Mardi soir, à l'Assemblée nationale, le dernier amendement portant sur la réforme du Crédit d'Impôt Jeu Vidéo a été adopté par les députés. Celui-ci doit permettre aux plus petits studios d'y accéder plus facilement, en réduisant son seuil de déclenchement d'un tiers.
Les titres à (très) petit budget peuvent désormais prétendre au CIJV
Le Credit d'Impôt Jeu Vidéo (CIJV) a été instauré en France en 2008 et permet aux développeurs de jeux vidéo de bénéficier d'un crédit d'impôt correspondant à 20 % de leurs dépenses de production (hors marketing) engagées sur un jeu éligible au dispositif. Seul souci, son seuil de déclenchement était jusqu'alors fixé à 150 000 euros. Une somme bien trop élevée pour les producteurs de jeux sur mobiles dont le budget n'atteint que rarement les six chiffres. De ce fait, seuls les plus gros acteurs français pouvaient y avoir accès.
C'est pourquoi un groupe de six députés (M. Feltesse, M. Thévenoud, M. Hammadi, M. Bloche, M. Muet et M. Bachelay) a déposé un amendement proposant de revoir ce seuil afin de l'abaisser à 100 000 euros, afin que les titres publiés sur smartphones et tablettes puissent être plus facilement concernés par ce dispositif. Un amendement qui aura été adopté mardi soir.
Les studios éditant ce genre de jeux étant bien souvent les plus fragiles financièrement parlant, la nouvelle est très bien accueillie par le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL) ainsi que par le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV). « Cette réforme est un signe très fort prouvant que la France compte rester un lieu privilégié de l’innovation et de la création en matière de jeu vidéo » estiment Nicolas Gaume et David Neichel, respectivement président du SNJV et président du SELL.
Les jeux PEGI 18 ont eux aussi le droit au CIJV
Autre volet important de cette réforme du CIJV, l'intégration des jeux classés PEGI 18 dans le dispositif. En effet, jugés trop violents, ces derniers en étaient exclus. Or, comme l'a montrée l'étude publiée dans le Livre blanc du SNJV, l'âge moyen des joueurs en France est de 41 ans. Pourquoi alors imposer des restructions sur des contenus destinés à un public mature, qui sera majoritairement consommé par un public mature ?
Source : CNC
Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) estimait quant à lui en juillet dernier que le marché du jeu vidéo français est principalement porté par les ventes de jeux classés PEGI 18, seule catégorie affichant une croissance en termes de chiffre d'affaires ces dernières années.
Ce sont ces deux arguments qui ont incité les députés à rendre éligibles au CIJV les jeux classés PEGI 18. Cela dit, un sous-amendement porté par Christian Eckert précise que les jeux « comportant des séquences à caractère pornographique ou d'extrême violence » pourront tout de même être exclus au cas par cas. Il reste à définir ce qu'est l'extrême violence, un sujet qui pourrait certainement ressurgir dans les mois à venir.
D'ailleurs, certains acteurs de l'industrie se sont déjà posé la question, notamment l'un des anciens développeurs de Dishonored. Selon lui, il faut notamment distinguer la violence gratuite, imposée par le jeu, comme dans le cas de la fameuse mission No Russian dans Call of Duty Modern Warfare 2, et celle qui ne reflète qu'un choix fait par le joueur. Rien ne vous impose dans Grand Theft Auto de tuer une prostituée après avoir payé pour ses services, mais rien ne vous l'interdit non plus. Si le joueur appuie sur la détente, est-ce le jeu qui est violent, ou le joueur qui fait preuve de violence ? Voilà qui devrait animer quelques débats au moment d'inclure des titres dans le dispositif du CIJV.
