Source : Kim.com
Kim Dotcom, un justicier et un défenseur des internautes ?
Pour beaucoup, Kim Dotcom n'est qu'un gars un peu enveloppé qui n'a qu'un but dans la vie : emmerder les majors de la musique et du cinéma. Il a fait un peu d'argent avec ses sites ? Eh bien il ne l'a pas volé diront certains. Et dès lors que MegaUpload a été fermé de force par le FBI, Kim Schmitz communique massivement, tout du moins depuis qu'il a retrouvé une connexion il y a peu. Aujourd'hui, à l'en croire, Kim Dotcom défend Internet et la liberté d'expression.
Sa vidéo destinée à Barack Obama, Mr. President, en est la meilleure preuve estimeront ses fans, Kim provocant l'actuel président des Etats-Unis quant au pouvoir d'Hollywood sur la politique, rapport aux projets PIPA, SOPA et ACTA. Kim Dotcom n'a d'ailleurs pas hésité à mettre sur le même plan la fermeture de ses sites MegaUpload et MegaVideo. Kim Dotcom menace même Barack Obama de voter contre lui si les fichiers présents sur les serveurs de ses sites n'étaient pas rendus à leurs propriétaires avant le 11 novembre.
Mais derrière ce grand défenseur ne se tiendrait-il pas en réalité un grand mégalomane utilisant de vieilles ficelles politiques pour tirer la couverture vers lui et s'enrichir facilement et rapidement ? La question peut se poser dès lors que l'on analyse la carrière de Kim Dotcom ainsi que ses très nombreux propos dévoilés sur la place publique ces dernières années.
« Un clip qui fracasse toutes les limites communément admises de la mauvaise foi »
Ma consoeur Valentine François, travaillant pour le journal belge Le Vif, a rédigé en ce sens un article publié le 25 juillet dernier. Titré « Kim Dotcom: la chanson qui sonne faux », cet article résume assez bien un certain point de vue que tout le monde n'a pas mais qu'il convient aussi de mettre en avant.
« Quand Kim Dotcom, étrange croisement entre monsieur Bibendum (pour la silhouette) et Tony Montana (pour l'intégrité), se met à la musique, ça donne un clip qui fracasse toutes les limites communément admises de la mauvaise foi. Depuis qu'il a de nouveau le droit de surfer sur Internet, et qu'il a découvert le secret de Kanye West (la magie du vocodeur), l'homme est bien décidé à faire entendre sa voix » débute l'auteure, qui gardera ce ton sciemment provocateur tout le long de l'article.
1994-2003 : fraudes, trahisons, délit d'initié, détournement de fonds...
Mais revenons aux débuts de Kim Dotcom, ou plutôt Kim Schmitz. À 20 ans, en 1994, il crée la société DataProtect spécialisée dans la sécurité informatique. Quatre ans plus tard, Schmitz est condamné en Allemagne à deux ans de détention pour de multiples motifs, dont des fraudes informatiques, espionnage, trahison, mensonge quant à ses diplômes, etc. Mais Schmitz ne s'arrête pas là.
En 2002, le futur créateur de MegaUpload est de nouveau condamné à de la prison (avec sursis) et 100 000 euros d'amende, pour délit d'initié et manipulation boursière cette fois. Selon Spiegel.de, l'année précédente, Schmitz a en effet racheté deux millions d'actions d'une valeur de 375 000 euros de LetsBuyIt.com, une société en mauvaise posture financière à l'époque. L'action grimpa suite à ces achats. Le lendemain, après avoir annoncé qu'il investirait 50 millions d'euros et être passé pour le sauveur, l'action de la société se multiplia par trois en sus de la forte augmentation de la veille. Kim profita alors de ce moment pour revendre ses actions pour 1,568 million d'euros. Evidemment, LetsBuyIt.com n'a jamais vu la couleur des 50 millions d'euros.
Suite à cette nouvelle affaire, celui qui s'appelle encore Kim Schmitz à cette époque fut arrêté en Thaïlande, à Bangkok, pour être extradé vers l'Allemagne. Les voyages à l'étranger, les arnaques, les détournements et les extraditions (ou menaces d'extraditions) ne sont donc en aucun cas une nouveauté pour lui aujourd'hui, cela fait plus de dix ans qu'il s'agit de son quotidien.
Mais nous n'en sommes qu'au début. Dès l'année suivante, en 2003, Kim part à Hong-Kong et développe Trendax, une société d'investissement et de transaction financière pour les marchés récemment créée. Kim, grâce à un algorithme novateur, promet à ses clients potentiels un rendement annuel d'au moins 25 % à l'époque, et cela pouvait grimper jusqu'à 100 %. Certains se rendront compte que sa société n'a même jamais été enregistrée par les autorités financières, que ce soit à Hong-Kong où la société était basée ou en Allemagne où Kim réalisait de nombreuses affaires. Au final, Trendax ne reposait que sur de simples promesses, véritable marque de fabrique du jeune homme..
Ce n'est pas tout. Toujours en 2003, Schmitz est invité à se défendre de nouveau devant les tribunaux, cette fois pour détournement de fonds. Il est en effet accusé d'avoir obtenu une énorme somme d'argent grâce à un prêt non garanti de 275 000 euros versé à Kimvestor AG par Monkey AG, deux sociétés lui appartenant. Ces dernières déposèrent ensuite le bilan. Schmitz, qui confirma les faits, fut condamné à deux ans de probation. Schmitz confessa qu'il ne savait pas qu'il ne pourrait pas rembourser le prêt et ainsi empêcher la faillite des deux entreprises. Pour lui, il ne s'agissait que d'une simple négligence. Désormais, Kim a grandi assurait-il cette année.
Entre 1994 et 2003, Kim Schmitz montre ainsi déjà aux yeux de tous son goût pour le luxe, les belles voitures, les belles femmes, l'argent facile, et les grandes phrases et actions parfois sans queue ni tête. Par exemple, suite aux attentats du 11 septembre 2001, Schmitz eu la riche idée d'offrir quelques jours plus tard une récompense de 10 millions de $ pour la tête du terroriste n°1 au monde. Une somme deux fois supérieure à celle du FBI selon la presse allemande, bien que le FBI proposa ensuite 25 millions de $ pour quiconque ramènerait Oussama Ben Laden mort ou vif.
La suite, vous la connaissez certainement bien plus. En 2005, Kim Schmitz émigre vers la Nouvelle-Zélande. Il profite alors de l'occasion pour changer d'identité. Il se nomme désormais officiellement Kim Dotcom, véritable acte narcissique pour certains, juste humoristique pour d'autres. C'est aussi en 2005 que Kim Dotcom crée un certain MegaUpload, même si la société fut basée non pas en Nouvelle-Zélande mais à Hong-Kong. Entre 2005 et 2010, Kim Dotcom se fit (un peu) plus discret, faisant de ses différents sites Mega de véritables succès mondiaux, au point d'avoir une importance grandissante dans le quotidien de millions d'internautes.
Le projet Megabox, la goutte de trop pour les majors ?
Mais c'est en 2011 que tout bascula. Non content du succès de MegaUpload et MegaVideo, Kim Dotcom lance et/ou annonce les services Megabox et Megakey. Le premier n'a jamais vu le jour (outre en version bêta), et avait pour but d'offrir aux artistes une plateforme leur permettant de récupérer 90 % des gains. Ce projet n'est cependant pas encore mort selon Kim lui-même.
Quant à Megakey, ce projet a pu être testé par quelques bêta-testeurs, mais il n'a jamais non plus été proposé au grand public. Megakey consistait à offrir gratuitement un accès Premium aux services des sites Mega en échange d'un système affichant de la publicité du groupe Mega à la place des autres publicités visibles habituellement sur les sites. Un système particulièrement dangereux pour des millions de sites dépendant de la publicité par ailleurs.
Megasong, l'ultime provocation
Fin 2011, Kim Dotcom pousse la provocation envers les majors encore plus loin en réalisant la Megasong, la fameuse chanson où se mêlaient pêle-mêle Kim Kardashian, Serena Williams, P. Diddy, Will.i.am, Snoop Dogg, Kanye West, Chris Brown, Lil John, Alicia Keys et Estelle. Avec le projet Megabox, il n'est pas impossible que Megasong ait été la goutte d'eau ayant fait déborder un vase déjà trop bien rempli.
En 2012, outre la fermeture forcée de ses sites et son arrestation musclée, Kim Dotcom nous a donc montré ses talents de chanteur d'opéra. Son arrestation et les charges qui ont suivi ont de plus permis de révéler d'autres mensonges du monsieur. Par exemple, alors que le site assurait compter 180 millions de membres, le ministère de la justice américaine a indiqué que le site ne comptait que 66,6 millions de membres, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
Le dernier morceau de Kim Dotcom, avec des enfants et des t-shirts pirates, un piège à gogos candides ou un chef-d'oeuvre musical ?
Aujourd'hui, et c'est probablement le plus surprenant, Kim Dotcom n'a pas changé, il est le même qu'il y a 10 ou même 20 ans. Il continue ses annonces grandiloquentes, ses provocations et ses publications mégalomanes. D'arnaqueur financier, ses détracteurs diront qu'il s'est transformé en arnaqueur d'opinion mais que cela n'en reste pas moins un arnaqueur. Cependant, d'un autre côté, certaines de ses luttes restent évidemment justes (qui peut être contre la liberté d'expression ou de communication ?) et le jugement de MegaUpload n'a toujours pas été rendu. L'intéressé reste donc innocent malgré le poids de ses casseroles en or massif.