Edward Snowden n'est pas contre l'idée de rentrer aux États-Unis

Le FBI non plus

Dans une session de questions et réponses qui s’est tenue hier soir, Edward Snowden ne s’interdit pas un potentiel retour aux États-Unis. Rebondissant sur la publication d’un rapport particulièrement critique sur la surveillance américaine, il renouvelle sa position sur le monde de la sécurité et sur la suite des évènements.

nsa prism edward snowden

Crédits : Mike Herbst, licence Creative Commons

Un exil qui ne durera peut-être pas toujours... 

Edward Snowden, depuis les premières révélations issues des documents qu’il a dérobés, est activement recherché par les États-Unis. Depuis qu’il est en asile politique en Russie, le pays ronge littéralement son frein en attendant de pouvoir le faire revenir. La situation pourra d’ailleurs évoluer lorsque l’asile temporaire prendra fin durant l’été prochain. À moins évidemment que la Russie n’enchaine sur une nouvelle période, voire un asile permanent, ou que Snowden trouve une solution plus durable.

 

Le statut précaire du lanceur d’alertes tient à la vaste polémique mondiale qu’il a déclenchée sur le caractère particulièrement intrusif de la surveillance des données par les gouvernements, et en tout premier par les États-Unis. Métadonnées téléphoniques, données personnelles, surveillance active des évènements sur les services en ligne, affaiblissement volontaire de certains standards de sécurité : la NSA semble partout et a bien du mal à garder une image de barrière nécessaire de sécurité.

... mais qui nécessitera une modification des lois 

La publication hier d’un rapport virulent par le Privacy and Civil Liberties Oversight Board, organe consultatif indépendant, alimente le débat, tant les conclusions sont tranchées : le pays doit tout simplement arrêter son programme de collecte des métadonnées. Non seulement il ne permet pas une lutte antiterroriste plus efficace mais il met en danger la vie privée et les libertés civiles des résidents américains. Pour Edward Snowden, ce n’est d’ailleurs pas une surprise : « Le fait que ces enregistrements soient rassemblés, sans que le gouvernement ait la moindre suspicion raisonnable ou cause probable pour justifier la saisie des données, est si éloigné du domaine de la raison qu’il est impossible que cela puisse être rendu légal ».

 

Le lanceur d’alertes souligne ici le point central de cette collecte aveugle : les métadonnées sont aspirées avec une négation complète du principe de présomption d’innocence. Cette aspiration « au cas où » induit la culpabilité a priori pour chaque citoyen américain, qui devient alors un nœud dans une titanesque toile d’araignée et un simple relai d’informations. Sans son accord évidemment.

Un travail nécessaire à l'échelle mondiale 

Snowden a par ailleurs indiqué qu’il n’existait que peu de vraies solutions pour obtenir une vraie sécurité des communications à l’échelle d’un pays : « Le moyen le plus simple […] est de les sécuriser à l’échelle mondiale, et cela signifie de meilleurs standards, un meilleur chiffrement et une meilleure recherche ». Une référence directe aux révélations sur le générateur de nombres pseudo-aléatoires Dual EC_DRBG qui produisait des résultats pas si imprévisibles.

 

Interrogé sur un possible retour au pays, Snowden envisage effectivement l’option, mais un sérieux bémol : « Retourner aux États-Unis, je pense, est la meilleure résolution pour le gouvernement, le public et moi-même, mais cela n’est malheureusement pas possible vis-à-vis des lois actuelles de protection des lanceurs d’alertes qui, cause d’une faille, ne protègent pas les sous-traitants comme moi ». Il espère que le Whistleblower Protection Act, âgé de plus d’un siècle, sera remanié à la lumière des évènements des derniers mois.

 

Il tient enfin à préciser qu’il n’est pas contre toutes les formes d’espionnage. Il existe cependant une différence importante entre la protection du pays et l’intrusion permanente dans la vie privée. Il aborde ainsi le concept « d’enquête rétroactive », consistant à puiser dans une base qui peut contenir tout ou partie de la vie numérique d’un individu : « Une fois que vous avez attiré l’attention du gouvernement, ils possèdent un enregistrement très complet de votre activité quotidienne, pouvant remonter, en vertu de la loi actuelle, jusqu’à cinq ans en arrière. Vous rappelez peut-être pas où vous êtes allé diner le 12 juin 2009, mais le gouvernement le sait ». C’est ici, selon lui, que la frontière entre sécurité et vol de la vie privée disparaît.

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