Les offres de téléphonie mobile sont actuellement dans une nouvelle phase de mutation. D'un côté le « Fair use » monte en flèche, et de l'autre les prix baissent. Une situation qui permet désormais d'utiliser son abonnement en remplacement de l'ADSL par exemple, mais à condition d'être prudent. En effet, les opérateurs imposent souvent des limitations sur lesquelles nous avons décidé de faire le point. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que certains ne manquent pas d'idées...
C'est désormais un fait : la 4G s'est rapidement démocratisée en France, notamment sur les forfaits « Low cost » tels que B&You, Free Mobile, Sosh et RED de SFR (voir notre analyse). Pour rappel, cette technologie permet d'obtenir des débits théoriques pouvant grimper jusqu'à 150 Mb/s en téléchargement et 50 Mb/s en upload, de quoi laisser rêveur les utilisateurs qui disposent d'un abonnement à internet via des technologies telles que l'ADSL2+ ou même le VDSL2 (voir notre dossier).
Bouygues ouvre la voie avec un « accès internet fixe très haut débit » via la 4G
Un point qui ne laisse d'ailleurs pas Bouygues Telecom indifférent puisque l'opérateur vient de lancer une nouvelle offre d'« accès internet fixe très haut débit » pour les entreprises. Elle comprend un routeur 4G sur lequel viennent se connecter des appareils (via Wi-Fi ou Ethernet). Une solution pratique pour ceux dont la ligne fixe ne propose pas un bon débit par exemple et qui captent correctement la 4G.
Pour autant, cela n'est qu'une évolution logique qui fait suite à l'explosion du « Fair use » entamé par Bouygues Telecom en septembre dernier. En effet, l'opérateur dévoilait alors un forfait Sensation avec 16 Go de 4G, tandis qu'en novembre Nomad (pour les clés 3G / 4G) grimpait jusqu'à 40 Go. Il a ensuite été suivi par Free Mobile avec 20 Go de « Fair use », mais uniquement pour ses clients 4G éligibles.
La principale différence de l'offre pour les Pro est la présence de 50 Go de 4G, puis de paliers payants jusqu'à 100 Go (5 € par Go) avant de passer à un débit réduit à 1 Mb/s, soit huit fois plus que ce qui est proposé sur les offres Sensation et Nomad (128 kb/s). Notez que 50 Go devrait être suffisant pour une utilisation basique, du moins pour un nombre assez limité d'appareils, tout dépendra ensuite de votre usage. Mais nous reviendrons assez rapidement sur ce point précis.
Deux solutions pour partager votre connexion : un routeur ou bien votre mobile
Plusieurs constructeurs proposent directement des routeurs 4G, notamment D-Link avec son DWR-921 que l'on trouve à moins de 200 € et Netgear avec l'AirCad 762S (envrion 137 €) qui peut être utilisée en complément d'une station d'accueil. Il vous suffit d'y insérer votre carte SIM pour ensuite profiter d'internet sur vos différentes machines. Mais, comme nous allons le voir, il vous faudra choisir votre offre avec attention.
L'AirCard 762S de Netgear et ses différents accessoires
Notez qu'il est également possible de passer plus simplement par votre smartphone, dont la grande majorité des modèles récents permettent de partager la connexion. C'est le fameux mode modem. Mais, afin d'en profiter, faut-il encore disposer d'un forfait qui permette ce genre d'utilisation, et là, les choses peuvent aussi rapidement se compliquer chez certains.
Partage de connexion et limitations : certains opérateurs jouent le jeu, d'autres non
En effet, dans leurs conditions générales de vente, certains opérateurs précisent qu'ils ne permettent pas cet usage, vous vous exposez donc à devoir payer du hors forfait et / ou à une résiliation plus ou moins brutale de votre abonnement.
Mais le modem n'est en fait que la partie visible de l'iceberg puisque l'on retrouve également des limitations sur l'accès à internet ainsi que sur les appels et SMS / MMS illimités. Afin d'y voir plus clair, nous avons décidé de faire le point sur les différentes restrictions d'usages imposés par les opérateurs... et certaines sont parfois surprenantes.
Nous avons pris en compte et compilé plusieurs éléments, tout d'abord concernant les appels, SMS et MMS : le nombre de correspondants maximum autorisés dans le mois, ainsi que la durée des appels à ne pas dépasser. Du côté de l'accès à internet, nous avons retenu quatre critères principaux : l'utilisation en tant que modem, la voix sur IP (VoIP), les Newsgroups (NG) ainsi que le Peer to Peer (P2P).
Comme toujours, vous pouvez retrouver une grande partie de ces informations au sein de notre comparateur Tous les forfaits et de son petit frère Comparer la 4G.fr.
En vert, les opérateurs sans aucune restriction sur Internet, en rouge ceux interdisant modem, VoIP, NG et P2P
Pour les communications : de 99 correspondants par mois à... 200 toutes les 24 heures
Du côté des appels téléphoniques, Free Mobile, Joe Mobile, RED et SFR n'imposent aucune restriction au niveau du nombre de correspondants dans le mois, tandis que Coriolis Telecom, Numéricable et Sim+ limitent à 99 seulement. Ce dernier s'illustre d'ailleurs de nouveau en ce qui concerne la durée des appels puisqu'il est le seul à indiquer 1h seulement. A contrario, B&You, Bouygues Telecom et Free Mobile ne précisent rien de particulier sur ce point.
On retrouve également des écarts importants sur les SMS / MMS avec, d'un côté, SFR qui limite à 200 correspondants toutes les 24 heures, ce qui est néanmoins largement suffisant pour un usage standard mais pourrait poser des soucis à certains pour des occasions spéciales : nouvel an, annonce importante, etc. Bref, n'ayez pas trop d'amis. Pour les autres cela oscille entre 99 et 250 correspondants dans le mois. Afone mobile indique en plus qu'il ne faudra pas dépasser les 5 000 SMS dans le mois sous peine que cela soit « considéré comme un usage excessif », avec des sanctions à la clé.
Notez que certains ont bien tenté de supprimer toute forme de restriction... mais cela n'a généralement pas duré longtemps. C'était par exemple le cas de Zero Forfait en octobre 2012, ou encore d'Afone Mobile en avril de l'année dernière. Nous les avons interrogés afin de savoir ce qui les a conduits à ce retournement de situation. Nous n'avons pour le moment reçu aucune réponse.
P2P et NG massivement interdits, notamment chez Orange qui ne compte pas changer
Passons maintenant au cœur des offres avec les données via les réseaux mobiles, le point déterminant lorsqu'il s'agit de partager sa connexion sur son ordinateur, qu'il soit fixe ou portable. Le premier élément marquant c'est qu'ils ne sont finalement qu'une poignée à n'imposer aucune restriction, notamment en ce qui concerne le P2P et les Newsgroups. C'est le cas de Bouygues Telecom, de Free Mobile, de Joe Mobile, de Prixtel et de SFR.
De son côté, Orange est le dernier opérateur disposant de son propre réseau à mettre en place des restrictions, qui varient en fonction des forfaits. Il y a malgré tout une constante : le P2P et les Newsgroups ne sont pas autorisés et l'opérateur indique qu'il s'agit de « garantir la disponibilité et la qualité du réseau ».
Interrogé par nos soins, l'opérateur nous précise qu'« il n’y a pas d’évolution prévue à court terme sur notre politique P2P et Newsgroup ». Il ajoute que ces services sont très consommateurs sur les réseaux et réitère ce qui est indiqué dans les conditions de ses offres, à savoir que : « cette mesure permet de garantir une qualité de service optimale au plus grand nombre ».
Free : pas de restriction, mais attention aux débits sur certains services
Le cas de Free Mobile est un peu spécial. En effet, comme l'avait annoncé Xavier Niel lors de sa conférence début 2012, concernant internet, il n'y a aucune restriction sur les forfaits Mobile et tous les usages sont autorisés. Néanmoins, l'accès aux services de Google est souvent dégradé par exemple avec des débits relativement faibles. Un point à prendre en considération pour les amateurs de YouTube et ceux qui accèdent souvent au Play Store pour ne citer qu'eux. La guerre qui se déroule sur le fixe a donc ici les mêmes effets.
Du côté de la VoIP, les opérateurs sont un peu plus nombreux à l'autoriser puisque l'on retrouve chez Sosh et Virgin Mobile en plus de ceux de la liste précédente. Le mode modem est aussi de la partie sur une large majorité de forfaits, mais pas tous. En effet, Afone, Auchan Telecom, Coriolis Telecom, La Poste Mobile, Leclerc Mobile, Sim+ et Zero Forfait l'interdisent encore et toujours de manière systématique, il faudra donc passer votre chemin si c'est ce qui vous intéresse.
Un exemple de service utilisant la VoIP : Skype
Orange : la VoIP sur demande uniquement, le mode modem parfois payant
Du côté d'Orange, le mode modem et la VoIP ont droit à une gestion pour le moins particulière. En effet, hormis sur les forfaits Origami Jet (à partir de 59,99 € par mois), la VoIP est « disponible sur demande » uniquement. L'opérateur nous précise que cela peut se faire via un point de vente, sur internet ou bien via le service client. Notez par contre que l'activation n'est pas immédiate et que cela peut prendre au maximum un délai de 60 h tout de même.
Du côté du modem, ce n'est pas vraiment plus simple. En effet, il n'est uniquement inclus que dans les offres 4G (Origami Play 4G / H+ et Jet), les forfaits 3G (Origami Zen et Play 3G) doivent passer par une option... payante. Trois formules sont alors proposées :
- Option modem 1 Go pour 10€ par mois
- Pass 1 jour avec 200 Mo pour 3 €
- Pass 7 jour avec 500 Mo pour 6 €
Détail insolite, dans les mentions légales de l'option modem 1 Go, il est précisé que la VoIP est interdite, en plus des Newsgroups et du P2P bien évidemment.
Parfois, les limitations vont plus loin en interdisant carrément le... streaming
Mais ce n'est pas tout, car d'autres opérateurs vont encore plus loin dans les restrictions. C'est par exemple le cas de Sim+ qui indique dans ses documents contractuels : « Les usages modem, streaming, voix sur IP, peer to peer, newsgroups, envois de spams sont interdits et sont facturés hors forfait au tarif en vigueur »... le streaming est donc interdit, un cas unique.
Chez la plupart des opérateurs, les conditions enfoncent aussi quelques portes ouvertes en interdisant par exemple le spam, une pratique pourtant déjà condamnée par la loi, comme le rappel la CNIL sur sa fiche pratique de signalement de spams.
Utiliser son forfait mobile dans une clé ou routeur 3G / 4G, attention aux conditions !
Mais si l'on reprend l'idée d'installer sa carte SIM dans une clé ou un routeur 3G / 4G, sachez que ce n'est généralement pas autorisé sur les forfaits classiques. En effet, les opérateurs imposent généralement à leurs utilisateurs d'installer leur carte SIM uniquement dans un terminal mobile (smartphone ou tablette).
C'est par exemple le cas de Free Mobile qui précise dans ses conditions générales d'abonnement : « sont strictement interdites, les utilisations du Services et/ou de la SIM notamment suivante : (...) l'utilisation dans le cadre de boîtier radio ou de clé ou carte 3G, ou tentatives d’établissement de plus de 200 sessions TCP (protocole de contrôle de transmissions) simultanées ». Idem chez B&You qui précise que la carte SIM « doit être insérée uniquement dans un téléphone mobile ou une tablette ».
Quid des forfaits pensés pour les clés 3G / 4G ?
La solution existe néanmoins avec les forfaits pour les tablettes et les clés 3G / 4G, mais tous les opérateurs ne proposent pas ce genre d'offres. En effet, ils ne sont que quatre à être positionnés sur ce créneau : Bouygues Telecom, Orange, Prixtel et SFR. Attendue depuis longtemps, celle de Free Mobile est toujours absente et, comme nous venons de l'indiquer, l'opérateur interdit ce genre d'utilisation dans ses CGV.
Quoi qu'il en soit, comme pour les forfaits de téléphonie mobile pour smartphones, Orange est le seul à imposer des restrictions en interdisant les Newsgroups et le P2P. Bien évidemment, le mode modem est compris dans l'offre, tandis que pour tous les forfaits Let's Go, y compris celui avec 1 Go de « Fair use » en 3G, la VoIP est directement accessible. Bien entendu, les quantités de data proposées grimpent, jusqu'à 40 Go tout de même, mais attention à Prixtel qui ne propose pas de « Fair use ». En effet au-delà du dernier palier à 2 Go, vous serez facturé en hors forfait pour un tarif de 10 centimes par Mo (soit 100 € / Go). L'addition peut donc rapidement grimper suivant votre utilisation.
Chez Modulo Tab, après 2 Go de data consommée, chaque ko est payant
Il ne faut aussi pas oublier la question de la qualité du réseau et de la couverture ou des débits constatés dans les endroits où vous pourrez être amenés à vous rendre. Nous avons en effet déjà évoqué les problèmes que nous avons rencontrés avec les offres de Bouygues, qui avaient été en partie corrigés mais qui continuent de poser problème. Reste Orange et SFR, mais tous les deux ne dépassent malheureusement pas les 10 Go de « Fair use », ce qui fait relativement peu comparé aux 32 Go de Bouygues.
À l'inverse, SFR propose un accès à YouTube en illimité, mais uniquement à cette plateforme de streaming, ce qui n'est pas sans soulever quelques interrogations. En effet, après le problème des restrictions, nous avons désormais la question de la mise en avant d'un service plutôt qu'un autre. Mais nous aurons assez rapidement l'occasion de revenir sur ce sujet.