
Au final, voici le bilan des licences 4G pour le moment :
- SFR : 15 MHz duplex de la bande 2,6 GHz pour 150 millions d’euros, sans obligation d’accueillir des MVNO, plus 10 MHz duplex de la bande 800 MHz pour 1,065 milliard d’euros, avec obligation d’accueillir des MVNO. Total dépensé : 1,215 milliard d’euros.
- Orange : 20 MHz duplex de la bande 2,6 GHz pour 287 millions d’euros, avec obligation d’accueillir des MVNO, plus 10 MHz duplex de la bande 800 MHz pour 891 millions d’euros, avec obligation d’accueillir des MVNO. Total dépensé : 1,178 milliard d’euros.
- Bouygues Télécom : 15 MHz duplex de la bande 2,6 GHz pour 228 millions d’euros, avec obligation d’accueillir des MVNO, plus 10 MHz duplex de la bande 800 MHz pour 683 millions d’euros, avec obligation d’accueillir des MVNO. Total dépensé : 911 millions d’euros.
- Free Mobile : 20 MHz duplex de la bande 2,6 GHz pour 271 millions d’euros, avec obligation d’accueillir des MVNO, plus un futur accord d’itinérance dans la bande 800 MHz avec SFR. Total dépensé : 271 millions d’euros + l’accord avec SFR.
Au final, le gagnant numéro un de ces ventes de fréquences est tout d’abord l’État. Avec 936 millions d’euros pour la bande 2,6 GHz et plus de 2,639 milliards d’euros pour la bande 800 MHz, l’État français a ainsi récolté la rondelette somme de 3,575 milliards d’euros, contre 2,5 milliards espérés initialement.
Le coup de poker de SFR
L’autre grand gagnant est SFR, qui, pour une somme à peine supérieure à celle d’Orange, se retrouve avec deux blocs de la bande 800 MHz. Notez cependant que l’obligation d’accueillir les MVNO dans cette bande annule de fait la non-obligation dans l’autre bande.
Bouygues, avec plus de 300 millions d’euros de moins que SFR, et 267 millions de moins qu’Orange, peut estimer avoir bien manœuvré. Orange, lui, paie chèrement son bloc D (le meilleur néanmoins), alors qu’il était déjà l’opérateur a avoir le plus misé pour obtenir son bloc dans la bande 2,6 GHz comme le montre le tableau ci-dessus.
Free, le grand perdant ?
Enfin, Free Mobile, comme escompté, n’a pas misé suffisamment pour lutter contre le fameux trio. La somme mise sur la table n’a pas été divulguée par l’ARCEP, mais elle est certainement inférieure à celle de Bouygues Télécom, à moins que les engagements de Free Mobile aient été inférieurs à ceux de Bouygues, ce qui aurait eu pour conséquence de baisser sa note finale. Mais ce scénario est peu probable.
Obtenir si peu de fréquences est-il un problème pour Free Mobile ? Contrairement aux autres opérateurs, Free ne dispose à l’heure actuelle d’aucun abonné, et, sauf surprise, il n’en comptera pas entre 25 et 30 millions comme en compteront Orange et SFR dans quelques années. Ses besoins en fréquences seront donc bien inférieurs à la concurrence.
"On a tout ce qu'il nous faut"
« On n'a pas de regrets. Si on avait pensé que c'était vital pour nous, on aurait été plus agressifs, et aujourd'hui on considère qu'on a tout ce qu'il nous faut » a d’ailleurs affirmé Maxime Lombardini, le directeur général du groupe Iliad. Cependant, comme il le précise parfaitement, « aujourd’hui », Free Mobile n’a pas besoin de plus de fréquences qu’il n’en possède, que ce soit sur la 3G ou la 4G d’ailleurs. Mais quid de demain ? Les licences 4G devraient en effet assurer l'avenir des opérateurs au-delà de 2020...
En cas de succès important de ses offres, Free Mobile sera alors dépendant des accords d’itinérance qu’il a signé avec Orange pour la 2G et la 3G, et avec SFR (voire d’autres opérateurs) pour la 4G dans quelques années. Il faudra alors savoir combien il devra débourser pour obtenir ces droits de passage, et surtout, quelle qualité sera proposée à ses abonnés. Le risque qu'Orange et SFR donnent la priorité à leurs abonnés plutôt qu’à ceux de Free Mobile peut exister, à l’instar des rapports entre les opérateurs historiques et les MVNO.