nombreux évènements se sont réalisés. Vivendi a officiellement décidé de se séparer de son opérateur fétiche et de l'introduire en bourse. Quant au câblo-opérateur, il a déjà fait ses premiers pas en bourse, a fusionné avec Completel (opérateur pour les professionnels), et a changé d'actionnaire principal. Il s'agit désormais d'Altice, un groupe luxembourgeois qui ne manque pas d'ambition.
Patrick Drahi, le patron d'Altice, dont la société vient elle aussi d'entrer en bourse, s'intéresse depuis un moment à SFR, c'est un secret de Polichinelle. Après avoir croqué des sociétés de petites ou moyennes envergures, l'homme viserait donc plus haut. Il faut dire que SFR, c'est plus de 21 millions de clients mobiles et plus de 5,2 millions de clients internet. Sa valorisation, après l'arrivée de Free Mobile, a pris du plomb dans l'aile, néanmoins, Vivendi estimait encore récemment que sa pépite pouvait encore lui rapporter environ 15 milliards d'euros.
Néanmoins, d'après BFM, Altice tente plutôt de réunir entre 10 et 13 milliards d'euros, pariant certainement sur une diminution des desiderata de Vivendi. Près des trois quarts de ce cumul pourrait se faire via un emprunt obligataire, c'est-à-dire via l'émission d'obligations achetées par des investisseurs. Selon notre confrère, plusieurs banques anglo-saxonnes seraient prêtes à financer cette part. Pour le reste, soit entre 3 et 4 milliards d'euros, la société puisera sur ses fonds propres, en partie grâce aux derniers lancements en bourse de Numericablet et d'Altice.
Reste la problématique Vincent Bolloré. Le nouvel homme fort de Vivendi et futur patron du groupe sitôt la scission avec SFR réalisée, doit en effet être convaincu. Il était déjà opposé à l'époque à un rapprochement entre SFR et Numericable, tout du moins du fait d'un échange d'actions. La nouvelle tactique opérée par Patrick Drahi pourrait toutefois convaincre le milliardaire, d'autant que l'entrée en bourse de Numericable il y a quelques mois lui permet d'avoir un poids plus important lors des négociations.
Le gouvernement pas opposé à un tel rapprochement
Enfin, du côté du gouvernement, toute idée de fusion et de rapprochement allant au-delà d'une simple mutualisation des réseaux a été rejetée pour le moment pour les opérateurs télécoms. Néanmoins, une fusion entre Numericable et SFR est nettement moins problématique aux yeux du pouvoir exécutif. Certes, Fleur Pellerin n'a pas caché en octobre 2012 que « l'État sera très attentif à l'évolution du capital de SFR. Nous ferons tout pour que cette entreprise ne finisse pas entre les mains d'actionnaires peu scrupuleux, » sans viser ici l'actionnaire du câblo-opérateur.
Elle a toutefois aussi déclaré qu'elle souhaitait « maintenir un modèle à quatre opérateurs. Un mariage entre Numericable et l'un des autres opérateurs ne serait pas un retour à un marché avec trois opérateurs, car Numericable, surtout présent dans le fixe, n'a pas exactement le même profil qu'Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, qui sont présents sur les deux marchés, fixe et mobile. »