Alors que la vente de sa division téléphone à Microsoft n'est désormais qu'une question de semaines, Nokia vient de dévoiler son dernier bilan financier. Et si son chiffre d'affaires est en net recul par rapport à 2012, ses fortes réductions des coûts lui ont permis de limiter partiellement les dégâts. Microsoft récupèrera néanmoins une branche encore déficitaire.
La division mobile pas encore sortie d'affaires
D'ici quelques semaines, Nokia perdra définitivement sa branche téléphones et smartphones. Il lui restera toutefois encore trois branches, à savoir NSN, spécialisée dans les réseaux télécoms, ainsi que HERE, qui représente son service de cartographie et de géolocalisation, et enfin sa division « Advanced Technologies », qui s'occupe principalement de la gestion des brevets du groupe. À titre d'exemple, cette dernière a signé en novembre 2013 un contrat qui devrait être très lucratif avec Samsung, ceci pour une durée de cinq ans.
Concernant sa branche téléphonie, c'est-à-dire celle qui sera cédée d'ici peu, il n'y a pas de quoi se lever au plafond. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros, en baisse de 29 % sur un an. Pire, elle est passée d'un bénéfice d'exploitation de 97 millions d'euros à une perte de 198 millions d'euros. Sur toute l'année 2013, la chute est tout aussi lourde, avec un chiffre d'affaires de 10,7 milliards, contre 15,2 milliards en 2012. Sa perte d'exploitation a par contre été divisée par trois, passant de 1,5 milliard d'euros à 590 millions. On se console comme on peut.
Notez que pour des raisons de confidentialités, les ventes de téléphones, de Lumia et d'Asha n'ont pas été communiquées, contrairement aux trimestres précédents. Nous devrons donc attendre ce type d'informations soit de la part de Microsoft sitôt l'acquisition définitive, soit par des sociétés spécialisées en étude de marché. Mais selon la presse américaine, qui a pu discuter avec Nokia, la firme a écoulé environ 30 millions de Lumia en 2013, soit une croissance annuelle de 125 %. Au dernier trimestre, il s'est donc vendu 8,2 millions de Lumia, ce qui représente une hausse de 86 % en un an, mais une baisse de 7 % en trois mois
Nokia « sans mobile » redresse la tête
Du côté des autres branches de Nokia, qui resteront donc après la cession, le bilan est différent, même si guère plus réjouissant. Sa division Nokia Solutions and Networks (NSN), qui représente près de 90 % de son activité (hors mobiles), a en effet affiché une chute de ses ventes de 22 % lors du dernier trimestre, et de 18 % en 2013 par rapport à 2012. Un bilan médiocre heureusement compensé par une marge supérieure, lui permettant ainsi de voir son bénéfice d'exploitation régresser d'à peine 4 %.
« HERE » et « Advanced Technologies » ont elles aussi souffert, avec des reculs respectifs du chiffre d'affaires de 9 et 20 % au dernier trimestre. Toutefois, là encore, les marges en 2013 sont supérieures à celles de 2012, permettant à Nokia d'afficher un bénéfice net de 41 millions d'euros pour ses trois branches, contre une perte de 1,483 milliard d'euros l'année précédente.
Un bilan loin d'être honteux qui aurait dû rassurer ses investisseurs. Ces derniers l'ont néanmoins entendu d'une autre oreille, puisque son action chute de près de 9 % au moment où nous rédigeons ces lignes, valorisant la société à tout juste 26 milliards de dollars. Rappelons que Nokia valait près de 150 milliards de dollars en bourse en 2007. Les actionnaires de la firme finlandaise ont semble-t-il été déçu des résultats de NSN, la locomotive de Nokia désormais.
Un effectif qui fond comme neige au soleil
Notez que les augmentations des marges de Nokia s'expliquent en grande partie par une forte réduction de son effectif. Si l'on se concentre uniquement sur les activités qui resteront après la cession de sa division téléphone, son nombre de salariés est passé de 65 547 à 55 025 en un an. Un recul de plus de 10 500 employés, principalement réalisé en Europe (-3901) et en Amérique latine (-4346), et qui correspond aux licenciements annoncés. Et sans surprise, c'est la branche NSN qui a été le plus touchée (-10 000 emplois), très loin devant« HERE » et « Advanced Technologies ».
Nokia ne précise par contre pas l'évolution de l'effectif de la branche téléphonie, probablement afin de ne pas faire de tort à Microsoft. Nous savons par contre que cette branche compte plusieurs dizaines de milliers de salariés (près de 50 000 ?). Ces réductions des coûts en tranchant dans l'emploi ne sont toutefois pas une première pour Nokia. La société scandinave comptait ainsi près de 131 000 salariés au 31 mars 2011. Un an plus tard, ce bilan tombait à 122 148 employés. Aujourd'hui, son effectif a donc atteint un plus bas avec 55 025 collaborateurs, sans la branche mobile par contre. Il faut néanmoins espérer que cette période de disette prenne fin et que les recrutements repartent rapidement.