Selon une étude, Hadopi a fait diminuer le nombre d’uploadeurs en France

Mais pas le nombre de fichiers uploadés

Selon une récente étude, la mise en œuvre d’un dispositif de riposte graduée en France a conduit certains internautes à ne plus mettre à disposition de fichiers en peer-to-peer sur The Pirate Bay. Cela n’a cependant pas empêché que le nombre de contenus partagés par les uploadeurs restant augmente en parallèle. En clair, il y a plus de fichiers, mais ils sont uploadés par moins d'internautes. Explications. 

hadopi logo

 

Quel fut l’impact de la loi Hadopi, instituant pour la première fois en France un dispositif de riposte graduée, sur les pratiques illicites des internautes ? C’est à cette vaste question qu’a voulu réfléchir une équipe de chercheurs issus de Télécom SudParis, de l’Université de l’Oregon et de l’Université Carlos III de Madrid. Ces auteurs viennent d’ailleurs de publier les résultats de leurs travaux, dans un article intitulé « Étude des réactions des éditeurs de contenus BitTorrent vis-à-vis des mesures de lutte contre le piratage » (PDF, en anglais).

 

Considérant que The Pirate Bay était le principal lieu de partage de fichiers sur Internet, ces chercheurs se sont focalisés sur ce qu’ils appellent des « éditeurs » de contenus BitTorrent. En clair, il s’agit des uploadeurs, ces utilisateurs qui mettent à disposition les fichiers. À partir des informations divulguées à leur sujet par le célèbre site de partage, les chercheurs ont retracé le nombre de fichiers mis à disposition des internautes par ces uploadeurs, de même que leur localisation - grâce à leur adresse IP. Ils se sont ainsi tout particulièrement intéressés à ceux situés en France, pays dans lequel la riposte graduée est à l’œuvre depuis octobre 2010.

Des uploadeurs en baisse entre 2010 et 2011, mais pas le nombre de fichiers uploadés...

Résultat : en comparant avec les autres uploadeurs, ceux situés en dehors de nos frontières, les auteurs de cette étude ont remarqué que le nombre d’éditeurs mettant en ligne des contenus depuis l'Hexagone avait diminué de 46 % entre une première période située en avril-mai 2010 et une seconde, en octobre-décembre 2011. Cependant, si le nombre d’internautes mettant à disposition des fichiers a fortement chuté, le volume de contenus ainsi partagés a pour sa part augmenté, de l’ordre de 18 % sur cette même période. Ceci est d’autant plus surprenant aux yeux des chercheurs qu’à l’échelle mondiale, ce chiffre diminuait de 6 %...

 

Quel regard porter sur ces chiffres ? Tout d’abord, les chercheurs expliquent à l’appui de comparaisons sur les ratios « upload/download » que cette baisse du nombre d’uploadeurs est liée au fait que « la plupart des éditeurs étaient en réalité des consommateurs qui publiaient de façon occasionnelle des contenus ». En gros, les plus petits uploadeurs ont préféré mettre un terme à leurs activités. 

La France, pays d’alimentation majeur des contenus sur The Pirate Bay

Quant aux éditeurs les plus importants, les auteurs de l’étude ont observé qu’ils diffusaient avant tout des contenus destinés à un public bien plus large qu’à notre seul pays - ou même aux pays francophones. Sur la période concernant 2010, les cinq uploadeurs décrits comme étant en tête du peloton mettaient ainsi à disposition des films pornographiques en anglais, des séries - également en anglais, mais aussi des contenus en espagnol. « La loi Hadopi n'a pas pris en compte le fait que l'échange de fichiers P2P est un marché mondial, de sorte que même lorsque l’on parvient à réduire les téléchargements au niveau local, les utilisateurs hébergés dans un pays peuvent toujours alimenter en contenus le reste de la planète » analyse ainsi Noël Crespi, l’un des chercheurs ayant participé à l’étude.

 

upload étude hadopi

 

D’ailleurs, les auteurs ont remarqué que 29 des 100 plus gros uploadeurs mondiaux de The Pirate Bay étaient chez OVH, célèbre hébergeur français, en 2010. Ce qui n’est pas totalement anodin selon eux : « De nombreux éditeurs professionnels opèrent depuis la France tout simplement parce que la politique de surveillance passive d'OVH facilite leur activités illégales ».

 

Conclusion ? La loi Hadopi a eu un effet dissuasif sur certains internautes, puisqu’elle se révèle selon les chercheurs « assez efficace dans la réduction du nombre d’éditeurs occasionnels ». Toutefois, il s’avère que celle-ci « n’a pas réussi à réduire le taux de publication de contenus protégés par des éditeurs professionnels ».

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