Le Français Vivendi, maison-mère des sociétés SFR, Universal Music, Activision Blizzard, Canal+ et bien d’autres entreprises, vient de publier ses résultats pour le dernier trimestre 2011. Outre la perte d’abonnés mobiles de SFR pour les mois de janvier et février 2012 dévoilée par le PDG Jean-Bernard Levy (notre article), analysons les autres données publiées par le groupe.
SFR
Des résultats financiers en baisse avant même Free Mobile
Contrairement à Bouygues Télécom, l’année 2011 a été particulièrement difficile pour SFR. Son chiffre d’affaires a ainsi atteint 12,183 milliards d’euros, en recul de 3,1 %, ceci à cause de sa division mobile. Cette dernière, malgré le recrutement de 744 000 abonnés nets, a vu son chiffre d’affaires régresser de 5,4 %.
Au total, SFR compte 21,463 millions de clients mobiles, dont 16,566 millions ont souscrit à un abonnement. SFR rajoute que La Poste Mobile, dont il est actionnaire à 49 %, compte désormais 646 000 clients. Un niveau de recrutement bien supérieur aux prévisions initiales (environ 500 000 abonnés) et même aux prévisions de novembre dernier (600 000 abonnés).
Une année 2012 encore plus difficile ?
Concernant l’année 2012, SFR pourrait particulièrement souffrir du côté de sa division mobile. La firme au carré rouge explique en effet qu’en France, « les conditions excessivement favorables accordées au nouvel opérateur mobile par le régulateur, l’État et l’opérateur historique, amènent SFR à réexaminer très attentivement tant ses offres commerciales que ses coûts ».
Ainsi, à l’instar de Bouygues Télécom, SFR ne cache pas qu’il devra adapter son fonctionnement à Free Mobile, d’autant plus que la société affirme avoir fortement réduit ses marges du fait de sa refonte des formules Carrées et Red.
Enfin, SFR n’a pas abordé le futur de la 4G, se contentant de rappeler qu’il disposait des lots suffisants pour couvrir l’intégralité du pays. Afin de contrer Free Mobile et offrir des abonnements de « luxe » (et à fortes marges), SFR pourrait néanmoins miser très rapidement sur la 4G, d’autant qu’il dispose des meilleures fréquences en or.
Haut débit : un niveau de recrutement ridicule
Quittons le secteur mobile pour le fixe. Son chiffre d’affaires annuel a atteint 4 milliards d’euros (+1,4 %), pour un nombre de clients haut débit de 5,042 millions. Cela signifie donc que SFR n’a recruté que 30 000 abonnés haut débit au dernier trimestre. Un niveau de recrutement misérable par rapport à Bouygues et Orange.
Voici les résultats de ces trois opérateurs pour le dernier trimestre :
- Bouygues Télécom (Bbox) : 122 000 abonnés
- Orange (Livebox) : 120 000 abonnés
- SFR (Neufbox) : 30 000 abonnés
Or selon Orange, ses 120 000 recrutements lui ont permis de capter 38,4 % du marché. Cela signifie donc que le nombre de nouveaux abonnés nets dans le secteur du haut débit était de 312 000 fin 2011. Si ce nombre est confirmé, Bouygues aurait donc attiré 39 % des nouveaux abonnés, et SFR seulement 9,6 %.
Pas mieux pour Iliad ?
Cela signifie aussi qu’Iliad, qui doit publier ses résultats financiers sous peu, n’a guère fait mieux avec 40 000 nouveaux abonnés environ. À l’instar des précédents trimestres, Alice a probablement dû perdre plusieurs dizaines de milliers d’abonnés, Free compensant ces pertes via un transfert d’abonnés d’Alice plus quelques recrutements. Il est ainsi probable qu’Iliad mette en avant près de 100 000 nouveaux abonnés pour Free, sachant que la majorité sera en fait un transfert des abonnés Alice.
Universal Music Group (UMG)
Terminons cet article avec la division musicale de Vivendi. La major n°1 dans le monde, en voie de racheter la quatrième major du globe (EMI Music), a ainsi signé un chiffre d’affaires annuel de 4,197 milliards d’euros, en recul de 5,7 %.
Universal, roi du numérique
Du côté des ventes numériques, elles se portent bien avec une croissance de 9,6 % en valeur. Sachant que le marché global du numérique a crû de 8 % en 2011 selon l’IFPI. Universal a donc réalisé une croissance supérieure à la moyenne du secteur.
« La hausse des revenus liés aux nouvelles activités ont partiellement compensé le repli de la demande pour les CD » précise Vivendi. Au total, le numérique représente désormais 33,6 % du chiffre d’affaires de la musique enregistrée.
1,2 Md de £ pour EMI Music
Rappelons qu’Universal Music détient 44 % du marché français en valeur (physique et numérique), sans EMI Music. Concernant ce dernier justement, Universal précise avoir proposé 1,2 milliard de livres sterling (1,43 milliard d'euros) pour croquer la maison de disques.
« Ce projet devrait permettre des synergies de plus de 100 millions de livres sterling sur une base annuelle. UMG s’est engagé à céder l’équivalent de 500 millions d’euros de ses actifs non stratégiques pour financer partiellement cette opération. La finalisation de cette transaction est liée à un certain nombre de conditions et notamment à l’approbation par les autorités réglementaires concernées. »
Notre part de marché est "exagérée"
Interrogé par notre confrère Les Échos sur cette future acquisition, Jean-Bernard Levy, le PDG de Vivendi, espère obtenir l’autorisation de ce rachat au second semestre 2012. Confiant, Levy explique que la part de marché d’Universal « est moindre que celle qui est exagérée par certains ».
Le patron rajoute que le poids immense des plateformes de téléchargement conjugué à la disparition des disquaires impliquent le besoin d’un producteur de musiques puissant pour résister au marché. Une argumentation qui n’a qu’un seul et unique intérêt : convaincre les autorités de la concurrence du bienfondé du rachat d’EMI Music par le n°1 du secteur.
Universal Music veut réduire ses coûts
Enfin, UMG annonce que des mesures de réduction de coûts de 100 millions d’euros ont déjà été mises en œuvre l’an passé et qu’un « nouveau plan de réduction de coûts de 50 millions d’euros » est lancé cette année. Il n’a pas été précisé où seront réalisées ces réductions de coûts…