C’est une annonce inattendue mais pas forcément surprenante : la MPAA a indiqué avoir rejoint le W3C, le consortium qui travaille et définit les standards du web ou tout du moins des recommandations. Une arrivée qui fait craindre le pire alors même que le W3C travaille justement sur une standardisation des mesures de protection (DRM) pour le web.
Les EME, standard en développement au W3C
On sait depuis octobre dernier que les EME (Encrypted Media Extensions) feront partie de la prochaine version du standard HTML5. Il s’agit ni plus ni moins que d’une infrastructure standardisée pour que les DRM puissent s’ébattre joyeusement dans les pages web. Les EME doivent répondre à un constat simple : il faut une solution pour proposer des médias protégés au sein des pages web sans passer par des plateformes totalement protégées. C’est d’ailleurs la position défendue par Tim Berners-Lee, principal inventeur du web.
L’annonce avait fait l’effet d’une bombe et avait largement été critiquée par l’EFF (Electronic Frontier Foundation). Pour cette dernière, cela revenait tout simplement à offrir le contrôle des navigateurs à des entreprises tierces. Inquiète des conséquences pour les utilisateurs, la fondation l’était tout autant pour le consortium lui-même et sa réputation de gardien des standards ouverts. Et cette inquiétude n’est pas prête d’être apaisée.
Car dans un tweet daté d’hier soir, Alex Deacon, président de la très puissante MPAA (Motion Picture Association of America), a annoncé que l’association rejoignait le W3C. Une annonce qui intervient alors que le travail sur les EME provoque déjà de nombreux remous. « Nous sommes enthousiastes à l’idée de rejoindre le W3C et nous avons hâte d’écouter, d’apprendre et de contribuer ». Et c’est sans doute la partie contribution qui intéresse le plus l’association.
Il est évidemment trop tôt pour préciser ce qui ressortira d’une telle participation. Cependant, l’opinion de la MPAA sur la consommation des contenus a toujours été plus que claire : le contrôle strict des droits sur les médias. L’arrivée de l’association n’est clairement pas un hasard et il est certain qu’en plein travail sur une standardisation des DRM, elle va s’assurer que la nouvelle technologie répondra bien à ses propres attentes.