François Hollande s’en prend à « la tranquillité de l’anonymat » sur Internet

La force tranquille

Nadine Morano, le sénateur Jean-Louis Masson, l’animateur Patrick Sébastien... Nombreux sont ceux à s’en être déjà pris dans le passé au prétendu anonymat des internautes. Hier, le président de la République a à son tour lancé une pique, affirmant que le gouvernement Ayrault veillerait à « éviter la tranquillité de l’anonymat qui permet de dire des choses innommables sans être retrouvé ».

 

Hier soir, le chef de l’État recevait à l’Élysée le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Pour l’occasion, François Hollande a tenu un discours dans lequel il a notamment rappelé le cap du gouvernement en matière de lutte contre l’antisémitisme. Le président a ainsi fait valoir que la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, et le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, étaient à cet égard « entièrement mobilisés ».

 

« L’antisémitisme, ce n’est pas l’affaire de la communauté juive, c’est l’affaire de tous les Français. C’est pourquoi j’invite tous ceux qui sont victimes d’actes racistes d’une manière générale, mais [aussi] d’actes ou de propos antisémites, à ne rien tolérer et à s’adresser à la police, à la justice, parce que les coupables doivent répondre de ces actes et doivent être identifiés et sanctionnés » a déclaré le président.

Le gouvernement veillera à « éviter la tranquillité de l’anonymat » sur Internet

François Hollande a d’ailleurs bien laissé entendre que cet avertissement valait également en matière d’actes racistes ou antisémites commis sur la toile. « Nous agissons, avec le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, pour que sur tout ce qui est "Internet", nous puissions là encore éviter la tranquillité de l’anonymat qui permet de dire des choses innommables sans être retrouvé » a ainsi affirmé le chef de l’État, avant de préciser : « Là aussi, j’ai demandé au gouvernement d’y veiller tout particulièrement ».

 

L’on s’en souvient, le président de la République avait déjà expliqué en mars dernier qu’il avait demandé au gouvernement de prendre des mesures « pour lutter contre la diffusion des messages de haine sur Internet, en particulier sur les réseaux sociaux ». Il avait alors insisté : « Je veillerai à les contraindre, ces réseaux, à fournir ces noms pour qu’il y ait dissuasion et répression ». À l’époque, Twitter refusait encore de fournir les données d’identification de plusieurs de ses utilisateurs, alors que la justice française lui avait imposé une telle collaboration suite aux poursuites engagées par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Depuis, l’entreprise américaine a cédé et s’est pliée aux exigences des magistrats français, même si aucun twittos n’a encore fait l’objet de poursuites de la part du Parquet.

Dans l'attente des conclusions du groupe de travail sur la cybercriminalité

Quoi qu’il en soit, le bilan du gouvernement s’avère pour l’heure relativement maigre sur ce dossier. La concertation engagée avec Twitter, sous l’impulsion de la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, n’a par exemple conduit qu’à la mise en place d’un compte de « signalant prioritaire » pour l’association SOS Homophobie - qui semblait d’ailleurs guère satisfaite du dispositif.

 

Aussi, de nombreux députés ont transmis ces dernières semaines aux ministres de la Justice ou de l’Intérieur des questions écrites pour les alarmer d’une augmentation du nombre de messages à caractère raciste ou antisémite publiés sur Internet, et en particulier sur les réseaux sociaux (voir par exemple ici ou ). Mais jusqu’ici, l’exécutif renvoyait les parlementaires vers les conclusions prochaines d’un groupe de travail interministériel relatif à la cybercriminalité. Installé cet été, ce groupe de travail présidé par un magistrat devait rendre ses conclusions à la fin novembre. Hier, nous révélions que finalement, il faudrait attendre la mi-février...

 

Dans un courrier adressé en juillet à différentes organisations de lutte contre les discriminations, la Garde des Sceaux expliquait néanmoins que ce groupe de travail associant les ministères de l’Intérieur, de la Justice, du Budget et de l’Économie numérique se penchait sur les questions de cybercriminalité, et serait à ce titre tout particulièrement chargé de faire des propositions relatives à la lutte « contre le racisme et l’antisémitisme sur Internet ». La Place Vendôme affirmait qu’il serait ainsi question de voir comment « inciter les sociétés à coopérer dans la lutte contre les tweets à caractère raciste et antisémite ».

 

En attendant, les plaintes très médiatisées - comme celle de l’UEJF ou du Comité IDAHO de cet été - semblent piétiner, puisqu’aucun internaute n’a à ce jour été poursuivi par le ministère public. 

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