En croissance constante depuis une dizaine d'années, la musique numérique a même surpassé les ventes physiques (CD, DVD, Vinyls) dans certains territoires du globe, dont le Royaume-Uni et les États-Unis. Au pays de l'oncle Sam justement, si le numérique reste majeur, les ventes de singles et d'albums ont pour la première fois régressé en 2013. La faute au succès du streaming audio.
Données pour l'année 2012.
La musique, un secteur en plein chamboulement depuis une dizaine d'années
Depuis le début des années 2000, le marché de la musique a connu des évolutions capitales. Le single sous format CD est quasi mort dans le monde entier, faute d'intérêt par rapport à sa version numérique moins onéreuse, et les ventes d'albums physiques ont été divisées par deux. Durant la même période, le numérique a connu une forte croissance. D'abord poussé par les sonneries de téléphone et les plateformes de types iTunes, le secteur numérique connait depuis une poignée d'années un changement important avec l'essor du streaming gratuit (avec publicité) et des forfaits dédiés aux appareils mobiles notamment.
Véritables succès depuis plusieurs années en Europe, les offres de streaming audio connaissent une explosion outre-Atlantique, portées par l'arrivée de Spotify il y a deux ans et demi. Depuis, la concurrence a mis les bouchées doubles et de nouveaux acteurs sont même arrivés sur le marché, dont Google l'an passé. Et le Français Deezer pourrait bien aussi mettre son grain de sable d'ici peu.
Aux États-Unis, le single numérique souffre, tout comme les CD albums
L'explosion du streaming audio a donc certainement eu des conséquences non négligeables sur les ventes à l'unité des singles et des albums sous format numérique outre-Atlantique. Alors que la croissance était déjà assez molle ces dernières années, le secteur a même régressé l'an passé. Selon les premières prévisions réalisées par Nielsen SoundScan et relayées par BillBoard, 1,26 milliard d'unités ont ainsi été écoulées aux États-Unis, soit tout de même une baisse de 5,7 %, ce qui correspond à une chute de 80 millions d'unités environ. Ce recul est principalement lié aux singles, puisque Nielsen indique que les albums n'ont régressé que de 0,1 %, pour atteindre 117,6 millions d'unités vendues.
Il s'agit de la toute première baisse des ventes numériques sur ce marché de toute son histoire. Et si nous n'avons pour le moment aucune donnée précise concernant les abonnements aux offres de streaming audio, l'institut dévoile par contre ses données au sujet des ventes de musique sous format physique. Et il n'y a pas de quoi se réjouir. Si les ventes de vinyles sont en hausse de 32 % pour atteindre 6 millions d'albums l'an passé, le CD, lui, continue de péricliter, avec seulement 165,4 millions d'albums, soit un recul important de 14,5 % (28 millions d'unités en moins). Résultat, tous formats confondus, les albums ont accusé une baisse de 8,4 % en 2013 par rapport à 2012.
Si pour les singles, le numérique représente la quasi-totalité des ventes, notez que du côté des albums, le CD reste encore majoritaire avec 57,2 % du marché, contre 2 % pour les vinyles, 0,2 % pour les DVD et les cassettes, et donc 40,6 % pour le numérique. Il s'agit toutefois bien des ventes réalisées à l'unité, cela exclut donc tous les autres revenus, tels ceux tirés des radios, des services proposant des abonnements et du streaming.
Une toute autre histoire en France
Concernant la France, la situation est tout à fait différente. Si l'on se base uniquement sur les données du premier semestre 2013, nous notons certes un tassement du côté des téléchargements de musique (+1,9 %), mais tous les autres secteurs sont dans le vert. Les revenus tirés du streaming ont ainsi fortement progressé, tandis que les ventes de CD ont même réalisé un bond de 8 %. Seuls les singles sont à la peine, avec tout juste 300 000 euros générés lors des six premiers mois de l'année, ce qui peut être assimilé à une sorte de mort annoncée.
Le marché de la musique en France a retrouvé des couleurs en 2013, ceci tous formats confondus.
Que ce soit pour les États-Unis ou encore la France, nous disposerons de chiffres plus précis d'ici ces prochains mois.