Dernier bilan des télécoms : revenus, consommations, dégroupage, etc.

Un peu de lecture avant le week-end

En attendant toutes les données du dernier trimestre 2013, l'ARCEP vient de publier un bilan complet sur les opérateurs télécoms français pour le troisième trimestre de l'année. La baisse des revenus tirés du marché mobile se confirme du fait de la guerre des prix, ceci alors que la consommation (en minutes) reste à un niveau élevé. Concernant le secteur fixe, les lignes dégroupées totalement continuent de croître, tandis que le nombre d'abonnés bas débit (RTC) chute toujours.

ARCEP Q32013

Revenus : le fixe limite les dégâts, le mobile dégringole

En croissance continue durant de nombreuses années, porté par des prix relativement stables et une forte progression du nombre de clients, le marché du secteur mobile a changé à partir de 2011, tendance renforcée en 2012 avec l'arrivée de Free Mobile. Le graphique ci-contre le montre parfaitement, les données en rouge, celles propres au secteur mobile, sont ainsi en recul continu depuis le second semestre 2011 qui correspond au lancement des offres dites à bas coût de Bouygues (B&You), SFR (Red) et Orange (Sosh).

 

Proche des 5 milliards d'euros de revenus trimestriels (hors taxe), le marché mobile est donc en chute libre depuis deux ans et demi, au point de passer sous la barre des 4 milliards d'euros au premier trimestre 2013, et précisément 3,753 milliards d'euros au troisième trimestre. La tendance est telle que le secteur mobile pourrait avoir une valeur inférieure au secteur fixe, bien plus stable même s'il régresse lui aussi petit à petit.

 

Selon l'ARCEP, la raison de cet effondrement du secteur mobile est simple : les « baisses de prix résultant d’une concurrence accrue sur ce marché ». En un an, le chiffre d'affaires hors taxe de ce commerce a ainsi reculé de 13,8 %. « Le revenu des communications téléphoniques mobiles ne cesse de diminuer depuis cinq années et son recul n’est plus compensé, depuis le début de l’année 2011, par la hausse du revenu des services de données (SMS, MMS, accès à l’internet). »

Consommation : le mobile rit, la data explose, et le fixe pleure

Du côté de la consommation desdites communications mobiles, les chiffres sont quasi inversés. Avec 33,4 milliards de minutes cumulées, le troisième trimestre affiche une croissance annuelle de 13,3 %. Il s'agit d'ailleurs du deuxième meilleur trimestre de l'histoire, le numéro un étant le trimestre précédent. Cette très belle croissance s'oppose toutefois à celle de la téléphonie fixe, particulièrement faible lors de ce trimestre, avec un peu moins de 23 milliards de minutes, certainement du fait de la généralisation des forfaits mobiles illimités. Il s'agit ici du pire trimestre pour la téléphonie fixe depuis de très nombreuses années selon les données de l'ARCEP.

 

Concernant les SMS, 44,8 milliards de SMS au cours du troisième trimestre ont été envoyés, soit une progression annuelle de 2 %, même s'il s'agit du plus mauvais trimestre de l'année. Point bien plus intéressant, l'autorité de régulation des télécoms précise que « le volume trimestriel de données consommées par les clients au départ des réseaux mobiles atteint 40 Pétaoctets et progresse de près de 60% sur un an ».

 

Un Pétatoctet ayant une valeur de 1000 To, cela signifie donc que 40 000 To (ou 40 millions de Go) ont été transférés en trois petits mois par les Français. Une belle performance quand on sait que la plupart des abonnés ont des forfaits inférieurs à 3 Go par mois. Avec les récentes augmentations et la guerre qui continue de faire rage entre les opérateurs, il serait peu surprenant que ces 40 Po paraissent bien faibles d'ici quelques années.

 

ARCEP Q3 2013

 

Le graphique ci-dessus montre d'ailleurs parfaitement la progression exceptionnelle du secteur depuis l'année 2012. Ce troisième trimestre signe d'ailleurs un record de croissance avec plus de 5 Po supplémentaires par rapport au précédent trimestre, ce qui n'avait jamais été enregistré.

Nombre de clients : le mobile et internet à la fête, toujours moins de bas débit

Avec 75,505 millions de clients, le secteur mobile continue d'enchaîner les records. Cela représente tout de même une croissance trimestrielle de 726 000 clients, et une progression annuelle proche des 3,6 millions de puces. Le marché est principalement porté par les forfaits, qui affichent eux aussi un record, avec 53,1 millions d'abonnés (+1,1 million en trois mois). Les offres prépayées, par contre, sont au plus bas depuis longtemps, avec 15,9 millions de clients, soit une baisse d'environ 700 000 puces en trois mois, et de 2,6 millions en un an.

 

La téléphonie fixe, elle, régresse légèrement, mais reste assez stable sur le long terme, avec 39,1 millions d'abonnements. Quant aux forfaits internet, 24,802 millions d'abonnés ont été comptabilisés. Cela ne représente toutefois qu'une hausse de 236 000 clients en trois mois et de 901 000 abonnés en un an. Il s'agit de la pire croissance de ces dernières années pour ce marché, ce qui laisse penser que le secteur atteindra d'ici quelques années son apogée comme nous l'analysions en décembre dernier.

 

Arcep Q3 2013

 

Dans les détails, on retrouve comme abonnements internet :

  • Haut débit : 22,789 millions (+2,8 % en un an)
    • xDSL : 22,394 millions (+3 %)
    • Autres : 395 000 (-3,8 %)
  • Très haut débit : 1,849 million (+24 %)
    • Câble - entre 30 et 100 Mb/s : 656 000 (+0,9 %)
    • Câble - au-delà de 100 Mb/s : 726 000 (+27,4 %)
    • FTTH : 467 000 (+72,1 %)
  • Bas débit : 165 000 (-33,8 %)

On peut remarquer que malgré l'essor important du très haut débit, les lignes ADSL continuent de croître. Si Orange et bientôt SFR tirent leur croissance de la fibre, et que Numericable mise sur le 100 Mb/s (ou au-delà), Free, par contre, puise toujours son succès dans l'ADSL.

 

Le bas débit, i.e. les lignes RTC, chute toujours, ce qui est tout sauf une mauvaise nouvelle. Rappelons ainsi qu'au début de l'année 2010, la France comptait encore près de 600 000 abonnés au bas débit. Un nombre ramené à moins de 500 000 clients dès le dernier trimestre de cette même année, pour passer ensuite sous la barre des 400 000 abonnés au premier trimestre 2011, puis sous les 300 000 fin 2011. Et enfin, moins de 200 000 clients ont pour la toute première fois été comptabilisés début 2013. Si cela prouve que le recul du bas débit ralentit, il n'empêche que lors du troisième trimestre de l'an passé, 21 000 personnes ont abandonné leur forfait, soit le rythme que nous constatons depuis quelques trimestres. La barre symbolique des 100 000 clients sera donc atteinte si tout va bien cette année, avec pourquoi pas une disparition totale du RTC d'ici 2015 ou 2016.

Le dégroupage total continue son ascension

Avec 10,6 millions de lignes concernées, le dégroupage total n'a jamais été aussi important. Si le dégroupage partiel perd quelques plumes mois après mois, il représente tout de même encore 820 000 lignes. Le dégroupage dans son ensemble concerne donc plus de 11,42 millions de lignes au 30 septembre 2013, soit 46 % de tous les abonnements internet, et plus de 50 % des seules lignes ADSL. Rappelons d'ailleurs que Free est le champion en matière de dégroupage, avec 94,40 % d'abonnés concernés au 30 juin 2013.

 

ARCEP Q32013

 

Voici enfin quelques données en vrac sur les secteurs fixes et mobiles pour le troisième trimestre 2013 : 

  • Les offres RTC ont généré 3 millions d'euros de chiffre d'affaires (HT)
  • 94 % des abonnés internet fixe ont aussi accès à la téléphonie fixe (VoIP)
  • 17,8 millions de clients ADSL ont abandonné leur ligne fixe classique
  • 14,373 millions de clients ADSL ont accès à la télévision par ce biais, soit les 2/3 des abonnés
  • 47 % des clients mobiles exploitent la 3G (soit 35,2 millions de cartes SIM)
  • 3,66 millions de cartes SIM dédiées à internet sont en circulation
  • La facture moyenne d'un client mobile est de 18 euros par mois (contre 28 euros en 2008)
  • La facture moyenne d'un client d'une ligne fixe est de 33,4 euros par mois (38 euros en 2010)
  • 325 SMS par mois sont envoyés en moyenne par un abonné mobile (forfait)
  • 53 SMS par mois sont envoyés en moyenne par un client mobile (prépayé)

Notez que l'ARCEP ne publie toujours pas les débits des différents fournisseurs d'accès à internet français, comme il nous l'avait promis l'an passé. Il faudra peut-être attendre encore quelques mois pour obtenir ce type de données, pourtant disponibles pour les opérateurs mobiles (ici pour 2012).

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