LGA 1155 : un socket... qui ne change pas
Il y a quelques jours, Intel levait le voile sur ses nouveaux chipsets de série 7 (Panther Point), que nous avions analysés dans ce dossier. Aujourd'hui, le géant de Santa Clara passe à la seconde étape en annonçant enfin ses processeurs Core de 3ème génération de la gamme Ivy Bridge que nous avons décidé d'analyser en détail dans ce dossier.Un lancement qui se fait en deux temps pour diverses raisons. Tout d'abord, il faut savoir que l'on arrive un peu en retard par rapport à ce qui était prévu au départ, puisqu'il était question du premier trimestre 2012. Intel disposait néanmoins de ses chipsets et ne voulait certainement pas retarder les constructeurs de cartes mères, avides de nouvelles ventes, plus longtemps. Mais cela arrange aussi au final les équipes marketing qui se voient en général gâcher leur lancement par les remarques sur le niveau de pauvreté des améliorations des chipsets. Cette fois, ce ne sera pas le cas, nous vous avons dit tout ce que nous en pensions dans ce précédent dossier.
Une transition dans la douceur, à quelques détails près
Passons donc au CPU, et avant de nous INtéresser à ce qui change, restons un moment sur ce qui ne change pas : le socket. En effet, Intel semble avoir (enfin) pris en compte les remarques concernant la pérennité de ses plateformes et a décidé que les puces de génération Sandy Bridge et Ivy Bridge seraient interchangeables. Ainsi, dans la pratique, il est impossible de les différencier sans les retourner. Seuls les composants placés sous le CPU, et les références indiquées sur celui-ci permettent de faire la différence.Sandy est à gauche, Ivy est à droite
Les chipsets sont ainsi compatibles broche à broche et les processeurs exploitent tous un socket LGA 1155. Ainsi, les fabricants de cartes mères peuvent facilement passer d'un chipset de série 6 à un modèle de série 7, et les utilisateurs peuvent y connecter n'importe quel Core 2000 / 3000, ou presque.
En effet, cela souffre tout de même de quelques exceptions. Tout d'abord les Core i7 3800 / 3900, qui sont des puces de la génération Sandy Bridge-E exploitant un socket LGA 2011 ne sont pas compatibles. Une fois encore, on aurait aimé que la distinction soit un peu plus franche au niveau de la dénomination, pour éviter la confusion chez l'utilisateur non averti, et les dérives possibles lorsqu'il faudra agrandir les gammes.
De plus, comme nous l'évoquions dans notre précédent dossier, les chipsets B65, Q65 et Q67, ainsi les cartes qui les exploitent, ne sont pas compatibles avec les processeurs de la génération Ivy Bridge. Les utilisateurs Pro devront donc repasser une fois à la caisse.
Le H61 pour l'entrée de gamme, dans la pratique, ça marche... avec un BIOS à jour
Pour le reste, aucun problème, si vous disposez d'un BIOS à jour, votre processeur Ivy Bridge sera alors parfaitement supporté. C'est tellement le cas qu'Intel a décidé que le chipset H61 restera son modèle d'entrée de gamme pour cette génération, et qu'il ne sera pas remplacé.Une affirmation que nous avons bien entendu décidé de vérifier. Ainsi, nous avons effectué un essai avec un modèle H61MU-E35 signé MSI qui n'est pas le constructeur le plus réactif sur le sujet. On regrettera tout de même que sans le nouveau BIOS, il était impossible de la démarrer. C'est dans ce genre de cas que l'on apprécie des initiatives comme le BIOS Flashback d'Asus, qui permet une mise à jour sans même démarrer la machine.
Pensez donc, si vous utilisez une carte dont le chipset est de la série 6, à bien vérifier que celle-ci est certifiée pour un support d'Ivy Bridge et qu'elle est à jour. Cela devrait être le cas de la quasi totalité des modèles sur le marché. Si votre matériel n'est pas concerné, n'hésitez pas à nous le faire savoir.
Cap sur le 22 nm et les transistors Tri-Gate « 3D »
Passons maintenant aux nouveautés de cette génération Ivy Bridge. Et la première d'entre elles est sans aucun doute le passage au 22 nm. En effet, dans la stratégie d'Intel, Ivy Bridge est un « Tick », c'est à dire que son architecture évolue assez peu, mais que la finesse de gravure est revue à la baisse.22 nm : les transistors d'Intel passent à la 3D (tri-gate pour les intimes) !
Nous ne reviendrons pas en détail sur le 22 nm (Process P1270) que nous avions déjà évoqué lors de son annonce l'année dernière, mais il sera surtout pour Intel l'occasion de démontrer son savoir-faire en terme de capacité à continuer à innover sur le terrain des semi-conducteurs. Il est en effet le premier à produire en masse de tels transistors Tri-Gate « 3D » alors que certains ont encore du mal avec le passage au 28 nm, le résultat de près de 10 ans de R&D.Selon les chiffres fournis par le fondeur, cette nouvelle génération lui permet d'assurer un fonctionnement à des tensions toujours plus basses, ou à des fréquences toujours plus importantes, tout en assurant des pertes minimales. Le coût, lui, ne serait que de 2 à 3 % supérieur aux process précédents. On nous promet donc des records d'overclocking et une puissance consommée réduite, ce que nous vérifierons bien entendu dans la pratique.
Déjà quatre Fabs sont en place... les puces dédiées à la mobilité en ligne de mire
Les puces en 22 nm sont d'ores et déjà en production dans les Fab 28 (Israel), Fab 32 (Arizona) et dans la Fab D1D (Oregon). Et si pour le moment, seuls les processeurs grand public sont concernés, Intel compte bien étendre cette finesse de gravure à ses produits destinés aux serveurs, à ses Atom et à ses SoC. Plusieurs représentants de la marque nous ont d'ailleurs indiqué que le 22 nm pourrait être l'une des clefs de la réussite dans des marchés tels que celui des smartphones et des tablettes face aux puces exploitant une architecture ARM. Reste à voir ce que cela donnera dans la pratique, tant cela nous semble un brin optimiste...Quoi qu'il en soit, sachez que bien qu'une étape semble franchie pour le fondeur, la cadence d'évolution de sa finesse de gravure ne devrait pas réduire. Ainsi, le passage au 14 nm puis au 10 nm sont d'ores et déjà en ligne de mire pour une production des premières puces pour 2013 et 2015.
Reste à voir si Intel tiendra là encore ses promesses, ce que l'on devrait nous confirmer dès le prochain IDF, tout du moins pour le 14 nm qui devrait montrer ses premiers résultats l'année prochaine, alors que les processeurs de la génération Haswell et leur nouvelle architecture arriveront sur le marché.
Ivy Bridge : 20 % de transistors en plus, pour 25 % de die en moins
Au final, on arrive donc à une puce qui compte 1,4 milliard de transistors pour un die de 160 mm². Pour rappel, dans le cas de Sandy Bridge (32 nm) il était question de 1,16 milliard de transistors qui étaient contenus dans 214 mm².Bref, une augmentation de 20 % d'un côté qui aboutit sur une réduction de 25 % de l'autre, ou comment améliorer les performances tout en réduisant ses coûts de production (si le rendement est bon, ce qui est le cas selon Intel).
Nouvelles instructions, Secure Key et OS Guard
Mais à quoi peuvent donc bien servir tous ces transistors supplémentaires ? Comme nous le disions plus tôt, Ivy Bridge est un « Tick », il ne faut donc pas s'attendre à des miracles d'innovation, le but étant surtout de passer à un nouveau process de fabrication dans les meilleures conditions possibles. On retrouvera donc en majorité les améliorations de la génération Sandy Bridge que nous avions étudiées au sein de ce dossier.De nouvelles instructions, et une efficacité revue à la hausse
Pour autant, Intel n'a pas souhaité se reposer sur ses lauriers et a apporté de nombreuses petites touches çà et là. On trouve tout d'abord des modifications dans les jeux d'instructions et dans la gestion de la sécurité, ce qui intéressera surtout les développeurs.Ils pourront ainsi convertir un groupe de quatre flottants sur 16 bits compressé en groupe de quatre flottants sur 32 bits (simple précision) et inversement (VCVTPH2PS / VCVTPS2PH), des instructions qui arriveront dans les prochaines générations de processeurs AMD (Coeurs Piledriver).
On notera aussi le support de l'instruction CR4.RDWRGSFS qui permet un accès aux registres FS/GS depuis du code utilisateur. Celle-ci doit néanmoins être gérée par le système d'exploitation pour être exploitée. Les instructions MOVSB et STOSB ont aussi été spécifiquement améliorées, pour rendre plus efficaces les opérations de déplacement ou d'enregistrement de blocs de données afin d'éviter les optimisations spécifiques à l'architecture.
Intel précise néanmoins que dans certains cas, notamment lorsque la taille du bloc est connue au moment de la compilation et que celle-ci n'excède pas 64 bytes, ce ne sera pas toujours la meilleure solution.
Mais bien d'autres améliorations sont de la partie au niveau du pipeline, du prefetcher, de la gestion des canaux mémoire, du cache, de l'amélioration de la performance de certaines instructions (Shift / Rotate) ou de certains registres qui sont revus à la hausse (split load).
Au final, on obtient tout de même des performances de 5 à 10 % avec un Core i7 3770K par rapport à un 2600K en moyenne, malgré un gain de 100 MHz seulement, sur notre protocole, avec quelques cas plus INtéressants. Cela ne change néanmoins pas grandement la donne, mais nous reviendrons bientôt sur ces chiffres plus en détails.
Secure Key et OS Guard : la sécurité toujours au coeur de la stratégie d'Intel
On note aussi l'arrivée du DRNG (Digital Random Number Generator) et de son instruction RDRAND qui renvoie tout simplement un nombre aléatoire sur 16, 32 ou 64 bits. Une fonctionnalité qui est bien plus complexe qu'il ne peut y paraître. Ce chiffre étant plus souvent utilisé pour le chiffrement et la protection de données, il doit respecter de nombreuses conditions : ne pas pouvoir être prédit, être équiprobable, être généré rapidement... Une qualité et une efficacité qui n'est pas toujours simple à trouver dans la pratique.Ici, Intel veut donc simplifier la vie des développeurs en leur donnant une source de nombres aléatoires fiables avec une entropie maximale via cette solution matérielle. Elle est d'ailleurs compatible avec plusieurs standards exploités par le gouvernement américain : l'ANSI X9.82, le SP 800-90A du NIST (National Institue of Standards and Technology) et le FIPS 140 2-3 de niveau 2.
Vous retrouverez plus de détails dans cet article publié sur le site d'Intel. Reste à savoir si cette technologie, qui sera connue commercialement dans la pratique sous le nom de Secure Key, sera réellement exploitée par des applications grand public, en fonctionnant de pair avec IPT par exemple, qui est déjà exploitée par Steam pour sa fonctionnalité Steam Guard ou par des sites comme eBay, Paypal...
Intel semble aussi décidé à nous protéger contre les attaques par élévation de privilège et met en place son SMEP (Supervisory Mode Execute Protection) qui sera connu commercialement sous le nom d'OS Guard. Cette solution permet de limiter l'exécution de certaines instructions lorsque le CPL (Current Privilege Level) est inférieur à 3. Elle fonctionne aussi bien en 32 bits qu'en 64 bits, mais doit être implémentée par le système d'exploitation. Ce n'est pas le cas de Windows 7, mais Windows 8 pourrait être concerné. Sous Linux, le noyau a déjà connu quelques patchs permettant un tel support.
Une solution qui est sans doute la bienvenue, mais qui n'est pas la panacée, puisque comme certains l'ont déjà soulevé, des contournements devraient être possible.
Baisse de la consommation et... overclocking
Si le passage au 22 nm devrait permettre une baisse sensible de la consommation, et donc de l'autonomie dans le cadre des modèles dédiés aux ordinateurs portables, Intel a néanmoins décidé d'apporter quelques améliorations complémentaires à son architecture. Tout d'abord le support de la DDR3-L, fonctionnant à basse tension, pour l'ensemble de ses puces mobiles. Ce ne sera donc pas le cas pour celles dédiées aux machines fixes.La baisse de la consommation aussi en ligne de mire
Mais ce n'est pas tout puisqu'Ivy Bridge apporte le support du « Power Gating » sur une la zone en charge des E/S mémoire. Une section de la puce dont Intel estime qu'elle sera à 90 % éteinte au repos ou dans des applications telles que MobileMark 2007, soit un gain de 100 mW, qui baissera à 70 mW dans le cas d'une lecture de Blu-Ray par exemple.Ce mode s'activera à partir de l'état C3 et ne nécessite pas de mise à jour matérielle ou logicielle. Intel précise qu'une latence d'accès à la mémoire de 5 à 10 µs supplémentaires peut être induite par ce fonctionnement, ainsi, il ne sera pas activé lorsque cela sera nécessaire.
Ensuite, il est question de l'algorithme PAIR (Power Aware Interrupt Routing) que nous avions déjà évoqué lors d'un précédent IDF. Le but est ici de router toutes les interruptions vers un même coeur afin de ne pas réveiller les autres inutilement. Le choix se fera en fonction des différents C-State et P-State lorsque le système d'exploitation est en mode économie d'énergie dans ses paramètres d'autonomie (et non pas en mode performance).
Au final, il ne faut néanmoins pas s'attendre à des écarts énormes par rapport à la génération précédente. En effet, au repos on reste toujours dans la zone des 30 watts environ, sans carte graphique. En charge, le gain est de 10 à 15 watts environ selon nos premiers essais avec et sans carte graphique (on passe de 135 watts à 123 watts sous Cinebench dans ce dernier cas, par exemple).
Vous préférez faire grimper les watts ? L'overclocking est aussi de la partie
À l'inverse des efforts effectués pour l'amélioration de la performance énergétique de ses puces, Intel cherche aussi à satisfaire les amateurs d'overclocking. Ainsi, quelques optimisations spécifiques leur sont dédiées. Tout d'abord, sachez que la limitation de la Base Clock (BCLK) est toujours de la partie, et qu'aucun multiplicateur n'est prévu comme avec les Sandy Bridge-E. L'architecture restant sensiblement la même que précédemment, il faudra très certainement attendre Haswell pour voir les choses réellement changer de ce point de vue (et encore...). Il faudra aussi oublier le chipsrt H77 qui ne propose que l'overclocking de l'IGP, pas du CPU, contrairement aux Z75 et Z77.Pour autant, le coefficient multiplicateur maximal passe de 59x à 63x, ce qui avec 5 % d'amélioration sur le BCLK (soit 105 MHz), nous donne une fréquence maximale théorique de 6.6 GHz. Une valeur semble-t-il déjà dépassée par les amateurs d'Azote, l'arrivée d'Ivy Bridge devrait donc être l'occasion de nouveaux records, même si l'on ne devrait pas atteindre les niveaux d'un Bulldozer (AMD FX) et ses 8 GHz.
Le support de la mémoire, qui est au départ de 1600 MHz même avec deux canaux, peut de son côté désormais atteindre les 2.8 GHz, avec une granularité plus faible puisqu'il est question de pas de 200 MHz contre 266 MHz précédemment. Les passes de « Memory Training » dans le BIOS ont aussi été améliorées afin de permettre aux amateurs d'overclocking de grimper plus haut en fréquence, tout en restant stable dans la pratique.
Notez enfin qu'Intel a décidé de faire un effort au niveau de l'UEFI de ses cartes mères et propose enfin une interface digne de ce nom, simplifiée et pensée pour les amateurs d'overclocking, avancés ou non. Nous y reviendrons plus en détail un peu plus tard.
PCIe 3.0, HD Graphics 2500 / 4000 et QSV 2.0
Autre nouveauté d'Ivy Bridge : le support du PCI Express 3.0. Ici, Intel nous a indiqué avoir travaillé spécifiquement pour assurer un débit maximal, ce qui ne devrait néanmoins pas être d'une utilité folle pour les cartes graphiques. Il en sera sûrement tout autrement dans le cas des serveurs, lorsqu'il s'agit d'utiliser les GPU, ou les solutions de type MIC pour assurer des calculs massivement parallèles.16 lignes PCIe 3.0 pour Ivy Bridge. Le découpage dépend du chipset
Cela permettra aussi de disposer d'un débit plus important pour les cartes compactes de type x1 à x4. Pour rappel, le PCIe 3.0 apporte en effet une bande passante doublée par ligne, soit 8 GT/s pour un port x16. Au niveau de son implémentation, de nombreux éléments ont donc dû changer comme le montre cette capture de la documentation qui nous a été fournie par le fondeur.Au sein de chaque processeur, 16 lignes sont intégrées. En fonction du chipset utilisé, leur découpage pourra évoluer :
- x16 : H77, Z75 et Z77
- x8 + x8 : Z75 et Z77
- x8 + x4 + x4 : Z77
Pour en profiter, il faudra bien entendu disposer d'un processeur Ivy Bridge (Sandy Bridge étant limité au PCIe 2.0). Il sera INtéressant d'analyser, dans les jours à venir, les débits offerts par les différentes solutions.
HD Graphics 2500 / 4000 : le petit « plus » qui fait que ?
Passons maintenant à la partie graphique. Tout d'abord, au sein de la puce, on peut voir que l'importance prise par celle-ci est plus forte :En effet, comme on peut le voir sur ces représentations de Sandy Bridge et d'Ivy Bridge, l'IGP occupe désormais un peu moins de 30 % du die contre 20 % précédemment. Intel estime d'ailleurs l'avoir fait assez évoluer pour considérer qu'Ivy Bridge n'est pas qu'un « Tick » mais un « Tick+ ».
Parmi les nouveautés les plus visibles, on notera tout d'abord le support natif de trois sorties vidéo. En effet, chaque processeur vous permettra d'assurer le fonctionnement de trois écrans via des sorties numériques. Bien entendu, il ne faudra pas s'attendre à un fonctionnement de type groupé pour les applications 3D comme c'est le cas avec les solutions Eyefinity d'AMD et Surround de NVIDIA, mais dans le cadre d'un usage bureautique, cela devrait être bien suffisant.
Gestion de trois écrans : deux DisplayPort nécessaires sur les cartes mères
Notez par contre que les constructeurs ne se bousculent pas au portillon pour proposer trois sorties vidéo sur leurs cartes mères. Celles-ci occupent en effet de la place sur le panneau arrière, et il est sans doute bien plus vendeur de proposer une pléthore de ports USB / FireWire / eSATA, notamment sur les cartes destinées aux joueurs et autres amateurs de performances qui utiliseront certainement une carte graphique.Si vous avez surtout besoin d'un trio d'écran et de puissance CPU... il vous faudra donc partir à la chasse au Dahut, d'autant plus que seuls certains modèles spécifiques seront concernés. Nous avons en effet eu la confirmation que dans le cas d'une carte mère vendue séparément, il faudrait que celle-ci comporte deux ports DP et un port tiers (au choix) pour exploiter cette fonctionnalité.
Pour un portable exploitant l'eDP pour son écran, les deux ports complémentaires pourront être de tout type, alors que dans le cas d'une machine de type All-in-one, il faudra au moins un port DP sur les deux proposés en complément.
Les modèles destinés aux PC multimédias et aux machines de bureau devraient néanmoins proposer un tel trio. Au choix on pourra donc avoir de l'HDMI 1.4a, du DVI-DL ou du DP 1.1a.
API : DirectX 11, OpenCL sur GPU... mais OpenGL 3.1
Du côté des API supportées, on note l'arrivée de DirectX 11, ce qui devrait permettre d'en profiter sur des titres peu gourmands tels que World of Warcraft par exemple. On notera donc l'arrivée du support de la tessellation, mais cela permettra aussi de profiter des Compute Shaders en version 5.0.
Comme chez NVIDIA pour Kepler et contrairement à AMD pour ses Radeon HD 7000, DirectX 11.1 qui est une amélioration mineure qui arrivera avec Windows 8 n'est pas évoquée pour le moment. On s'étonnera par contre du support d'OpenGL qui se limite à la version 3.1, preuve que les pilotes vont encore devoir évoluer.
Pour les amateurs d'OpenCL, sachez qu'Intel semble enfin décidé à se bouger un peu. En effet, si c'est la version 1.1 qui sera nativement supportée, elle devrait l'être aussi bien pour le CPU que pour l'IGP. Un SDK permettant d'exploiter cette nouvelle fonctionnalité nous a ainsi été annoncé.
QSV passe la seconde et s'ouvre aux outils de vidéo-conférence... mais pas au libre
Quick Sync Video, le moteur d'encodage vidéo intégré, passe pour sa part à la version 2.0, qui est gérée par la version 2012 du Media SDK dont nous vous parlions il y a peu. Intel annonce cette nouvelle mouture comme bien plus efficace en terme de performance, mais précise aussi que des fonctionnalités d'amélioration du contraste et des couleurs sont désormais disponibles dans le « Pixel Back End ».Des mises à jour des logiciels exploitant QSV seront nécessaires pour profiter de ces améliorations. Elles devraient être publiées dans les jours qui viennent par les partenaires d'Intel comme Cyberlink, ArcSoft, Corel... et le fondeur précise que des solutions de vidéo-conférence telles que Lync de Microsoft profiteront de cette fonctionnalité. Aucun mot sur des outils plus grand public tels que Skype, par exemple.
Plus largement, nous avons demandé au géant de Santa Clara ce qu'il en était du support de projets libres, ou d'une version du Media SDK sous Linux... et nous avons une fois de plus eu une réponse plutôt floue et plutôt négative.
Notez que lors de nos rencontres avec Jean Baptiste Kempf, président de la fondation VLC, il nous a été précisé plusieurs fois que, bien que des discussions sont en cours avec Intel, la licence du Media SDK empêche son utilisation au sein de tels projets. Il serait donc appréciable que le fondeur revoit un peu les choses afin que les utilisateurs puissent profiter plus largement des possiblité de ce moteur d'encodage, autrement que dans quelques outils commerciaux.
WiDi pour PC de bureau, Insider 2.0 et performances 3D
Pour les amateurs de sans-fil, notez qu'Intel apportera le support de Wireless Display 3.0 à ses puces Ivy Bridge lorsque tout sera prêt au niveau logiciel. Pour rappel, cette nouvelle mouture permettra l'utilisation du Full HD 1080p24 ou de la 3D.En attendant WiDi 3.0, Intel incite à son utilisation sur PC de bureau
Intel fait d'ailleurs un certain bon en avant puisque, comme nous le verrons plus en détail bientôt, il incite à l'utilisation d'une version « Desktop » de WiDi. Au sein de son kit de presse, il a en effet fourni une carte PCIe x1 qui dispose d'une puce Centrino Advanced N-6205.On pourra alors profiter de Wi-Fi Direct, transformer son PC en point d'accès, diffuser du contenu sur une TV via WiDi... Nous reviendrons bientôt sur la mise en place pratique de cette solution qui représente surtout pour Intel une manière de vendre toujours plus de puces Wi-Fi, en s'ouvrant à un nouveau marché. Notez néanmoins que les constructeurs suivent la tendance puisque Asus, Gigabyte ou Zotac par exemple proposent nativement du Wi-Fi avec des solutions logicielles complémentaires.
De plus, comme nous l'évoquions récemment, des TV devraient bientôt s'afficher comme supportant nativement WiDi, sans avoir besoin d'un bloc spécifique à connecter. Ce sera le cas de nouveaux modèles, mais aussi de modèles existant qui ne nécessiteront qu'une mise à jour de leur firmware. Des rumeurs concernant un support par certaines Box de FAI est aussi persistante, mais ni Intel, ni nos différents contacts chez les sociétés fournissant un accès ADSL / Fibre n'ont souhaité nous donner plus de détails.
Enfin, sachez qu'une nouvelle version de la gestion des DRM pour l'accès aux contenus payants arrivera avec Insider 2.0. Pour rappel, Insider est une implémentation de la protection HDCP 2.0 qui s'applique de l'écran de l'utilisateur jusqu'au serveur du diffuseur à travers une connexion internet sans fil ou non. Une requête des ayants droits lorsqu'il s'agit de permettre la diffusion de leurs contenus sur des PC en Full HD 1080p. Cette nouvelle mouture apportera notamment l'arrivée d'UltraViolet, sur laquelle vous trouverez plus de détails sur Wikipédia.
Du côté de la 3D : toujours plus performant... mais pas encore assez ?
Du côté des performances 3D, Intel annonce avoir fait de nombreux efforts. Tout d'abord au niveau de la segmentation et de l'efficacité de ses unités d'exécution (EU). La gestion de la géométrie, des données qui n'ont pas à être affichées à l'écran, de la co-issue et de l'utilisation du cache a été optimisée. Le filtrage anisotropique a aussi été largement amélioré, comme nous le verrons lors de la publication de nos tests plus poussés.Mais comme pour le reste de la puce, Intel annonce surtout avoir cherché à améliorer l'efficacité énergétique, et annonce un rapport performance / watt doublé.
Comme pour la génération précédente, deux versions sont proposées : les HD Graphics 2500 et 4000 qui remplacent les HD Graphics 2000 et 3000. Dans le premier cas, le nombre d'EU ne change pas et reste de 6 alors que dans le second, on passe de 12 à 16.
Bien que nous reviendrons plus en détail sur les performances de l'ensemble dans un prochain dossier, nous pouvons d'ores et déjà annoncer qu'il ne faut pas s'attendre à des miracles. Il est en effet parfaitement possible de jouer à WoW à 60 fps en qualité bonne, en 1680,1050, mais sans AA avec un HD 4000. Sous DiRT 3, dans les mêmes conditions et en mode Medium, on arrive à 25,75 fps. Le drame commence lorsque l'on commence à activer des options avancées ou de l'AA. Les performances chutent alors drastiquement.
Lors de la bêta de Diablo III, nous avons aussi pu effectuer quelques essais, mais il nous était impossible de dépasser les 30 fps en moyenne, la gestion des ombres étant à désactiver pour profiter d'une performance décente.
AMD arrive avec Trinity : de quoi faire mal à Ivy Bridge en 3D ?
AMD, dont les APU devraient encore évoluer sous peu, devrait donc garder un avantage du point de vue de la performance graphique, même si l'on rappellera que pour jouer de manière confortable sur un PC en 1080p, avec une qualité d'affichage correcte, il faudra dans tous les cas passer par une carte graphique tierce. Ces solutions s'adressent en effet surtout aux utilisateurs de portables qui ne sont que des joueurs occasionnels et qui cherchent à allier finesse de leur machine, autonomie et capacité à lancer WoW lorsqu'ils s'ennuient dans leur canapé.Quoi qu'il en soit, Intel semble avancer dans le bon sens en continuant à grimper en performance et en assurant le support d'API récentes, ce qui est une bonne chose même s'il faudra certainement encore attendre un peu avant de le voir réussir à rentrer réellement en compétition avec AMD sur ce plan.
La gamme, les tarifs... et notre conclusion
Passons maintenant à l'étude de la gamme, telle qu'elle sera proposée par Intel. De ce côté, il n'y a pas vraiment de surprise à attendre puisque le fondeur calque sa liste de prix sur l'actuelle :Ainsi, pour un Core i7 capable de gérer 8 threads, il faudra désormais compter 278 $, alors que le plus performant des Core i5 passe sous la barre des 200 $. Le modèle le plus abordable disponible dès aujourd'hui s'affiche pour sa part à 174 $.
Ne voyez d'ailleurs pas dans l'écart entre les tarifs annoncés et ceux de la liste de prix d'Intel une éventuelle baisse. Il est ici surtout question de l'utilisation de deux tarifs différents au sein des services de la société. Ceux de la fiche de prix étant toujours ceux faisant foi.
La gamme et ses tarifs : sans concurrence réelle, Intel ne change rien... ou presque
L'ensemble de cette gamme disposera des fonctionnalités de Turbo sur le CPU et le GPU, comme pour la génération Sandy Bridge et chaque puce graphique verra sa fréquence varier entre 650 et 1150 MHz. Pour autant, seuls les modèles supérieurs au Core i5 3570K (inclus) auront droit à la puce HD Graphics 4000.Une fois de plus, Intel s'obstine à proposer une performance graphique supérieure à des puces à plus de 200 $, qui seront utilisées majoritairement par des utilisateurs qui disposent d'une carte graphique. Un choix toujours aussi étrange. Heureusement, comme vous pourrez le voir dans notre dossier dédié aux puces mobiles, ce n'est pas leur cas puisque là encore, elles sont toutes équipées du HD 4000.
Toutes les versions actuellement proposées pour les PC fixes ont un TDP de 77 watts, mais on pourra opter pour des modèles plus économes en énergie, avec une gestion du Turbo différente. Cette fois, elles sont proposées au même tarif que le modèle dont elles sont dérivées. Deux gammes sont proposées : « T » avec un TDP de 45 watts et « S » avec un TDP de 65 watts.
Une segmentation toujours aussi importante, sur des points de détail
Du côté des fonctionnalités annexes, tous les CPU annoncés aujourd'hui disposent du PCIe 3.0, de QSV 2.0, de la gestion de trois écrans, et des technologies Secure Key / OS Guard et de la virtualisation (VT-x). Néanmoins, certains seulement disposent de VPro, TXT, de la virtualisation des E/S (VT-d). Ces derniers ne font pas non plus partie du Stable Image Platform Program (SIPP) qui assure une stabilité de la plateforme et des pilotes pour une durée de 15 mois.Comme souvent chez Intel, l'arrivée des Pentium et des Core i3, prévue pour dans quelques semaines, sera l'occasion de rajouter un niveau de segmentation supplémentaire. Ainsi, Secure Key disparaîtra des premiers alors que les seconds devront aussi tirer un trait sur la majorité des fonctionnalités liées à la partie graphique, mais aussi sur OS Guard et Anti-Theft.
Ivy Bridge : de nombreux changements, mais pas de quoi révolutionner le genre
Au final, comme on peut le voir, Intel a bel et bien amélioré sa gamme actuelle, et propose donc mieux, pour moins cher, le tout en restant compatible avec la plateforme actuelle. Pour autant, Ivy Bridge n'est qu'un « Tick » et ne révolutionne pas le genre. D'après nos premiers essais, les performances sont en augmentation de 5 à 10 % seulement dans la plupart des applications. La partie graphique est certes plus véloce, mais ne permet toujours pas de convaincre les joueurs. Il faut donc là aussi y voir un complément de performance appréciable, d'autant plus qu'il est accompagné nouvelles fonctionnalités bienvenues comme la gestion de trois écrans ou l'amélioration de QSV.Quoi qu'il en soit, si vous disposez déjà d'un processeur Sandy Bridge, et à moins d'avoir absolument besoin d'une des fonctionnalités d'Ivy Bridge, pas la peine d'évoluer pour un modèle équivalent. Si vous cherchiez à passer sur le socket LGA 1155 ou que vous vouliez changer votre Core i3 pour un Core i7, n'hésitez pas : Ivy Bridge est fait pour vous. Cette solution sera d'ailleurs dans une majorité de cas préférable à Sandy Bridge-E qui n'est surtout pensée que pour les amateurs de performances pures et de plate-formes aux fonctionnalités spécifiques (Quad Channel, 32 lignes PCIe...), peu regardant sur le coût de la plateforme.
AMD arrivera-t-il à reprendre la main avec Trinity, ou restera-t-il roi de l'entrée de gamme ?
Reste maintenant à voir ce qu'AMD pourra bien répondre, lors de l'arrivée de Trinity et de ses coeurs de la génération PileDriver. Un match que nous n'hésiterons pas à commenter en détail, tout comme nous reviendrons très bientôt sur les différentes fonctionnalités et les performances des puces Ivy Bridge que nous avons pu recevoir au sein des PCi Labs.Pas la peine non plus de tabler sur une baisse de Sandy Bridge. Les processeurs devraient rapidement sortir des stocks, sans que l'on ne puisse avoir droit à la moindre braderie de fin de vie, ou presque. Bien entendu, nos amis de Prix du Net veilleront à vous avertir si toutefois cela était le cas.