Après Xavier Niel (Free), Stéphane Richard (Orange) et Frank Esser (SFR), Olivier Roussat, le patron de Bouygues Télécom, vient à son tour de passer devant la Commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. Roussat a violemment critiqué Free Mobile, l’accusant à demi-mot d’avoir un « vrai-faux réseau ». Il a de plus expliqué qu’au regard de ses tarifs, Free Mobile ne pourra jamais couvrir le pays.
Il a plus tard tenu à préciser qu’il ne pourrait répondre à toutes les questions dès lors que la société allait publier ses résultats financiers d’ici peu. Résultats publiés il y a quelques minutes. Nous reviendrons dans un futur article.
À propos des marges astronomiques des opérateurs mobiles : « Nous ne sommes pas une entreprise de rendement (…) En 15 ans, nous avons investi près de 10 milliards d’euros dans le réseau. En 2010, nous avons investi près de 13 % de notre chiffre d’affaires. En 2011, près de 20 %. Et plus du tiers du chiffre d’affaires sera dépensé dans le réseau cette année. Ça ne correspond pas véritablement à une entreprise de rendement. »
À propos de la politique sociale : « Je ne permettrai pas qu’un dirigeant d’opérateur, qui jusqu’ici ne s’est guère fait remarquer par sa politique sociale, ironise sur ce sujet ou insulte nos collaborateurs. Nous demandons à être jugé sur pièce, que l’on compare les conditions de travail, les conditions de rémunérations des collaborateurs de Bouygues Télécom à ceux du groupe Iliad. »
À propos du capital réparti parmi les salariés : « Le directeur de la stratégie de Free s’est moqué de vous (les députés, NDLR), lorsqu’il vous a complaisamment vanté devant vous le fait que Free était une société différente, car 65 % de son capital appartenait aux salariés. Je voudrais juste vous rappeler que dans les 65 %, 62 % appartiennent à monsieur Niel lui-même. Et que seuls 3 % appartiennent à l’ensemble des salariés. À l’inverse, dans le groupe Bouygues, 23,3 % du capital du groupe appartient à 60 000 collaborateurs. »
« Chez Bouygues Télécom, nous avons sur 17 000 sites 2000 sites qui ne se justifient absolument pas pour des raisons financières, mais qui se justifient pour des raisons commerciales » a ainsi affirmé Olivier Roussat, afin d’appuyer son argumentation future envers Free Mobile.
En février 2010, nous avons fourni à Iliad une liste de 6700 sites que nous avions déjà ouverts en 3G » du fait de la règlementation imposant de livrer une telle liste. « En juillet 2010, nous avons communiqué une liste de 1072 pylônes, qui étaient la propriété de BT, sur lesquels nous avons signé une convention d’accueil avec le groupe Iliad, pour être capable de leur permettre de déployer des sites, s’ils le souhaitaient sur ces 1072 pylônes. (…) Nous louons à TDF 3100 sites, qui représentent 25 % du territoire français. Ils sont aussi disponibles au groupe lliad. (…) Enfin, j’ai écouté l’audition de Frank Esser, et j’ai compris qu’il avait donc donné lui une liste de 1800 pylônes. (…)
Ça fait donc au total, 6000 sites sur lesquels le groupe Iliad était capable d’installer de la 3G. 6000 sites sur lesquels il suffisait de poser trois signatures : une avec Bouygues Télécom, une avec TDF et une avec SFR. »
Or selon Olivier Roussat, Free Mobile n’a pour le moment utilisé que 978 sites. Roussat a alors ironisé sur la « difficulté » d’équiper un site. « Ce qu’un ancien opérateur peut faire, le nouvel opérateur ne peut le faire ? »
« Donc quand on est un opérateur, qui a la volonté de s’imposer par la qualité de son infrastructure, et qui a la volonté d’arriver et de couvrir, j’affirme que c’est possible. D’autant plus qu’ils possédaient un parc de 6000 points hauts. »
Pourquoi Free Mobile déploie-t-il alors si peu, demande encore ironiquement Olivier Roussat ? « L’intérêt, il est très simple : c’est de ne pas mobiliser de cash pour aller investir. Et pourquoi on ne peut pas mobiliser de cash pour investir ? Parce que si vous mettez un prix trop bas, vous n'avez juste pas la possibilité de générer le cash nécessaire pour aller faire la couverture nationale. »
En somme, selon le DG de Bouygues Télécom, au regard des tarifs actuels de Free Mobile, ce dernier ne disposera jamais assez d’argent pour couvrir le pays. Roussat explique d’ailleurs que Bouygues Télécom dépense plus 500 millions d’euros par an dans son réseau mobile. Un pic à milliard d’euros a même été atteint. Et 600 millions seront dépensés l’an prochain pour la 4G.
« Il ne faut pas être un très grand mathématicien pour comprendre une chose très simple : si vous couvrez un quart de la population française, légitimement, le trafic que vous écoulez passe pour le quart dans vos infrastructures et pour les trois quarts chez l’autre. Si l’essentiel du trafic passe chez l’autre c’est que votre réseau ne couvre pas 27 % de la population française. C’est juste mathématiquement impossible. »
Jean-Ludovic Silicani, le président de l’ARCEP, répondra précisément à cette question une heure plus tard. Nous y reviendrons dans notre article dédié à son audition devant la commission.
Or l’ARCEP vient à l’instant de confirmer que Free Mobile dispose bien d'une couverture suffisante pour fonctionner. Un camouflet pour Bouygues Télécom et Olivier Roussat, qui ne tardera certainement pas à réagir sur cette annonce de l’ARCEP.
Pour le DG de Bouygues Télécom, cette décision aura pourtant un impact sur le futur. « Ce que j’attends de l’ARCEP, c’est juste deux choses : il faut qu’on puisse savoir si oui ou non, le trafic du 4ème opérateur il passe sur son réseau à 27 % ou pas sur son réseau. Parce que s’il ne passe pas sur son réseau, c’est qu’il n’a pas la couverture. Il n'y a pas de miracles dans ce domaine. »
Sur ce point, comme déjà précisé plus haut, le président de l’ARCEP a donné des réponses précises. Il explique notamment comment le trafic de Free est bien inférieur à 27 % (et donc largement supérieur à 73 % chez Orange) malgré une couverture tout à fait règlementaire.
En 2008, Bouygues Télécom, lui, était à 40 centimes par mois et par client en sa faveur. « Il nous semble effectivement que le différentiel de terminaison de SMS est tout à fait inacceptable. »
Cette nuit, nous publierons notre article sur l’audition de Jean-Ludovic Silicani, le président de l’ARCEP. Vous apprendrez notamment pourquoi l’Autorité de régulation des télécoms accepte sans problème que la majorité du trafic de Free Mobile passe chez Orange.
Note : la vidéo de l'audition d'Olivier Roussat et de celle de Jean-Ludovic Silicani est disponible sur le site de l'Assemblée Nationale (onglet Commissions).

Rétablir la vérité
Le directeur général de BT a tout d’abord souhaité « rétablir un certain nombre de vérités » suite aux déclarations et aux « contrevérités » de Xavier Niel devant cette même commission. Roussat a ainsi rappelé que Bouygues Télécom compte près de 9800 collaborateurs, 11,3 millions de clients mobiles et 1,2 million de clients fixes (ADSL/Fibre). Bouygues est de plus le premier à avoir lancé les forfaits en France (1996), l’illimitée voix (1999) et le quadruple-play (Ideo) récemment.Il a plus tard tenu à préciser qu’il ne pourrait répondre à toutes les questions dès lors que la société allait publier ses résultats financiers d’ici peu. Résultats publiés il y a quelques minutes. Nous reviendrons dans un futur article.
Ses différentes réponses aux attaques de Xavier Niel
À propos de la présentation de Free Mobile : « Lorsque nous faisons un tel lancement (celui de B&You, NDLR), nous n’insultons personne, nous n’insultons pas nos concurrents, nous n’insultons pas nos clients. Nous respectons l’ensemble de ces parties prenantes. »À propos des marges astronomiques des opérateurs mobiles : « Nous ne sommes pas une entreprise de rendement (…) En 15 ans, nous avons investi près de 10 milliards d’euros dans le réseau. En 2010, nous avons investi près de 13 % de notre chiffre d’affaires. En 2011, près de 20 %. Et plus du tiers du chiffre d’affaires sera dépensé dans le réseau cette année. Ça ne correspond pas véritablement à une entreprise de rendement. »
Free Mobile a une rentabilité digne d’un groupe de luxe
En fin d’audition, Olivier Roussat est revenu sur ce sujet et a affirmé que Bouygues Télécom est avec 8 % de marges nettes « le plus mauvais du secteur. (…) Nous ne nous sommes pas nourris sur la bête. Je vous rappelle juste que l’acteur le plus profitable de ce secteur est celui qui a jeté l’opprobre sur tous les autres (Free Mobile, NDLR). Il est de très loin le plus profitable du secteur. Il a une rentabilité analogue à celle d’un groupe de luxe. »À propos de la politique sociale : « Je ne permettrai pas qu’un dirigeant d’opérateur, qui jusqu’ici ne s’est guère fait remarquer par sa politique sociale, ironise sur ce sujet ou insulte nos collaborateurs. Nous demandons à être jugé sur pièce, que l’on compare les conditions de travail, les conditions de rémunérations des collaborateurs de Bouygues Télécom à ceux du groupe Iliad. »
Free Mobile et ses employés de Rabat
À propos des salaires : « Le coût annuel moyen d’un collaborateur de Bouygues Télécom est de 69 000 €. Le coût annuel moyen d’un salarié de Free est de 25 000 €. La différence, c’est que la totalité de nos collaborateurs habite en France. Ils n’habitent pas à Rabat (au Maroc, NDLR), pour 40 % d’entre eux. »À propos du capital réparti parmi les salariés : « Le directeur de la stratégie de Free s’est moqué de vous (les députés, NDLR), lorsqu’il vous a complaisamment vanté devant vous le fait que Free était une société différente, car 65 % de son capital appartenait aux salariés. Je voudrais juste vous rappeler que dans les 65 %, 62 % appartiennent à monsieur Niel lui-même. Et que seuls 3 % appartiennent à l’ensemble des salariés. À l’inverse, dans le groupe Bouygues, 23,3 % du capital du groupe appartient à 60 000 collaborateurs. »
Free Mobile et son faible nombre de points hauts utilisés
Olivier Roussat a très longuement discuté des réseaux, des sites disponibles, des antennes et donc de la couverture mobile. Selon le DG de Bouygues Télécom, il est actuellement déployé sur environ 17 000 sites. Cela lui permet de couvrir 93 % de la population en 3G et 99 % en 2G.« Chez Bouygues Télécom, nous avons sur 17 000 sites 2000 sites qui ne se justifient absolument pas pour des raisons financières, mais qui se justifient pour des raisons commerciales » a ainsi affirmé Olivier Roussat, afin d’appuyer son argumentation future envers Free Mobile.
Mieux vaut utiliser les antennes d'Orange
Roussat explique ainsi que le modèle de son concurrent est très simple : « il est plus intéressant de pouvoir aller en marginal sur le réseau d’un autre que de déployer son propre réseau. (…) Monsieur Niel a déclaré qu’il était favorable au partage de points hauts, mais qu’en fait on ne lui avait pas donné accès aux points hauts. (…)En février 2010, nous avons fourni à Iliad une liste de 6700 sites que nous avions déjà ouverts en 3G » du fait de la règlementation imposant de livrer une telle liste. « En juillet 2010, nous avons communiqué une liste de 1072 pylônes, qui étaient la propriété de BT, sur lesquels nous avons signé une convention d’accueil avec le groupe Iliad, pour être capable de leur permettre de déployer des sites, s’ils le souhaitaient sur ces 1072 pylônes. (…) Nous louons à TDF 3100 sites, qui représentent 25 % du territoire français. Ils sont aussi disponibles au groupe lliad. (…) Enfin, j’ai écouté l’audition de Frank Esser, et j’ai compris qu’il avait donc donné lui une liste de 1800 pylônes. (…)
Ça fait donc au total, 6000 sites sur lesquels le groupe Iliad était capable d’installer de la 3G. 6000 sites sur lesquels il suffisait de poser trois signatures : une avec Bouygues Télécom, une avec TDF et une avec SFR. »
Or selon Olivier Roussat, Free Mobile n’a pour le moment utilisé que 978 sites. Roussat a alors ironisé sur la « difficulté » d’équiper un site. « Ce qu’un ancien opérateur peut faire, le nouvel opérateur ne peut le faire ? »

Dessine-moi une antenne
Roussat a ainsi montré un dessin très simple avec des baies rouges (3G) à côté de baies bleues (2G) avec 3 fils, afin de prouver que cela n’a rien de bien compliqué d'équiper des sites en 3G. Pour preuve, Bouygues en a déployé 2600 rien qu’en 2011, pour un total de 10600 sites depuis sa création. Son record étant de 3500 sites en une seule année.« Donc quand on est un opérateur, qui a la volonté de s’imposer par la qualité de son infrastructure, et qui a la volonté d’arriver et de couvrir, j’affirme que c’est possible. D’autant plus qu’ils possédaient un parc de 6000 points hauts. »
Pourquoi Free Mobile déploie-t-il alors si peu, demande encore ironiquement Olivier Roussat ? « L’intérêt, il est très simple : c’est de ne pas mobiliser de cash pour aller investir. Et pourquoi on ne peut pas mobiliser de cash pour investir ? Parce que si vous mettez un prix trop bas, vous n'avez juste pas la possibilité de générer le cash nécessaire pour aller faire la couverture nationale. »
En somme, selon le DG de Bouygues Télécom, au regard des tarifs actuels de Free Mobile, ce dernier ne disposera jamais assez d’argent pour couvrir le pays. Roussat explique d’ailleurs que Bouygues Télécom dépense plus 500 millions d’euros par an dans son réseau mobile. Un pic à milliard d’euros a même été atteint. Et 600 millions seront dépensés l’an prochain pour la 4G.
La bosse des maths
Roussat demande alors si la couverture de Free Mobile a été faite de façon volontaire ? Cela a été choisi et non subi, affirme-t-il. En effet, selon la presse, 90 % du trafic de Free Mobile passe sur le réseau d’Orange.« Il ne faut pas être un très grand mathématicien pour comprendre une chose très simple : si vous couvrez un quart de la population française, légitimement, le trafic que vous écoulez passe pour le quart dans vos infrastructures et pour les trois quarts chez l’autre. Si l’essentiel du trafic passe chez l’autre c’est que votre réseau ne couvre pas 27 % de la population française. C’est juste mathématiquement impossible. »
Jean-Ludovic Silicani, le président de l’ARCEP, répondra précisément à cette question une heure plus tard. Nous y reviendrons dans notre article dédié à son audition devant la commission.
L’ARCEP accepte que Free Mobile ait un « vrai-faux réseau »
Roussat rebondit alors sur ce problème de couverture, de trafic et d’investissement pour aborder le problème de la concurrence : « Si on accepte qu’on puisse construire un réseau au rabais sans faire les investissements qui sont nécessaires (…) il y a une véritable distorsion de concurrence. Ce n’est pas sain. Cela produit des effets néfastes. En d’autres termes, l’ARCEP a vraiment l’opportunité lorsqu’elle va réaliser à nouveau ses mesures (…) de prendre une décision importante. Elle va nous envoyer un signal. Elle va nous dire : « Est-ce que j’accepte les vrais-faux réseaux ? » Je crois sincèrement que vos administrés, dans vos circonscriptions, ce qu’ils veulent, c’est téléphoner avec le réseau qu’on leur offre. »Or l’ARCEP vient à l’instant de confirmer que Free Mobile dispose bien d'une couverture suffisante pour fonctionner. Un camouflet pour Bouygues Télécom et Olivier Roussat, qui ne tardera certainement pas à réagir sur cette annonce de l’ARCEP.
Pour le DG de Bouygues Télécom, cette décision aura pourtant un impact sur le futur. « Ce que j’attends de l’ARCEP, c’est juste deux choses : il faut qu’on puisse savoir si oui ou non, le trafic du 4ème opérateur il passe sur son réseau à 27 % ou pas sur son réseau. Parce que s’il ne passe pas sur son réseau, c’est qu’il n’a pas la couverture. Il n'y a pas de miracles dans ce domaine. »
Sur ce point, comme déjà précisé plus haut, le président de l’ARCEP a donné des réponses précises. Il explique notamment comment le trafic de Free est bien inférieur à 27 % (et donc largement supérieur à 73 % chez Orange) malgré une couverture tout à fait règlementaire.

Les conséquences des conclusions de l’ARCEP sur le futur
« Et la deuxième question qui se pose c'est : est-ce que, quand il ne passe pas le trafic sur son réseau, et qu’il en écoule 90 % chez son opérateur d’itinérance, est-ce que dans ces conditions, on a considéré qu’il a rempli ses obligations ? Si on arrive à la conclusion que oui (NDLR : ce qu’a confirmé Silicani), alors ce serait vraiment lourd de conséquences pour le futur. Parce que ça signifie qu’on accepte les vraies-fausses couvertures. »L’inacceptable terminaison de SMS de Free Mobile
« Quelle est la différence entre les SMS il y a 5 ans et maintenant ? Il y a 5 ans, des SMS, on en faisait 100 par mois maximum. À l’heure actuelle un ado, il fait 1000 SMS par mois. Cela signifie que si nous accédions à la demande que fait Free d’obtenir un différentiel d’1,35 ct d’euro, c’est-à-dire 90 % de la valeur du SMS, ça reviendrait à verser à Free pratiquement 10 € par mois et par client. »En 2008, Bouygues Télécom, lui, était à 40 centimes par mois et par client en sa faveur. « Il nous semble effectivement que le différentiel de terminaison de SMS est tout à fait inacceptable. »
Le très haut débit fixe et mobile chez Bouygues Télécom
Bouygues, qui a récemment signé un accord avec Ericsson, confirme qu’il lancera prochainement la 4G en France « dans une grande ville française ». Quant à la fibre optique, Roussat s’est contenté de rappeler ses accords avec Numericable ou encore Orange.Cette nuit, nous publierons notre article sur l’audition de Jean-Ludovic Silicani, le président de l’ARCEP. Vous apprendrez notamment pourquoi l’Autorité de régulation des télécoms accepte sans problème que la majorité du trafic de Free Mobile passe chez Orange.
Note : la vidéo de l'audition d'Olivier Roussat et de celle de Jean-Ludovic Silicani est disponible sur le site de l'Assemblée Nationale (onglet Commissions).