Les soldes de Steam sont généralement considérés comme une aubaine, aussi bien pour les joueurs qui en profitent pour s'offrir quelques jeux à prix réduit, que pour les studios, qui trouvent ici un bon moyen de doper leurs ventes. Toutefois, ces derniers ne sont pas unanimes, et certains trouvent au contraire que ce système de soldes réguliers peut nuire à leur survie.
Graphique des ventes de FEZ publié par Phil Fish fin juillet 2013
En règle générale, les soldes de Steam profitent assez largement aux studios indépendants, qui trouvent sur la première page de la boutique de Valve une exposition à laquelle ils ont rarement le droit. On se souviendra ainsi que quelques titres comme FEZ ou Kerbal Space Program ont ainsi connu leur heure de gloire. Phil Fish, le créateur de Fez avait d'ailleurs publié quelques chiffres à ce sujet et la conclusion était sans appel. En l'espace de deux jours, et avec plus de 100 000 copies écoulées , le studio a enregistré 5 fois plus de ventes lors des soldes de Steam que lors du reste de la vie du titre.
Avec de tels résultats, on peut difficilement imaginer que les petits studios veuillent passer à côté de ce genre d'occasion. Pourtant les créateurs de The Castle Doctrine, préfèrent faire complètement l'impasse sur ce genre de promotions qui pour eux « reviennent à donner un coup de poing dans les dents de vos premiers fans ». De plus, ils expliquent que de telles offres ne sont pas forcément bénéfiques pour les studios.
En effet, comme le montrent les graphiques publiés par l'équipe de The Castle Doctrine, les ventes de leur titre précédent, baptisé Inside a Star-filled Sky n'ont pas vraiment profité des soldes, tout du moins pas sur le long terme. « Vos fans aiment vos jeux et attendent impatiemment votre prochaine sortie. Ils veulent acheter votre jeu au plein tarif, mais ils seraient idiots de le faire, parce que des soldes ne tarderont pas à arriver. En d'autres termes, l'intérêt de pouvoir jouer à un jeu plus tôt n'est pas assez grand pour justifier le fait de payer plus cher pour la plupart des gens. Il est plus sage d'attendre, à moins qu'ils ne vous aiment vous et votre travail au point d'en oublier le bon sens économique », explique le créateur du jeu.
Sur le graphique ci-dessus publié par le studio, on remarque assez facilement quand ont eu lieu les promotions sur leur jeu. Si cela permet d'afficher ponctuellement de bons scores au niveau des ventes, les soldes n'ont aucun effet sur les ventes à long terme. Aussitôt le titre revenu à son tarif habituel, les scores reviennent à zéro ou presque.
Pire encore, les acheteurs lors des soldes ne seraient pas les plus impliqués dans la communauté autour du jeu. Pour étayer cela, le studio se base sur les statistiques proposées par des sites comme Wasted on Steam ou Steamdb pour montrer qu'une part non négligeable des joueurs achète des jeux lors des soldes parce qu'ils ne sont pas chers, mais n'y jouent pas forcément par la suite. Cela n'aide donc pas au bouche à oreille.
Même à la rédaction on ne fait pas office de bons élèves
Quel modèle économique devraient alors privilégier les indépendants ? Selon les créateurs de The Castle Doctrine le prix des jeux ne devrait pas être dégressif avec le temps, mais au contraire croître au fur et à mesure de leur avancement, un peu à la façon de ce que Mojang a pu faire avec Minecraft.
Le but est alors de déplacer l'effet d'aubaine au début de la vie du titre et de lui offrir à ce moment-là un coup de pouce sur les ventes. Les acheteurs suivants, ayant entendu parler du jeu via le bouche à oreille ou d'une quelconque autre façon, doivent alors payer le prix fort. Ainsi, les fans payeraient moins cher, à condition de se contenter d'une version Alpha ou bêta au départ, tandis que les opportunistes voient leur facture gonfler. Il reste à savoir si cette solution marche réellement dans le cas d'un titre n'ayant pas forcément encore son public, nous attendrons le temps qu'il faudra pour avoir la réponse.