« la RATP a une mission de service public, et il est dans l’intérêt général de diffuser au plus grand nombre cette carte et les horaires » nous expliquait Benjamin Suchar l’an passé. Pourquoi en effet imposer un monopole privatif sur ces données alors que le service est d’utilité publique ?
À la demande de la RATP, Checkmymetro avait dû malgré tout purger ces contenus pour rester visible sur l’Apple Store. Il lançait dans la foulée un concours de création d’une carte du métro parisien libre et gratuite. Pour Gilles Babinet (Conseil national du numérique) qui avait soutenu ce concours, « ce résultat caractérise clairement le potentiel qui existe dans le domaine qui se trouve à la croisée de l'Open Data et de la cocréation. Les grandes entreprises, en premier lieu desquels la RATP, seraient bien inspirées d'accompagner ce phénomène, qui peut considérablement renforcer la qualité des services qu'elles offrent à leurs clients. »
Les plans en open data
Un an plus tard l’inspiration est là : depuis le 31 juillet dernier, la RATP rend désormais accessible sous licence libre son fameux plan. Sur la page dédiée, elle explique avoir « choisi de s’associer à la démarche globale d’ouverture des données publiques (« Open Data »), initiée par l’État Français avec la mission Etalab et certaines collectivités et administrations, en rendant accessibles et utilisables par tous certaines de ses données. » Quiconque va donc pouvoir profiter de ces contenus pour développer et valoriser ces données brutes via de nouveaux services. « Grâce à cette démarche d’ouverture de ses données, la RATP contribue à faciliter la vie des 10 millions de Franciliens empruntant quotidiennement ses réseaux en Ile-de-France. En phase avec les enjeux du XXIe siècle, la RATP participe ainsi à la modernisation des services publics. »
Un jeu de quatre données est disponible sur « data.gouv.fr », sous licence Etalab :
- Positions géographiques des stations du réseau ferré RATP,
- Correspondances stations/lignes sur le réseau ferré RATP,
- Les données de la qualité de l’air mesurée dans nos stations,
- Liste des commerces de proximité agréés RATP.
Disponibles sur data.gouv.fr, ces données sont publiées sous la licence libre Etalab. La RATP ajoute en outre le Plan RATP schématique métro / Île-de-France, et des indices et couleurs de lignes du réseau ferré RATP.
S’il salue la victoire, l’auteur de CheckMyMetro regrette cependant que « les principales données réutilisables, à savoir les horaires des métros en temps réel, restent fermées ». Comment donc « valoriser ces données brutes » dans une perspective dynamique si les développeurs n’ont accès qu’aux plans, non aux horaires ?
Les horaires en close data
Contactée, la RATP nous explique que cette libération « est une demande spécifique faite par des développeurs lors du bar camp à la Cantine le 20 décembre dernier. Nous sommes dans une démarche d’écoute, et nous ne fermons pas la porte à l’ouverture d’autres données. Tout dépendra des demandes des développeurs et des opportunités stratégiques côté RATP. »
Contacté à son tour, Benjamin Suchar bondit : « le Bar Camp était sur la cartographie, mais je leur ai bien demandé ensuite cette ouverture comme d’autres développeurs que je connais. L’accès aux horaires permettrait d’innover. Avec une telle ouverture, on pourrait imaginer la convergence entre les horaires avec les informations postées sur Twitter, on pourrait imaginer un service qui propose une recherche d’horaires intelligents, etc. ! »
Faut-il faire un lien entre cette ouverture limitée à la carte et le contrat qui lie la RATP avec le STIF ? Le syndicat des transports d'Ile-de-France, autorité du Conseil régional suit en effet de près la fiabilité des horaires de la RATP. Et pour cause, comme expliqué dans Le Monde, « la RATP a quelque intérêt pratique à afficher des statistiques honorables. Selon le contrat qui la lie au STIF, elle perçoit des bonus qui se chiffrent en millions d'euros si la régularité du métro est supérieure à 98 %. Elle doit déduire des malus en deçà de ce seuil. La RATP fait elle-même les calculs qu'elle transmet au STIF, ce dernier évoquant "un devoir de réserve quand on aborde le sujet de la régularité. » (voir également cet article de Mobilicites)
Mais interrogée, la RATP se refuse à faire un tel lien avec cette semi-ouverture : « le système est déjà transparent, cela ne servirait à rien. »