Les avantages et les inconvénients d'une solution locale
Le « numérique » occupe une place de plus en plus importante dans nos vies, au point de devenir incontournable. En effet, un nombre croissant d'appareils sont connectés : smartphone, électroménager, appareils photo, télévisions, podomètres et même des montres. Ce changement n'est pas sans poser quelques problèmes, notamment du côté de l'accès à vos données. Nous avons décidé de faire le point sur les NAS qui permettent, entre autres, de centraliser et de sauvegarder vos documents de manière locale, tout en apportant des fonctionnalités intéressantes.
Tout d'abord, commençons par quelques rappels importants. Pour centraliser et sauvegarder vos fichiers, plusieurs solutions s'offrent à vous. L'une d'entre elles est le stockage en ligne, dans le fameux « Cloud ». Elle à l'avantage d'être assez simple à utiliser, d'avoir un coût qui peut être mensualisé et la majorité des acteurs assure une assez bonne sécurité des données en terme de confidentialité et d'intégrité.
Le stockage en ligne n'est pas la seule solution
Pour autant, elle pose des problèmes qui peuvent nécessiter l'utilisation d'une alternative : elle peut peut en effet rapidement devenir coûteuse suivant le type de fichiers et la taille qu'ils occupent. De plus, la question de l'accès à nos données par des agences de renseignement diverses pose de plus en plus de problèmes, comme l'atteste l'affaire Prism.
Un NAS DS1813+ à huit baies de chez Synology
Certains sont ainsi tentés de recourir à une solution plus locale et plus maitrisée. Plusieurs sont disponibles, de l'utilisation de la box de votre FAI, notamment chez Free qui propose de nombreuses fonctionnalités via son Freebox OS (voir notre dossier) mais aussi via un NAS (Network Attached Storage). Il s'agit d'un boîtier autonome qui propose un ou plusieurs emplacements pour installer des périphériques de stockages (HDD ou SSD). Ils exploitent votre réseau local via un câble Ethernet ou du Wi-Fi pour quelques rares modèles et proposent des fonctionnalités plus ou moins avancées. Ils se composent un peu à la manière d'un ordinateur, mais se contrôlent à distance, le plus souvent via une interface accessible depuis votre navigateur.
Vous pouvez donc le construire vous même, et utiliser des solutions telles que FreeNAS ou OpenMediaVault, mais aussi acheter une solution clef en main, en général livrée sans disques durs. Côté tarif, il faut compter 100 € dans le meilleur des cas, à 300 € pour les modèles les plus couramment utilisés et jusqu'à plusieurs milliers d'euros pour ceux destinés à un usage professionnel. Ce sont ces dernier que nous allons étudier de manière détaillée.
Stocker vos données vous-même : une bonne idée qui n'est pas sans dangers
Le matériel est donc à votre domicile, l'ensemble de vos données aussi. Cela est à la fois un avantage en terme de confidentialité, mais cela peut aussi devenir un inconvénient. En effet, c'est à vous d'assurer la sécurité de vos données, en cas d'incendie, de dégâts des eaux ou de vol par exemple, mais aussi dans le cadre d'un accès depuis l'extérieur. Mais il vous faudra aussi veiller à anticiper les pannes matérielles, notamment au niveau des disques durs / SSD. La notion de redondance des données est alors primordiale.
C'est là que le RAID intervient en général, pour les NAS qui proposent plusieurs emplacements. En effet, si le disque dur lâche pour une raison ou pour une autre, vous pouvez dire adieu à vos données. S'il est possible d'effectuer une copie en ligne via des fonctionnalités dédiées, comme nous le verrons un peu plus loin, cette technologie assez largement répandue vous propose une alternative qui peut prendre différentes formes :
- RAID 0 : Prévu avant tout pour la performance, il n'est pas à utiliser pour la sauvegarde des données. La capacité des périphériques est associée pour n'en constituer qu'un seul pour le système d'exploitation. L'accès se fait en simultanée sur chacun des périphériques, mais si l'un d'entre eux tombe en panne, l'ensemble des données est perdu.
- RAID 1 : Prévu avant tout pour la sécurité. Il permet de dupliquer les données sur les différents périphériques. Leur capacité n'est pas contre pas cumulée, mais si l'un d'entre eux tombe en panne, il suffit de le remplacer et aucun fichier n'aura été perdu.
- RAID 5 : Ce système utilise les bits de parité pour associer sécurité et performances. Il faut au moins trois périphériques pour le faire fonctionner. La quantité de ceux pouvant tomber en panne sans perte de données dépend du nombre qui sont utilisés.
- RAID 10 : c'est une combinaison du RAID 1 et du RAID 0. Il faut quatre périphériques minimum, si l'un tombe en panne vos données sont toujours disponibles. Dans certains cas, le RAID 10 peut supporter deux pannes, mais pas plus.
Il existe évidemment d'autres niveaux de RAID, mais qui ne sont généralement que peu utilisées et / ou disponibles sur les NAS grand public. Dans tous les cas, l'espace de stockage disponible dépend de la configuration choisie, du nombre de disques durs et de la capacité de chacun d'entre eux. Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous par ici, ou sur ce sujet de notre forum.
Notez que Synology propose pour sa part un outil vous permettant de connaitre la capacité totale disponible. Il suffit de placer les disques durs dans les emplacements via une petite interface graphique plutôt bien pensée et de choisir un niveau de RAID :
Attention tout de même, dans la grande majorité des cas, il s'agit de RAID semi-matériel, les calculs nécessaires (notamment dans le cas du RAID 5) sont donc confiés au processeur, ce dernier influence donc grandement les performances du NAS, principalement en écriture. Nous reviendrons rapidement sur ce point.
Le choix du périphérique de stockage, un élément important
Dès lors que vous avez retenu la meilleure configuration en fonction de vos besoins, reste une question importante : comment choisir ses disques durs ? Deux écoles « s'opposent » : l'utilisation de périphériques provenant de la même série ou bien de modèles différents, mais de même capacité évidemment.
Dans le premier cas , les performances et le temps d'accès de tous les disques sont équivalents et serviront donc de base de référence pour le RAID, tandis que dans le second cas c'est le plus mauvais des disques qui servira en général d'étalon. Généralement, il donc est plutôt recommandé d'éviter cette situation et d'opter pour des références identiques. Néanmoins, il existe le risque de tomber sur une série défaillante. Ceux qui ont eu la malchance de monter un RAID avec des HDD IBM 60GXP par exemple savent ce qu'il en est.
Certains constructeurs proposent des gammes dédiées aux NAS, est-ce utile ?
Western Digital propose une série de disques durs spécialement pensée pour les NAS : les RED. Ils ont l'avantage d'être garantis pendant trois ans et ils intègrent des fonctionnalités avancées comme NASware : la consommation a été améliorée et en cas de coupure de courant, il pourra tout de même finir d'exécuter la commande en cours.
De son côté, Seagate a décidé de réagir afin de ne pas laisser son principal concurrent seul sur ce segment. Le fabricant a ainsi lancé la série HDD NAS. Ils profitent pour leur part de NASWorks, un ensemble de fonctionnalités améliorant les performances et la fiabilité, y compris lorsqu'ils fonctionnent 24h/24. Que ce soit pour les RED ou les HDD NAS, les deux constructeurs ne les recommandent par contre que pour les NAS avec cinq baies au maximum.
Notez qu'il est aussi possible d'installer des SSD au sein des NAS, mais le coût au Go de ces derniers devrait en refroidir plus d'un. Là encore, il faudra faire attention aux produits utilisés, certaines séries ne sont en effet pas spécialement réputées dans ce domaine, comme les Octane et autres Petrol d'OCZ par exemple. Les SSD ont néanmoins l'avantage d'être moins sensibles aux chocs, à la montée en température et prennent moins de place, ce qui peut être utile avec certains modèles. Ils sont aussi plus performants, mais dans le cas d'un NAS avec un simple port réseau Gigabit, cela n'aura finalement que peu d'incidence, hormis sur le temps d'accès.
La question de la connectique : vos débits en dépendent
En effet, la bande passante théorique maximale de cette connectique est de 125 Mo/s. De plus, certains switch, hub et box internet ne prennent en charge que du 100 Mb/s, soit à peine 12,5 Mo/s au maximum, autant dire que nous sommes bien loin des débits parfois annoncés par les fabricants.
Il est néanmoins possible de dépasser cette limite grâce à l'agrégation de lien. En effet, certains NAS disposent de plusieurs ports réseau qui peuvent fonctionner de concert afin d'augmenter les débits. Avec deux ports il est ainsi question de 250 Mo/s maximum (2x 1 Gb/s), contre 500 Mo/s avec quatre (4x 1 Gb/s) et ainsi de suite. Il faudra par contre disposer d'un réseau et de machines capables d'en tirer parti.
Thecus propose sur certains NAS un contrôleur 10 Gb/s, mais généralement vendu en option
L'avenir appartiend au 10 Gb/s (1 250 Mo/s), mais ce n'est pas pour tout de suite étant donné le prix des cartes réseau de ce genre. Certains constructeurs comme QNAP, Synology ou encore Thecus proposent parfois du 10 Gb/s sur leur NAS, mais toujours en option pour le moment, et à un peu moins de 600 € pièce.
Partons maintennat à la découverte des différents modèles de NAS proposés par les constructeurs, ainsi qu'à leurs différents points importants, les fonctionnalités qu'ils proposent et les options qui peuvent faire la différence au moment de l'achat.
Les applications pour Android, iOS et WP8
En plus de la synchronisation avec les services de stockage en ligne et des applications tierces dédiées aux interfaces utilisateurs, les fabricants proposent de plus en plus des applications mobiles afin de profiter de ses fichiers ou configurer son NAS en toute circonstance.
Applications mobiles : iOS à l'honneur, Windows Phone 8 à la traîne
Si certains comme Synology proposent des applications à foison pour l'audio, la vidéo, les photos, les téléchargements, etc., d'autres sont plus contenus et se contentent du strict minimum... quand ce n'est pas moins. Nous avons là encore décidé de faire le point en nous concentrant sur trois systèmes d'exploitation : Android, iOS et Windows Phone 8. En effet, sur les autres OS comme BlackBerry, les applications officielles sont inexistantes.
Ce tableau indique si le constructeur propose au moins une application pour l'un des OS cités
Comme on peut le voir, iOS sort grand vainqueur puisque tous les fabricants s'y intéressent, tandis que LaCie est le seul à ne rien proposer pour sous Android (seule une application Wuala est disponible). Le support de Windows Phone 8 est par contre encore assez timide avec seulement trois sociétés qui proposent une solution : Buffalo, D-Link et Synology.
Voyons maintenant ce que chacun propose dans le détails.
Des interfaces et des fonctionnalités qui dépendent grandement des cas
- Asustor
Pas de jaloux chez Asustor qui propose des applications identiques pour Android et iOS : AiDownload pour accéder à vos fichiers ainsi qu'à votre centre de téléchargement (des versions tablettes sont de la partie) et AiRemote pour contrôler à distance Boxee, un Media Center gratuit qui peut être installé via la boutique d'applications.
Télécharger pour Android / iOS
- Buffalo
La situation est à peu près identique chez Buffalo avec des applications pour Android, iOS, mais aussi Windows Phone 8. Dans les deux cas, nous avons tout d'abord SmartPhone Navigator qui permet de configurer votre NAS . WebAccess A proposera pour sa part un gestionnaire de fichiers, de suivre les téléchargements en cours, de profiter des photos sous la forme d'un diaporama et même de visualiser des documents au format Word, Excel et PowerPoint par exemple.
Télécharger pour Android / iOS / Windows Phone 8
- D-Link
D-Link suit le mouvement et propose lui aussi des applications pour Android, iOS et Windows Phone 8 vous permettant d'accéder facilement à vos données, mais aussi de les partager avec vos contacts. Attention, suivant la version de votre NAS, il faudra passer par mydlink Cloud App ou mydlink Access-NAS, ce qui n'est pas des plus pratiques.
Télécharger pour Android / iOS / Windows Phone 8
Les applications d'Asustor / Buffalo / D-Link
- LaCie
Depuis plusieurs mois maintenant, LaCie propose MyNas : une application vous permettant d'accéder à vos fichiers, mais sur iOS seulement. L'application Android ne semble toujours pas prévue.
Télécharger pour iOS
- Netgear
Netgear reste dans la moyenne en proposant une application ReadyNAS Remote pour Android et iOS. Elle vous permet d'accéder à tous les fichiers stockés sur votre NAS, de les télécharger ou d'en uploader de nouveaux si besoin.
Télécharger pour Android / iOS
- QNAP
Chez Qnap, Android et iOS disposent des mêmes applications mobiles. En effet, dans les deux cas nous avons Qmanager qui permet de gérer le NAS, Qfile pour accéder aux fichiers, QMobile et Qmusic afin de profiter des fichiers multimédia.
Sur iOS uniquement, vous pouvez profiter de Qremote qui permet de prendre contrôle à distance de la HD Station (le module qui exploite la sortie vidéo HDMI des NAS). Dommage par contre que le centre de téléchargement Qget ne soit pas de la partie. En effet, si des applications permettant d'y accéder existent sur Android et iOS, elles ne sont pas éditées par le constructeur.
Télécharger pour Android / iOS
Les applications de LaCie / Netgear / QNAP
- Shuttle
Shuttle se contente du minimum avec une seule application Omninas pour Android et iOS. Sans surprise, elle permet simplement d'accéder au contenu de votre NAS.
Télécharger pour Android / iOS
- Synology
Là encore, Synology sort clairement du lot avec pas moins de huit applications pour Android et iOS. Nous avons ainsi DS audio, DS ohoto+, DS vidéo, DS file, DS cam et DS download dont les fonctions correspondent à leur nom, ainsi que DS finder permettant de connaître l'IP et d'autres détails sur votre NAS mais aussi de le localiser en lui faisant émettre un son. DS cloud permet pour sa part de profiter de l'application Cloud Station et donc de synchroniser certains dossiers de vos appareils mobiles avec votre NAS.
À l'instar de D-Link et Buffalo, Synology n'oublie pas les clients sur Windows Phone 8 et propose des applications, qui sont tout de même moins nombreuses que sur les deux autres plate-formes : DS vidéo, DS audio, DS photo+, DS finder et DS file.
Télécharger pour Android / iOS / Windows Phone 8
- Thecus
Thecus nous propose pour sa part deux applications pour Android et iOS : ThecusShare et ThecusDashboard. La première vous ouvre les portes des fichiers de votre NAS et vous permet d'en uploader de nouveaux, tandis que la seconde permet d'administrer son serveur.
Télécharger pour Android / iOS
Les applications Shuttle / Synology / Thecus
- Ve-Hotech :
Ve-Hotech semble avoir choisi la voix de la simplicité en ne proposant qu'une seule application pour Android et iOS qui porte simplement le nom de... Ve-Hotech. Elle vous permet de naviguer à l'intérieur des dossiers et des fichiers de votre NAS et de les partager si besoin. Le multimédia n'est pas oublié et vous pouvez profiter des musiques ainsi que des vidéos stockés sur votre NAS, le tout depuis une seule application, ce qui est plutôt pratique.
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Les applications Ve-hotech
Parfois, il est aussi possible de se passer d'applications
Notez que la présence d'application mobile n'empêche pas que, dans certains cas, des versions mobiles des interfaces sont également disponibles. C'est par exemple le cas chez Synology, mais uniquement pour les comptes avec un niveau d'accréditation « Administrateur ». C'est aussi le cas pour QNAP et Thecus pour ne citer qu'eux.
Les services, les interfaces et les options
Chaque constructeur propose sa propre interface de gestion, mais toutes ne sont pas forcément égales que ce soit du côté des fonctionnalités ou de l'ergonomie. Voyons ce qu'elles proposent et ce que l'on peut en attendre.
Un NAS ce n'est pas que du stockage et de la connectique, c'est aussi des services
L'interface d'administration est la porte d'entrée de votre NAS, elle vous permet d'activer et de paramétrer la plupart des services disponibles. Ils varient d'un fabricant à l'autre, mais nous retrouvons tout de même certains points communs comme la gestion des comptes utilisateurs. En effet, vous pouvez généralement attribuer un répertoire privé à chacun d'entre eux, les classer par groupe et gérer leurs privilèges : bande passante, espace de stockage, autorisations d'écriture et / ou lecture sur les dossiers...
Mais ce n'est pas tout et vous pouvez aussi gérer les protocoles AFP, CIFS et NFS (partage réseau Apple, Windows et Linux) ainsi que FTP. La quasi-totalité des NAS les intègre tous nativement, sauf le KD20 de Shutle par exemple qui ne prend pas en charge ce dernier.
Nous retrouvons également en général un client BitTorrent avec plus ou moins de paramètres suivant les modèles. En effet, s'il est souvent possible de limiter la bande passante allouée à ce service, d'autres constructeurs vous permettent de changer le port TCP, d'activer ou non le chiffrement des transferts et en ajustant le nombre de « peers » autorisés. D'autres fabricants vont encore plus loin en prenant en charge les Newsgroups, les téléchargements directs en HTTP(S) / FTP(S) et même de profiter de vos comptes chez certains hébergeurs de fichiers comme DepositFiles, Hotfile et RapidShare pour ne citer que ces trois-là.
Quelques constructeurs proposent des options supplémentaires avec, par exemple, la possibilité de « monter » des images ISO. C'est le cas de Thecus, Synology, QNAP et Ve-Hotech par exemple. Certains permettent également d'héberger un site web qui peut être accessible ou non depuis l'extérieur, généralement avec la prise en charge de PHP et de MySQL, mais pas toujours. Pensez donc à bien vérifier ce point si ce genre de service vous intéresse. N'oubliez par contre pas que vous serez bridé par la capacité de votre ligne.
La sécurité n'est pas en reste et l'on retrouve parfois un pare-feu assez complet ainsi que de systèmes de protection afin de vous prémunir d'une attaque extérieure. Il est par exemple possible de bloquer des adresses IP après plusieurs tentatives d'accès infructueuses afin de limiter les attaques par force brute. Pour allez plus en profondeur dans la configuration de votre NAS, certains vous proposent d'accéder à l'OS en ligne de commande (mode console) via une connexion Telnet et / ou SSH. Parfois cela peut se faire en tant que « root » (administrateur), mais ce n'est pas toujours le cas.
De plus, il est possible d'avoir un serveur de mail, une connexion VPN, une corbeille réseau, un système de logs avec gestion des alertes via mail, SMS ou Skype, la prise en charge de caméra IP pour de la vidéosurveillance avec détection de mouvements, un antivirus intégré, etc. En plus des performances et de la connectique, il est donc important de vérifier si le modèle qui vous intéresse sera capable de vous satisfaire pleinement niveau services.
Le design des interfaces : du « Bureau » évolué au site basique avec des onglets
Du côté de l'ergonomie de l'interface de gestion, Synology est clairement en avance sur ses concurrents avec son DSM (ou Disk Station Manager) qui est actuellement disponible en version 4.2 et depuis peu en 4.3 bêta. Depuis 2010, il prend la forme d'un « Bureau » avec des menus, des icônes, des fenêtres et une barre des taches. Sous sa forme actuelle, l'ensemble est plutôt réussi et très facile à prendre en main.
Le DSM de Synology
Arrivé plus récemment sur le marché, Asustor (qui n'est pas une filiale d'ASUS) a directement repris ce concept avec un design qui n'est pas sans rappeler sur plusieurs points celui du DSM. Une version 2.0 a été annoncée avec les NAS de la série 300 (à base d'Atom CE5315), mais nous n'avons pas plus de détails pour le moment.
De son côté, QNAP propose depuis juin son QTS en version 4.0 et reprend lui aussi le même principe. Il en est d'ailleurs de même pour Free a aussi décidé de reprendre ce modèle pour son Freebox OS (voir notre dossier). Sous couvert d'innovation, on retrouve en fait une solution qui est déjà assez largement proposée.
Les solutions actuelles d'Asustor et QNAP
Avec son interface v3, Ve-Hotech propose une présentation un peu différente, mais dont le principe reste dans la même veine. Sur la gauche on retrouve une liste d'icônes permettant d'accéder aux différents paramètres du NAS, tandis que la partie de droite se comporte comme un « Bureau » classique avec des fenêtres qu'il est parfois possible de superposer. Mais cela devrait rapidement changer puisque, lors d'un entretien avec le constructeur, il nous a précisé qu'une nouvelle mouture serait proposée à la rentrée avec de nouvelles fonctionnalités.
Présent depuis bien longtemps sur le marché des NAS, Thecus est longtemps resté cantonné à une interface sobre et trop classique : un menu sur la gauche avec la liste des options et les différents paramètres sur la droite. C'était le cas jusqu'à Thecus OS 5, mais la version 6, uniquement disponible sur les N2520 et N4520 pour le moment, propose une approche différente, là encore avec un agencement proche d'un « Bureau ».
Ve-Hotech / Thecus
Netgear est dans une situation un peu comparable à celle de Thecus et le fabricant a décidé de laisser tomber son vieillissant RAIDiator pour passer à ReadyNas OS 6. Si les nouvelles fonctionnalités sont présentes en nombre, notamment en ce qui concerne le stockage en ligne, l'interface conserve une présentation sous forme d'onglet.
LaCie propose depuis peu une nouvelle interface NAS OS 3 qui garde une organisation classique, tout en vous permettant de surveiller d'un coup d'oeuil les partages, les alertes, l'état du réseau et du RAID. Notez qu'elle vient de passer en version 3.1 avec une augmentation des performances ainsi qu'une nouvelle fonctionnalité de synchronisation avec un ordinateur.
LaCie / Netgear
Terminons avec les interfaces de Buffalo, D-Link, LaCie et Shuttle. Il n'est pas question ici de « Bureau » ou d'autres fonctionnalités du même genre. Néanmoins, nous avons accès à tous les services proposés par le NAS, mais cette présentation est bien moins agréable à utiliser au quotidien.
C'est en effet là toute la différence : le design de l'interface n'apporte pas de fonctionnalités supplémentaires, mais permet simplement d'en profiter de manière plus conviviale tout en ayant rapidement à portée de clic les informations importantes comme l'état du RAID, la température des composants, les courbes de débits, etc.
Buffalo / DLink / Shuttle
Certains fabricants vous permettent de tester leur interface via des versions en ligne (évidemment bridées sur certaines fonctionnalités), voici les liens pour y accéder :
Ve-Hotech devrait à son tour proposer une telle fonctionnalité pour sa nouvelle interface qui devrait normalement arriver à la rentrée, ce n'est malheureusement pas encore le cas.
Des applications à installer afin d'ajouter de nouvelles fonctionnalités
En plus de l'interface livrée par défaut, la plupart des constructeurs propose d'installer des applications complémentaires afin de rajouter des fonctionnalités. Les éditeurs peuvent choisir de les rendre accessibles gratuitement ou contre un paiement de quelques euros, comme sur les boutiques d'applications des appareils mobiles.
La boutique d'applications d'Asustor
Celles-ci sont distribuées via une interface spécifique qui est parfois disponible en ligne :
Parmi elles, on retrouve le plus souvent des applications permettant la synchronisation avec des services de stockage en ligne. Comme nous l'évoquions plus tôt, ceux-ci peuvent être un bon complément pour un NAS, notamment pour rendre accessible des documents qui n'ont rien de confidentiel depuis l'extérieur et pouvoir les éditer en ligne par exemple.
Les services gérés sont nombreux, mais les plus couramment proposés sont Drobpox, Google Drive, SkyDrive ou encore Amazon S3. Nous avons regroupé au sein d'un tableau récapitulatif l'ensemble des solutions proposées par les différents constructeurs :
Comme nous pouvons le voir, QNAP arrive en tête sur ce point, notamment grâce à la prise en charge de Google Drive. Il est en effet seul sur ce créneau. Amazon S3 est la solution la plus largement disponible, certains constructeurs ont même décidé de la proposer nativement avec leur NAS, il n'y donc même pas besoin d'installer une application. Certains vont même jusqu'à proposer le service d'archivage du géant du Web : Glacier. C'est notamment le cas de Synology par exemple.
Du côté de Dropbox, Asustor, Netgear, QNAP et Thecus supportent officiellement cette solution de stockage, tandis que chez Synology il faudra passer par une application tierce : Synobox. Mais, comme le détaille ce tableau ci-dessous, elle n'est pas forcément compatible avec toutes les combinaisons de processeurs / version du DSM du fabricant :
Synobox en fonction de la version du DSM et des NAS chez Synology
SkyDrive, le service de Microsoft, n'est par contre officiellement disponible sur aucun des NAS de notre sélection, un point plutôt regrettable. C'est d'autant plus étonnant que même OwnCloud est proposé par Netgear.
Avec sa nouvelle interface, Ve-Hotech devrait proposer une synchronisation avec la plupart des solutions de stockage en ligne. Interrogée sur le sujet par nos soins, la marque a évoqué Amazon, Dropbox, Google Drive et SkyDrive. Du côté de LaCie, la version 3 de son OS prend en charge Wuala, la solution maison, qui a l'avantage de proposer un chiffrement des données côté client.
Synology et QNAP proposent leur propre client de synchronisation
D'autres constructeurs comme Synology avec la Cloud Station et Qnap avec Qsync vous permettent de synchroniser des fichiers entre vos machines et votre NAS. Le premier met en avant le « versionning » qui conserve un historique de vos fichiers sur 32 niveaux et un chiffrement des connexions. De son côté, QNAP mise sur deux fonctionnalités que vous pouvez activer ou non : la « synchro intelligente » qui permet de supprimer un fichier d'un ordinateur tout en le conservant sur le NAS et les autres machines et la « synchro sélective » qui vous permet de choisir les dossiers et sous-dossiers à synchroniser.
Un fonctionnement qui n'est pas sans rappeler ce que propose Dropbox par exemple, mais avec l'ensemble de vos fichiers centralisé sur le NAS et non pas sur des serveurs distants, ce qui peut avoir des avantages (confidentialité par exemple), mais aussi des inconvénients (en terme de sécurité).
Quoi qu'il en soit, les deux constructeurs proposent des clients pour les PC sous Windows, OS X et les terminaux mobiles sous Android et iOS. Avec le DSM 4.3 bêta, Synology est le seul à proposer un client pour Linux, mais qui est encore en version bêta.
Récapitulatif des éléments qui peuvent faire la différence
Même si c'est un point qui a souvent été laissé de côté, il faut savoir que le choix du processeur d'un NAS est aussi un élément important. L'entrée de gramme est souvent confiée à des puces de chez Marvell, tandis que l'Atom d'Intel arrive dans le milieu de gamme. On retrouve également cette puce dans les NAS haut de gamme, mais elle est parfois remplacée par la série Core (i3 ou i5). Certains tels que Techus vont parfois plus loins puisqu'il arrive que l'on retrouve un Xeon E3 à 3,1 GHz par exemple.
Du simple SoC Marvel au Xeon : quel impact ?
De cet élément dépendra principalement la consommation et l'échauffement du NAS, mais aussi ses performances, principalement au niveau des taux de transferts en écriture. Il suffit de comparer par exemple les DS213j (Marvell à 1,2 GHz), DS213 (Marvell à 2 GHz), DS213+ (Freescale double cœur à 1,07 GHz) et DS713+ (Atom double cœur à 2,13 GHz) de Synology pour s'en rendre compte :
Upload (écriture) à gauche, Download (lecture) à droite
Avec un Atom D2700 à 2,13 GHz, il est extrêmement facile de saturer la bande passante sur un réseau Gigabit, mais cela permet de grimper bien plus haut grâce à l'agrégation de lien, si vos machines sont capables d'en profiter évidemment. Ainsi, les DS1513+ et 1813+ dépassent les 350 Mo/s en lecture par exemple (via quatre ports réseau Gigabit).
Du côté des machines avec un Core i3 ou un Xeon, c'est avec une liaison en 10 Gb/s qu'elles peuvent réellement s'exprimer en dépassant les 1000 Mo/s (1250 Mo/s maximum théorique). C'est par exemple le cas du N10850 (dix emplacements) de Thecus, du TS-879 Pro de Thecus et du DS3612xs de Synology.
Mais disposer d'un processeur puissant permet également de profiter de fonctionnalités supplémentaire comme le chiffrement / déchiffrement rapide des données via de l'AES sur 256 bits lors de l'écriture ou de la lecture. Ve-Hotech vous propose également de déployer des machines virtuelles directement sur votre NAS et d'y accéder à distance, un peu comme vous le feriez avec un serveur dédié, mais uniquement si vous disposez d'un Core i3 ou d'un Core i5 :
Présence d'une sortie HDMI, modèle silencieux ou faible consommation...
De nombreux autres éléments peuvent rentrer en ligne de compte dans le choix d'un NAS. Le prix est bien entendu l'un d'entre eux, mais c'est loin d'être le seul. C'est par exemple le cas de la présence d'une sortie HDMI qui permet de transformer ces appareils en lecteur multimédia ou en véritable petit enregistreur numérique, comme nous le verrons plus loin.
Mais attention tout de même. Que ce soit à cause de son design ou bien du bruit généré, sa capacité à s'intégrer à votre intérieur au quotidien peut s'en trouver chamboulé. Notez que certains constructeurs commencent à s'intéresser de près au silence ainsi qu'à la consommation des NAS. Shuttle par exemple avec son KD20 (voir notre PCi Labs) propose une solution intéressante : en dessous d'un certain seuil, le ventilateur reste éteint, limitant ainsi les nuisances sonores.
De son côté, Synology tente de réduire au maximum la consommation du DS413 qui affiche ainsi moins de 3 watts en veille. Il n'est pas le seul puisqu'avec sa série 300, Asustor annonce même moins de un watt dans cette situation.
... tant de possibilités qui démultiplient les références
Passons justement à l'analyse des catalogues des constructeurs qui sont plutôt bien remplis, tant certains n'hésitant pas à multiplier les références de manière plus ou moins utile. Afin de vous aider à vous y retrouver facilement, nous avons regroupé les principales caractéristiques techniques des NAS au sein de plusieurs tableaux comparatifs : le premier trié par constructeur, les deux suivants par nombre d'emplacements disponibles.
Commençons par Synology et QNAP qui sont plutôt prolifiques et dont les gammes se distinguent par les processeurs utilisés. Le premier en propose généralement trois : la « j » pour l'entrée de gamme, la classique et la « + » pour ceux qui cherchent les performances. QNAP fait à peu près la même chose avec les TS-x20 et x21 en entrée et milieu de gamme, tandis que les TS-x69L et Pro occupent le haut de gamme :
Les NAS Synology et QNAP à une et deux baies, uniquement dans la gamme pour les particuliers et les PME. Avec une liste de produits bien moins fournie, Netgear et Thecus ou encore Ve-Hotech proposent généralement deux modèles pour un même nombre de baies et un même segment de marché.
Quoi qu'il en soit, voici nos tableaux récapitulatifs. Pour commencer, voici une vue d'ensemble des NAS vendus nus, c'est à dire sans périphériques de stockages :
Nous avons ensuite regroupé les NAS avec deux et quatre baies (parmi les plus populaires) dans deux tableaux séparés, le but étant de pouvoir les comparer plus facilement :
Quand le NAS devient boîtier multimédia
Terminons ce dossier avec une fonctionnalité récemment arrivée sur les NAS : les sorties vidéo HDMI et la prise en charge de contenu multimédia, de la musique aux vidéos en Full HD 1080p en passant par les photos. Il est aussi de plus en plus souvent possible de disposer d'un véritable magnétoscope numérique.
Un Atom, un IGP, une sortie vidéo, et hop le NAS devient boîtier multimédia
En effet, un nombre croissant de NAS est animé par un Atom d'Intel, une puce limitée en performances mais suffisante dans la plupart des cas, qui a l'avantage de disposer d'une partie graphique intégrée. Les constructeurs ont rapidement profité de l'occasion pour ajouter une sortie vidéo HDMI à leurs produits et en tirent partie.
Pour cela, il faut généralement installer une application spécifique, proposée gratuitement mais qui n'est pas présente par défaut. Thecus a été le premier à parler de son module Local Display, mais QNAP lui a rapidement emboité le pas avec sa solution maison baptisée TV Station.
Notez que ce n'est pas totalement une nouveauté puisque Thecus avait déjà joué les apprentis sorciers il y a plusieurs années avec son M3800. Celui-ci exploitait une puce Geode LX 800 de chez AMD et disposait d'une carte d'extension PCI avec une puce de chez SigmaDesign (EM8623L-LF). Cette dernière prenant en charge le décodage des vidéos. Il faut bien avouer que les résultats étaient assez mitigés, notamment à cause de l'absence de prise en charge du H.264 ou des MKV par exemple.
Intéressant, mais combien d'entre vous ont leur NAS à côté de leur TV ?
Quoi qu'il en soit, c'est du passé et les NAS d'aujourd'hui sont largement capables de décoder des vidéos en haute définition, le tout étant géré de manière matérielle par le processeur / SoC. De notre côté, nous avons pu tester cette fonctionnalité sur un N4800 de chez Thecus. Le résultat était plutôt satisfaisant et la lecture d'une vidéo en 1080p n'a posé aucun souci, que ce soit via XBMC ou VLC installés directement sur le NAS, en complément du module Local Display :
Le N4800 de Thecus avec le module Local Display
Mais au-delà des codec supportés, une autre question plus importante se pose, celle de la proximité du NAS avec la TV. Celui-ci est en effet plutôt du côté de la box ADSL en général, surtout pour les modèles qui sont imposants et pas toujours silencieux. Le fameux WAF risque de ne pas être très élevé... d'autant plus que d'autres solutions sans fil existent, mais elles ne sont pas (encore ?) intégrées aux NAS grand public.
Sans fil : Miracast et WiDi laissés de côté, l'AirPlay d'Apple est parfois supporté
On regrettera d'ailleurs qu'à l'heure ou le boîtier Player de la Freebox Révolution est capable de faire office de transmetteur AirPlay et remplacer l'AppleTV, ce ne soit pas le cas des différents NAS. On aurait aussi aimé qu'ils gèrent des technologies comme Miracast ou Wireless Display par exemple, qui sont eux aussi aux abonnés absents.
Néanmoins, QNAP et Synology proposent la prise en charge d'AirPlay comme source, afin de diffuser des contenus multimédias (audio et parfois vidéo) sur une Apple TV ou une borne AirPort Express. Le tout peut se passer complètement d'appareil mobile dans certains cas.
Lecture de musique en AirPlay depuis l'Audio Station de Synology
Les NAS parés pour le TNT, il suffit d'ajouter un dongle USB
Depuis longtemps maintenant, les NAS sont capables de diffuser et d'enregistrer les chaines de la TNT en direct. Pour cela, il faut évidemment commencer par acheter un dongle compatible, pensez à vérifier la liste des modèles certifiés sur les sites des différents constructeurs.
Chez QNAP cela prend le nom de TV Station, contre Video Station chez Synology. Dans les deux cas, il est possible d'installer deux tuners afin de regarder et d'enregistrer des chaines différentes, mais chez QNAP cette fonctionnalité n'est disponible que sur les TS-x69 et TS-x79. Thecus prend également en charge les tuners TNT, mais uniquement via le Local Display, ce qui signifie qu'il ne sera possible de regarder les chaines de télévision que via la sortie HDMI alors que les concurrents proposent une interface de diffusion en streaming.
Notez que l'un des premiers, si ce n'est le premier, à s'est lancé sur ce créneau est Ve-Hotech, un fabricant français. Les tuners TNT ne sont pas livrés par défaut avec ses différentes NAS VHS et il faudra donc payer 129 € de plus pour un double tuner. Attention par contre, sur la nouvelle série VHS LS les versions avec six et huit baies ne peuvent pas en profiter, un choix étrange étant donné que c'est possible sur les deux et quatre baies.