Alors que la société retrouve enfin des couleurs financièrement, voilà qu'elle se retrouve en 2014 en conflit avec certains de ses actionnaires. Une plainte groupée (class action) a en effet été déposée le 15 janvier dernier contre AMD. La raison ? La société a dans le passé vanté la forte demande liée à ses APU de la génération Llano, pour ensuite revoir ses prévisions de manière assez drastique. Les actionnaires ont jusqu'au 16 mars prochain pour se manifester.
L'évolution du cours de l'action AMD, actuellement à 3,41 $
D'une forte demande à une dépréciation de stocks
Les actionnaires des entreprises high-tech ne se laissent pas marcher sur les pieds ces derniers temps. Alors que l'an passé, ce sont ceux de Microsoft qui ont vu d'un très mauvais œil les ventes médiocres de ses tablettes, et en particulier ses « déclarations fausses et trompeuses sur ses performances financières et sa tablette, la Surface RT, » voilà que les actionnaires d'AMD y vont aussi de leur recours collectif.
La plainte concerne les APU de la génération Llano (voir notre analyse) et les différents discours d'Advanced Micro Devices à son sujet. Il y a deux ans, comme vous pouvez le lire dans ce document, le créateur de l'Athlon indiquait par exemple que la marge brute de son premier trimestre de l'année 2012 avait bénéficié « de la demande plus forte que prévue pour certains produits Llano à 32 nm, en particulier dans les marchés émergents ». Une analyse qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et a suscité une certaine excitation chez certains investisseurs, même si l'action d'AMD n'a guère augmenté lors de cette période.
Seul problème, et il est de taille, quelques mois plus tard, les déclarations de la société étaient bien différentes. AMD annonça ainsi la méforme de ses ventes, principalement en Europe et en Chine. En octobre de cette même année, les problèmes de ventes liés au Llano ont clairement été identifiés, la société californienne déclarant que la marge brute de son troisième trimestre a été diminuée du fait d'une dépréciation des stocks d'environ 100 millions de dollars, « principalement de la première génération de la série d'APU Llano ».
La firme précisait à l'époque que la demande était plus faible que prévue, contribuant ainsi à une baisse des prix de vente moyens pour ses microprocesseurs. Ces propos ont été confirmés lors de son bilan 2012, indiquant que sa marge brute a été « négativement influencée » par la dépréciation de son stock, en grande partie due à « la baisse de la demande prévue pour certains produits, principalement de nos produits Llano ». Une conclusion qui a passablement irrité certains actionnaires.
De mauvaises anticipations ou de fausses déclarations ?
Or, même si tout n'est pas à imputer aux mauvaises prévisions d'AMD et à la baisse de ses marges (remontées depuis grâce aux consoles), l'action d'AMD, déjà faible à l'époque, a fortement régressé depuis. Lors de son annonce du mois de juillet, elle prit une première claque, perdant plus d'un quart de sa valeur. Il en fut de même au mois d'octobre. Résultat, entre avril 2012 et avril 2013, elle a vu sa valeur se diviser par trois.
La plainte des actionnaires vise précisément comme période celle du 27 octobre 2011 au 18 octobre 2012, ce qui correspond aux publications de cinq bilans trimestriels. Les plaignants tiennent ainsi à mettre en avant l'évolution des déclarations des dirigeants d'AMD, très positifs dans un premier temps en faveur du Llano, ceci afin de maintenir l'action à un bon niveau, avant de se dégrader petit à petit ensuite. Car c'est bien ce qui est critiqué ici : non pas les méventes de la firme, mais ses problèmes de communication et ses changements trop importants de prévisions, ainsi que la chute de ses marges et donc de ses résultats nets qui aurait pu être évoquée plus clairement et plus en amont.
Les auteurs de la Class action estiment donc que les dirigeants d'AMD ont violé la loi, ont fait de fausses déclarations et ont artificiellement fait grimper le prix de leur action. Réparation est donc demandée. C'est maintenant à la justice de trancher, et l'on devrait savoir dans les mois à venir si l'équipe de Rory Read, en place depuis août 2011, a effectivement été trop loin.