Les lobbys de la musique exigent (encore) plus des moteurs de recherche

Faites la Moore, pas la guerre

C’est une nouvelle charge que vient de lancer Frances Moore, la numéro un de la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI), cette organisation regroupant les principales majors de la musique, telles qu’Universal ou Virgin. La cible ? Les moteurs de recherches, et notamment Google, le plus populaire d’entre eux. Et pour cause : l’intéressée annonce que l’IFPI vient d’adresser sa cent-millionième notification à la firme de Mountain View.

ifpi dmca

Exemple d'une demande de déréférencement adressée à Google par l'IFPI.

 

« En deux ans et demi, nous avons signalé plus de 100 millions de fois au leader mondial de la recherche en ligne qu’il fournissait des liens vers des sites mettant illégalement à disposition de la musique » a expliqué hier Frances Moore. Car c'est aujourd'hui bien connu : les moteurs de recherche sont une porte d’entrée majeure vers les contenus, qu’ils soient légaux ou non. Pour que les Google & co arrêtent de renvoyer vers des sites considérés comme illicites par les ayants droit, il faut tout d’abord en informer chaque moteur, qui peut alors déréférencer une page litigieuse.

 

Mais pour l’IFPI, ce qu’effectuent les moteurs en vertu de la législation qui leur est applicable n’est pas suffisant. « En dépit de ce que Google prétend avoir effectué pour aider à lutter contre la contrefaçon, la vérité est que [l’entreprise] ne présente pas de résultats probants » tacle ainsi Frances Moore. L’intéressée fait notamment référence au rétrogradage des sites faisant fréquemment l’objet de notifications de la part des ayants droit, annoncé par Google durant l'été 2012. À ses yeux, la modification de l'algorithme du célèbre moteur de recherche est très loin d’avoir eu l’effet escompté. « Si vous recherchez sur Google le nom d'un artiste accompagné du terme "mp3", la première page de résultats que vous obtenez est encore dominée par des liens vers des sites illicites » relève-t-elle ainsi.

Les principaux lobbys de l'industrie musicale présentent leurs requêtes aux moteurs

Que faire ? « L’IFPI et ses organisations affiliées, la RIAA pour les États-Unis et la BPI pour le Royaume-Uni, appellent les moteurs de recherche à prendre des mesures concrètes pour répondre au piratage » indique Frances Moore. Plus précisément, ce sont cinq requêtes qui sont publiquement présentées par ces lobbys de l’industrie musicale :

  • Tenir « la promesse admirable » faite par Google en matière de sous-référencement de sites étant fréquemment dénoncés par les ayants droits.
  • S’assurer que le retrait d'une chanson soit « efficace et ne consiste pas en un retrait temporaire, remplacé 2 secondes plus tard ».
  • Fournir une « meilleure aide » aux consommateurs cherchant à accéder à des contenus légitimes. L’IFPI précise ici que des « icônes indiquant les sites autorisés » pourraient être mises en place par les moteurs pour bien distinguer le bon du reste. 
  • Modifier le dispositif d’auto-complétion (celui qui fait que le moteur de recherche propose un mot ou une expression avant même que l’utilisateur n'ait fini de taper sa recherche), de telle sorte que les internautes ne soient plus redirigés vers des sites pirates.
  • Se questionner sur leur propre politique vis-à-vis des sites régulièrement signalés. « Pourquoi est-ce qu’après des millions de signalements à l’encontre d’un même site il n’y a pas d’impact sur les résultats de recherche ? » interroge ainsi l’IFPI.

La plupart de ces revendications avaient déjà été exprimées ces dernières années par différents lobbys d’ayants droit, notamment par la RIAA et la MPAA. Aujourd’hui, Google se trouve néanmoins dans une posture relativement délicate. En commençant à céder un peu de terrain (par exemple s’agissant du rétrogradage des sites fréquemment dénoncés), le géant de l’internet a montré aux ayants droit qu’il était prêt à lâcher du lest.

 

Il en va de même pour la fonction d’auto-complétion « Google Suggest ». Suite à une action initiée en France par plusieurs associations telles que l'Union des étudiants juifs de France, la firme de Mountain View a en effet accepté il y a plus d’un an de faire un peu de ménage, en purgeant de ses suggestions les associations entre le nom de certaines personnalités et le mot « juif » (voir notre article). Cette entorse n’a - sans surprise - pas manqué d’attirer l’attention des ayants droit...

 

google mp3

 

L’on remarquera d’autre part que certaines des mesures contenues dans le rapport Lescure rejoignent celles de l’IFPI, notamment lorsque l’ancien PDG de Canal+ expliquait que les moteurs de recherche pourraient s’engager, sur la base du volontariat, « à dégrader le référencement (et en dernier recours à déréférencer) les sites coupables d’atteintes répétées au droit d’auteur, et à communiquer de manière transparente sur l’efficacité de ces mesures ».

 

Un peu plus loin, la mission sur l’Acte 2 de l’exception culturelle évoquait elle aussi la mise en place par les Google & co d’un « mécanisme de signalisation », qui permettrait de mettre en avant les sites conventionnés par le CSA au sein des résultats de recherche. C’est d’ailleurs un peu ce qu’a récemment instauré la Hadopi : un moteur de recherche mettant en avant les offres conventionnées LOL (pour « label offre légale », qui remplace le label PUR), lesquelles apparaissent en tête des résultats et se voient affublées d’une pastille, tandis que les offres « pouvant être regardées comme légales » sont simplement référencées.

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