Selon Manuel Valls, les propos racistes ne sont plus « diffusés » sur Twitter

Mais où est donc le manuel de Twitter ?

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, l'a assuré ce matin : la France a réussi « à ce que la parole antisémite ou homophobe ne se diffuse pas » sur Twitter. Une drôle d’affirmation quand on sait qu’il n’y a aucun contrôle a priori sur le célèbre réseau social, et que ce dernier est au contraire régulièrement critiqué pour son laxisme dans la gestion des messages considérés comme manifestement illicites.

valls inter 

Alors que la polémique relative à Dieudonné bat son plein depuis quelques jours, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls était ce matin l’invité de Patrick Cohen, sur France Inter. « La parole antisémite, la parole raciste, elle est là, elle s’est développée, elle se déverse sur Internet ! » a déploré pour l’occasion le locataire de la Place Beauvau. 

 

Le « premier flic de France » a ainsi fait part de son intention de se battre contre les propos racistes et antisémites, y compris sur la toile. « Je crois que là où il y a une parole antisémite, raciste, qui se diffuse, la justice doit pouvoir agir » a-t-il ainsi répondu, lorsque son interlocuteur lui demandait s’il fallait prendre des « mesures coercitives » contre le site Internet de Dieudonné ou bien encore contre les sites diffusant ses vidéos (et notamment YouTube).

Selon Valls, les propos racistes et homophobes ne seraient plus « diffusés » sur Twitter

Comment ? « Il faut en discuter notamment avec les opérateurs » a rétorqué Manuel Valls. Mais cette réponse, vague et finalement peu engageante, fut suivie d’une autre explication pour le moins surprenante... « Vous savez qu’on a réussi, notamment sur Twitter, à ce que la parole antisémite ou homophobe ne se diffuse pas. Il y a un certain nombre de décisions qui ont été prises ». Et là, c’est le drame - pourraient dire certains.

 

Si des responsables d’associations de lutte contre les discriminations écoutaient ce matin le ministre de l’Intérieur, ils ont en effet très probablement dû tomber de leur chaise ! L’on se souvient d’ailleurs qu’il y a tout juste une semaine, un responsable de la Licra publiait une tribune pour dénoncer l’augmentation exponentielle des messages de haine sur les réseaux sociaux, y compris sur Twitter. « L'automne 2013 a été la saison du cauchemar français sur les réseaux sociaux » s’inquiétait-il par exemple, avant de rajouter quelques lignes plus loin que « les propos les plus violents et insultants sont totalement banalisés ».

Après Fleur Pellerin qui s'appuie sur un arrêt inexistant de la Cour de cassation...

Très clairement, Manuel Valls s’est a minima mal exprimé, à défaut de s’être clairement emmêlé les pinceaux. En effet, si le gouvernement se félicite régulièrement d’une décision de justice vis-à-vis de Twitter, c’est à propos de celle rendue l’année dernière par le tribunal de grande instance de Paris, en vertu de laquelle l’entreprise américaine fut sommée de livrer à la justice les données d’identification de plusieurs internautes accusés d’avoir tenu des propos illicites sur le célèbre réseau social (voir notre article).

 

En clair, il s’agissait de récupérer les éléments permettant de remonter jusqu’aux auteurs des propos litigieux, afin de les poursuivre devant les tribunaux. En aucun cas il n'était question d’une sorte de censure a priori de certains propos, à l’instar de ce que suggère Manuel Valls. Rappelons au passage que l’anonymat, critiqué il y a peu encore par le président de la République, est somme toute relatif sur Internet. La législation en matière de racisme ou d’antisémitisme s’y applique d’ailleurs de la même manière que lorsque des propos sont tenus dans la rue par exemple.

 

Soulignons enfin que ce n’est pas la première fois qu’un ministre du gouvernement Ayrault maîtrise mal son dossier à propos des messages de haine sur Internet. L’on se souvient en effet que Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l’Économie numérique, avait fait référence cet été à un arrêt inexistant de la Cour de cassation. La ministre avait manifestement confondu avec la décision rendue dans le cadre de l’affaire UEJF/Twitter.

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