En pleine révolution, la société canadienne a décidé il y a quelques mois de se tourner vers le secteur professionnel pour redresser ses comptes. Mais si les services spécifiques aux entreprises seront essentiellement développés, son outil de messagerie, le fameux BBM, devrait lui permettre à terme de générer de nombreux dollars.
« Une source de revenus dans les années à venir »
« Nous allons continuer d'investir dans ce service populaire et de concevoir des fonctionnalités et des chaînes, avec des projets visant à le transformer en une source de revenus dans les années à venir. » La phrase concerne BlackBerry Messenger (BBM) et a été prononcée par John S. Chen, le patron de la société nord-américaine, via le site de la CNBC. Publié dans une sorte de tribune voulant expliquer le futur de sa société, ce texte tente de redorer l'image de BlackBerry après quelques années très difficiles, que ce soit médiatiquement, commercialement et financièrement.
Chen, PDG du groupe depuis moins de deux mois, a donc la lourde tâche de redresser la société et de mettre en place une stratégie adéquate. Améliorer l'image de son nouveau bébé est donc primordial, tant elle a été écornée ces derniers temps du fait des nombreux changements opérés et des choix stratégiques parfois douteux. Afin de retrouver la lumière, BlackBerry compte donc tout miser sur les professionnels. Un outil comme BlackBerry Enterprise Service 10 (BES10) est par exemple majeur pour son présent et son avenir.
La messagerie, un marché majeur et très concurrentiel
Mais le Canadien compte aussi s'appuyer sur un service bien plus grand public, à savoir BlackBerry Messenger. Fort d'environ 100 millions d'installations à travers le monde, dont 40 millions récemment suite à son arrivée sur Android et iOS, BBM a pour ambition de devenir un poids lourd de la messagerie, que ce soit parmi les particuliers et les entreprises. En s'appuyant sur son image encore positive de société plutôt tatillonne en matière de sécurité, BlackBerry espère ainsi bien faire fructifier un service qui devrait encore prendre de l'ampleur depuis ses partenariats avec des constructeurs travaillant sous Android, dont le géant LG.
Si pour la plupart des gens, les outils comme iMessage, Line, Skype, Facebook Messenger, Hangouts, Viber, WeChat, WhatsApp, et donc BlackBerry Messenger, ne sont que des services gratuits et donc peu générateurs de revenus, il ne faut néanmoins pas oublier qu'il existe parfois des services payants (appeler à l'étranger, etc.). Et surtout, ces outils deviennent très rapidement des sortes de réseaux sociaux, à l'instar des chaînes de BBM, dont certaines sont dédiées aux entreprises afin de mettre leur marque en avant. N'oublions pas non plus l'intégration de publicités dans certains services, ou encore le fait que d'autres messageries sont tout simplement payantes.
Le secteur de le messagerie concerne des centaines de millions de personnes, pour ne pas dire plusieurs milliards. Il est aujourd'hui un marché majeur, au point que Chinois WeChat s'est payé le luxe de recruter le footballeur Lionel Messi pour vanter ses mérites dans une publicité. Google, plutôt en retard dans le domaine, semble mettre les bouchées doubles dans Hangouts, son outil de messagerie développé en connexion avec Google+.
Dans le passé, BlackBerry n'a pas hésité à mettre en avant son service BBM dans des publicités télévisées. Si son futur budget marketing ne lui permettra peut-être plus d'en faire autant à l'avenir, il est une certitude que la société canadienne compte bien s'appuyer sur son service de messagerie pour se développer. Reste à connaître ses futures évolutions, car la concurrence est rude dans ce secteur, et les acteurs sont désormais connus et puissants.
Rappelons que lors de son dernier bilan financier (clos le 30 novembre), BlackBerry a annoncé des ventes de smartphones assez médiocres, une baisse importante de son chiffre d'affaires et des pertes abyssales de 4,4 milliards de dollars. Malgré ce piètre bilan, l'action de la société a pourtant bondi, notamment du fait d'un partenariat important avec Foxconn ou encore LG. Assurément, les actionnaires de BlackBerry ont une certaine confiance dans son futur.
