Selon Harvey Weinstein, le cinéma français se porte bien « grâce à Hadopi »

Vivement attaquée par Karel De Gucht, Commissaire européen au Commerce, Hadopi vient de trouver un allié de poids du nom de Harvey Weinstein. Le producteur américain, qui a porté The Artist jusqu’aux Oscars, fraichement décoré de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy, n’a ainsi pas caché son amour pour la France, et pour… Hadopi.

"Il faudra un jour lui rendre cette justice"

Louant tout d’abord la culture cinématographique du président de la France, bien supérieure à Bill Clinton et Barack Obama selon lui, Harvey Weinstein a bizarrement abordé Hadopi. Le Figaro, auteur de cette interview où était aussi présent l'Associated Press, ne l’a pourtant pas interrogé sur ce sujet. 

« Mais l'essentiel pour moi, c'est qu'il a fait voter la loi Hadopi sur les droits d'auteur. Il faudra un jour lui rendre cette justice. Aux États-Unis, nous devrions rapidement nous inspirer de cette loi qui protège les ayants droit. »

Selon le fondateur de la Weinstein Company, personne aux États-Unis n'a le courage d’imposer l’équivalent d’une riposte graduée à la française. S’il existe bien des mesures pour lutter contre le téléchargement illégal, aucune d’entre elles ne va jusqu’au couper l’accès à Internet.

Hadopi, cause de la bonne santé du cinéma français

Estimant qu’aucun des autres candidats dans la course à la présidentielle n’arrive à la cheville de Nicolas Sarkozy, Weinstein ne s’arrête pas là et affirme que si le cinéma se porte bien en France – référence au record d’entrées en France et aux succès internationaux de The Artist et Intouchables – c’est « grâce à la Loi Hadopi ».

« Actuellement, votre industrie protège les auteurs et les cinéastes, tandis que Hollywood est sur le déclin » conclut-il. Merci qui ? Merci Hadopi. Ces propos ne sont guère étonnants dès lors qu'ils rejoignent ceux de Nicolas Sarkozy et de Frédéric Mitterrand, qui n'avaient pas hésité à surfer sur le succès de The Artist pour vanter la loi Création et Internet.

Un avis différent de Godard et Lalanne

Notez qu’outre l’opposition politique, certains artistes du cinéma et de la musique n’ont pas hésité à s’attaquer à Hadopi. Jean-Luc Godard s’est notamment illustré dans cet exercice il y a deux ans, tout comme Francis Lalanne en 2009.

Ainsi, pour l’homme aux bottes de cuir, « cette loi n'a pas pour but de protéger les artistes » du fait de l’incompétence des producteurs. Quant au cinéaste et ancien critique des Cahiers du cinéma, il est tout simplement « contre Hadopi, bien sûr. Il n’y a pas de propriété intellectuelle. »

Des propos qui vont à l'opposé total de ceux de Didier Barbelivien, qui n'a pas hésité à affirmer qu'Hadopi n'allait pas assez loin et qu'il fallait tendre vers une plus grande répression.