Durant une interview donnée à la chaine allemande ARD TV, Edward Snowden a lâché quelques bombes au sujet des activités de la NSA. La principale d’entre elles concerne l’espionnage industriel : l’agence absorberait tout ce qu’elle trouve, y compris ce qui ne relève pas directement de la sécurité nationale.
Peu importe qu'il s'agisse de sécurité nationale ou pas
Alors qu’il indiquait récemment pouvoir revenir aux États-Unis si le contexte devait changer, il se pourrait bien que le lanceur d’alertes ne remette pas les pieds dans son pays avant de longues années. Il est pour rappel à l’origine déjà de la fuite de nombreux documents ayant provoqué une succession de scandales en rapport avec la surveillance américaine. Jusqu’à aboutir à l’annonce récente par le président Obama d’une réforme, finalement plus politique que concrète.
Dans une interview donnée à une chaine allemande, Snowden est cependant allé plus loin qu’il ne le fait habituellement. En effet, la plupart des informations dévoilées le sont à travers les journaux disposant de copies des documents, notamment le New York Times, le Guardian, Der Spiegel ou encore le Washington Post. Snowden lui-même répond habituellement sur ses motivations ou sur la manière dont il considère le monde dans l’avenir. Mais cette fois, il l’affirme : la NSA fait de l’espionnage industriel.
Une question d'intérêt
L’agence de sécurité américaine aspirerait sans aucune limite tout ce qui se passe à sa portée. L’essence même de son travail concerne pourtant la sécurité du territoire et elle est donc très impliquée dans la lutte anti-terroriste depuis les attentats du 11 septembre. Grâce à plusieurs lois telles que le Patriot Act et le FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), elle a la capacité de récupérer, stocker et analyser de manière légale de nombreuses données personnelles, surtout si elles appartiennent à des utilisateurs étrangers.
Dans son interview, faite depuis la Russie, Snowden explique cette aspiration aveugle des données : « S’il existe des informations chez Siemens qui peuvent bénéficier aux intérêts américains – même si cela n’a rien à voir avec la sécurité nationale – alors ils prendront l’information dans tous les cas ». L’exemple de Siemens, une entreprise allemande, n’était évidemment pas choisi au hasard, dans un pays où le scandale des écoutes du téléphone d’Angela Merkel a déjà marqué les esprits.
Snowden a cependant insisté sur le fait qu’il ne possède lui-même désormais plus aucun document. Ils ont tous été donnés à des journalistes. Conséquence, il n’a pas son mot à dire sur la manière dont les informations sont diffusées et ne connaît pas non plus le rythme de parution des articles à venir. En d’autres termes, cet aspect particulier des activités de la NSA devra attendre la publication de documents en rapport pour être décrit avec plus de précision.
Notez cependant que l'on savait déjà que la NSA ne récupérait pas seulement des informations en rapport avec la sécurité : en août dernier, les documents dérobés montraient que l'agence s'intéressait particulièrement à l'Europe, notamment ses finances, la politique étrangère ou encore le commerce international.