L’exception culturelle française
« L’exception culturelle française repose sur trois ou quatre données (…) il y a le droit d’auteur, sa protection, la dynamique et la diversité. Pour maintenir dans un pays de 65 millions d’habitants la diversité, il faut maintenir toutes les dynamiques de pré-financement (...) et de financement de la culture sous toutes ses formes, pas seulement le cinéma ou la musique ».
Instantanéité, universalité et, une autre paire de manches : la gratuité
« Aujourd’hui on a un nouvel acteur qui est bien sûr le numérique. Et un nouvel acteur extrêmement essentiel que sans doute la loi HADOPI n’a qu’insuffisamment - le mot est faible - pris en compte, c’est l’usager. Aujourd’hui, l’usager, singulièrement dans les parties les plus jeunes de la population, est né avec un triple besoin. L’instantanéité, l’universalité et aujourd’hui encore, peu ou prou, la gratuité. L’universalité, ça veut dire qu’il doit pouvoir avoir accès à tout. Il est né avec ça et ne peut pas concevoir ne pas avoir accès à l’universalité. C’est une vraie merveille de pouvoir atteindre en quatre clics, et quelquefois moins, (...) presque toutes les questions qu’il se pose et tous les contenus dont il peut avoir envie ou besoin. (…) c’est quelque chose qui doit imprimer toutes nos réflexions aujourd’hui. L’instantanéité, c’est la même chose. La gratuité, c’est une autre paire de manches. »
Hadopi, insuffisante, pas assez de dialogue, pas assez d’écoute
« Hadopi a été une première réponse. Elle a été insuffisante. (...) Hadopi, dans sa réponse au piratage et aux sites illégaux, a été à la fois très mal perçue par le monde de l’Internet et celui des usagers, peut-être parce qu’on n’a pas assez dialogué avec eux, on ne les a pas assez écoutés. »
« On n’a développé que la sanction et pas du tout l’aspect offre légale. Évidemment, la sanction est essentielle dès lors qu’il y a vol (ou) détournement. Elle est nécessaire, mais elle ne peut pas être une réponse suffisante. »
Un état des lieux durant trois ou quatre mois
« La mission qui m’est demandée est d’abord de faire un état des lieux dans les trois ou quatre mois qui viennent. État des lieux, ça peut être une formule attrape-tout, il s’agit avant tout d’entendre les acteurs et de dialoguer avec eux. De faire un réel état des lieux, un premier bilan d’Hadopi. Pas seulement de son coût qui semble être effectivement important et difficile à assumer à l’avenir (…) mais également de son efficacité. Je rejoins ce qui a été dit avant moi sur les résultats discutables. »
Suspendre un accès, c’est comme couper l’eau ou la nourriture
« Il me semble par exemple - c’est un avis personnel, je ne suis ni ministre ni juge - que la suspension de l’accès internet est comme une espèce de chiffon rouge parce que ça semble contre-nature. Ce serait comme couper l’eau au début du siècle ou couper la nourriture, au sens générique, pour tout individu. C’est évidemment un chiffon rouge.»
Hadopi affinée, nuancée, mais maintenue
« Mais toute la réponse graduée qui a été installée est quelque chose qui doit être sans doute affiné, sans doute nuancé, mais qui doit être maintenu. Mais ça n’a de sens que [si on fait] en sorte que les offres légales soient développées, sécurisées et - ce n’est pas un mot à employer en plein tour de France - dopées afin de devenir les plus attractives possible. »
Des Hackers devenus complices de Canal
« A Canal +, que j’ai dirigé pendant 18 ans, on parlait beaucoup de nos offres, mais peu de la réunion mensuelle que nous avions sur le piratage. (…) En 2002, on avait atteint 4,100 millions d’abonnés, mais on avait en permanence de 150 000 à 200 000 pirates. On avait à la fois une action contre les filières de la piraterie - ceux qui refourguaient des décodeurs pirates numériques déjà à l’époque sur leurs comptoirs. Il y avait aussi (…) « les antivirus » que préparaient les hackers qu’on avait retournés et fait nos complices et qu’on lançait sur des réseaux de diffusion de nos programmes deux trois jours avant la diffusion d’un grand film français ou international ou avant un grand match de foot. »