De la théorie à la pratique, en passant par le tarif
Après les conditions d'éligibilités et la prise en charge du VDSL2 par les fournisseurs d'accès, passons sur le côté pratique : débits, mise en œuvre, tarifs et disponibilité.
6. Jusqu'à 100 Mb/s en théorie mais 50 Mb/s en pratique ?
Alors que les premières estimations annonçaient des débits pouvant atteindre 100 Mb/s en voie descendante, les dernières en date ont plutôt tendance à diviser par deux ce chiffre. L'ARCEP par exemple, annonce que « le débit réel maximum observé sur le territoire devrait se situer autour de 50 Mbit/s (débit descendant) pour les lignes les plus courtes ».
L'autorité précise ensuite que « Le VDSL2 sera ainsi plus sensible à des perturbations électromagnétiques externes à la boucle locale, aux origines très variées (équipements domestiques défaillants, ascenseurs, enseignes lumineuses, ...) ». Les problèmes rencontrés par certains sur les lignes ADSL ne devraient donc pas s'arranger avec le VDSL2, au contraire.
Du côté des débits montants (upload), il est question de 20 à 30 Mb/s si vous habitez dans le NRA ou si vous êtes collé à ce dernier. Dans tous les cas, il faudra maintenant attendre les premiers retours pour savoir ce qu'il en sera exactement dans la pratique, que ce soit du côté des débits ou des interférences sur les lignes.
Notez qu'il existe une technologie permettant de limiter ces dernières : la vectorisation. Pour le moment, aucun FAI ne semble l'évoquer. Alcatel Lucent, qui propose de telles solutions, explique qu'« elle supprime tout le bruit - ou interférences - entre les lignes VDSL2 d'un même groupe (bundle). Sans ces interférences, chaque ligne VDSL2 peut atteindre son débit maximal comme si les autres lignes du groupe n’existaient pas ».
Voici quelques vidéos de présentations publiées par Alcatel Lucent :
7. Peut-on parler d'une offre très haut débit (THD) ?
Oui. Dans son observatoire de février 2013, l'ARCEP annonce que « désormais, sont comptés comme des abonnements très haut débit les accès à internet dont le débit en crête descendante est supérieur ou égal à 30 Mbit/s ». Cette limite ne doit vraisemblablement rien au hasard puisque l'ADSL2+ peut monter jusqu'à... 28 Mb/s au maximum. Cette norme ne permet donc pas d'accéder au très haut débit... contrairement au VDSL2, du moins au sens ou l'ARCEP l'entend.
En effet, dans l'esprit collectif, le très haut débit (THD) commence souvent à 100 Mb/s, ce qui est généralement proposé avec la fibre. De plus, cette dernière offre beaucoup d'autres avantages : les débits ne sont pas réduits en fonction de la longueur de la ligne, les latences sont plus faibles, etc.
8. Le VDSL2 est-il un remplaçant de la fibre, ou doit-il être considéré comme tel ?
Non. Cette nouvelle technologie pourrait être perçue par certains comme une remplaçante de la fibre optique, mais cela ne doit pas être le cas... même si le risque existe toujours. Comme nous le précisent nos confrères du Monde : « Cette technologie s'intègre surtout dans l'accompagnement des zones rurales peu denses, où l'ADSL arrive difficilement et où l'installation de la fibre optique coûte extrêmement cher. Le VDSL2 est ainsi une réponse à court terme pour améliorer ces connexions et rendre plus attractives ces régions. La solution serait adaptée à ces zones rurales, notamment les petits bourgs, et permettrait donc de faire progresser la lutte contre la fracture numérique dans les années à venir ».
Du côté de SFR, la réponse est claire : « Notre conviction : la fibre reste LA technologie d'avenir ». Le FAI ajoute ensuite que « l’arrivée du VDSL2 n’a pas freiné la politique de déploiement de la Fibre de SFR, bien au contraire : en ZTD (NDLR : zone très dense), à fin d’année, 25% des foyers seront éligibles à la Fibre de SFR ».
Orange semble également miser sur la fibre puisque, au premier trimestre de l'année, la société annonce avoir recruté pas moins de 30 000 nouveaux abonnés au premier trimestre et espère se rapprocher des 300 000 clients FTTH d'ici la fin de l'année.
9. Quid du tarif ?
Si tout est désormais prêt pour une mise en place à grande échelle, il reste néanmoins une question de poids... qui est soigneusement évitée par quasiment tous les FAI : le tarif. En effet, rien ne dit que les offres VDSL2 seront proposées au même prix que celles en ADSL2+.
À la question « Avez-vous déjà une idée de la tarification du VDSL2 ? Sera-t-il au même prix que l'ADSL, que la Fibre Optique ? », SFR répondait : « pas à cette étape du projet ». C'était au mois d'octobre, mais la situation n'a pas vraiment évolué entre temps et les réponses sont toujours aussi évasives.
Chez Bouygues Telecom, on attend de connaitre les offres de gros sur le VDSL2 avant de se prononcer. Même son de cloche chez Orange : « à ce stade nous ne faisons pas de commentaire sur ce point, nous attendons les résultats de la phase d’expérimentation ».
Concernant les offres de dégroupage de gros, qui consiste à mettre en place une paire de cuivre à la disposition d'un opérateur, l'opérateur historique précise que « cette prestation est la même quelque soit la technologie que cet opérateur souhaite utiliser sur cette paire de cuivre et son tarif est donc le même quelque soit la technologie utilisée par l'opérateur ». ADSL2+, SDSL ou VDSL2 : même combat.
Là encore, OVH se démarque de ses concurrents. Octave Klaba, directeur général de la société, annonce clairement les choses sur Twitter en répondant à un utilisateur :
@newtag oui, le VDSL est au prix de l'ADSL chez #Ovh
— Oles (@olesovhcom) 26 avril 2013
Le FAI semble d'ailleurs beaucoup miser sur cette nouvelle technologie. En effet, il multiplie les annonces et précise régulièrement que tous ses équipements sont prêts et que le tarif restera le même. Il n'y a désormais plus qu'à attendre début octobre afin de pouvoir l'activer.
10. Les premiers tests débuteront bientôt, qu'en est-il du lancement national ?
Si le comité d'expert a donné son feu vert, cela ne veut pour autant pas dire que le VDSL2 sera disponible d'ici quelques jours pour tous les clients éligibles. En effet, il faudra attendre l'automne pour que cette technologie soit disponible de manière globale.
Néanmoins, une phase de test permettant de vérifier les « processus des offres de gros dans le cadre de l'utilisation du VDSL2 : commandes, livraison et identification des difficultés » sera lancée début juin en Dordogne et en Gironde. SFR a d'ailleurs mis en place un questionnaire de recrutement de volontaires.
Pour résumer, le VDSL2 permettra d'améliorer les débits de ceux qui disposent déjà de bons taux de transferts, mais ne proposera rien de plus pour ceux qui sont loin du NRA ou qui ont des perturbations sur leur ligne. Ces derniers devront donc patiemment attendre l'arrivée de la fibre, ou se contenter de leur débit actuel.
Sur le papier, cela devrait permettre d'augmenter le nombre de personnes disposant du très haut débit, du moins dans le sens où l'entend l'ARCEP (plus de 30 Mb/s), notamment dans les zones rurales où la fibre mettra beaucoup de temps à arriver. Cette dernière reste d'ailleurs effectivement la solution d'avenir, si le pouvoir politique et les différents intervenants finissent réellement par décider de s'y mettre.
Qui pourra profiter du VDSL2 et sous quelles conditions ?
Il y a quelques jours, l'ARCEP annonçait qu'un avis favorable était donné pour le déploiement du VDSL2 en France. Cette nouvelle technologie viendra compléter l'ADSL2+ ainsi que le SDSL, et devrait permettre des débits descendants jusqu'à 100 Mb/s, du moins en théorie. À quelques mois du lancement, nous avons décidé de faire le point sur sa prise en charge par les FAI, sur les conditions d'éligibilité ainsi que sur le prix.
1. Le VDSL2 est-il nouveau ?
Comme l'ADSL2+, le VDSL2 est un protocole de transmission de données qui exploite les paires de cuivres de nos lignes téléphoniques. Contrairement à la fibre ou au câble, aucun déploiement supplémentaire n'est donc nécessaire côté client. Cette technologie n'est pas nouvelle puisqu'elle a été mise en place il y a près de cinq ans en Belgique par exemple.
D'ailleurs, le FAI Edpnet propose plusieurs abonnements VDSL, à partir de 35,90 € par mois. L'un d'entre eux, l'Expert, est même annoncé avec un débit descendant pouvant atteindre 100 Mb/s, mais pour un tarif prohibitif puisqu'il est question de... 395 € par mois.
Le VDSL n'est donc pas nouveau, mais sa mise en place en France aura pris du temps, principalement à cause des tests effectués sur la boucle locale. En effet, comme le précise Catherine Mancini, présidente des comités d'experts cuivre et fibre de l'ARCEP, « il faut s'assurer que lorsqu'on introduit une nouvelle technique, elle ne viendra pas perturber la qualité des services qui sont déjà en place et qui utilisent déjà la boucle locale ». Cela semble donc être le cas, du moins si l'on en croit l'avis donné par le comité en charge du projet.
2. Pour profiter du VDSL2, il faut être proche du NRA, mais est-ce suffisant ?
Tout le monde ne pourra pas profiter du VDSL2 à sa mise en place, loin de là. D'après les estimations de l'ARCEP, seules les lignes à moins de 1 km du NRA (Nœud de Raccordement Abonné) pourront réellement l'exploiter. Mais cette condition n'est pas suffisante et cela dépendra également de votre NRA. En effet, il faut également être dans l'un des deux cas de figure suivants :
- Disposer d'une ligne en distribution directe (qui ne passe pas par un sous-répartiteur)
- Être relié à un NRA dit de réaménagement qui date de 2005 ou qui est plus récent
3. Comment obtenir des informations sur sa ligne et connaitre son éligibilité ?
Alors qu'il est généralement bien difficile de savoir comment sa ligne est reliée au NRA, OVH semble être le seul FAI à mettre en avant des informations détaillées sur ce point. En effet, lorsque vous réalisez un test d'éligibilité, la société roubaisienne précise si le VDSL2 peut techniquement être déployé sur votre ligne. Notez que sur les NRA qu'elle n'a pas dégroupée, elle utilise les équipements de SFR. Il faudra donc vérifier que les informations retournées sont indépendantes du FAI et ne correspondent pas uniquement à la réalité du terrain pour OVH / SFR.
Parfois, sur certaines lignes les chiffres du graphique et ceux annoncés dans la colonne de gauche ne sont pas les mêmes, sans que l'on sache exactement pourquoi. Quoi qu'il en soit, il serait bien que d'autres FAI proposent ce genre d'outils. Espérons que ce sera le cas dans les mois à venir.
Deux exemples du test d'éligibilité d'OVH
Notez que vous aurez également accès au type de câblage utilisé ainsi qu'au nombre de paires de cuivres disponibles, ce qui peut être pratique pour agréger plusieurs lignes. Comme le précise Octave Klaba, directeur général d'OVH, à l'instar du SDSL, le VDSL2 gère nativement l'agrégation de liens. Cela permet donc d'utiliser plusieurs lignes afin d'additionner les débits.
4. Les DSLAM dégroupés par les FAI sont-ils parés pour le VDSL2 ?
Afin d'activer le VDSL2, il faudra que les DSLAM des fournisseurs d'accès prennent en charge cette technologie. OVH fait de nouveau figure de bon élève puisque l'hébergeur a déjà annoncé, à plusieurs reprises, que l'ensemble de ses équipements est d'ores et déjà paré.
Du côté de chez Bouygues Telecom, on se contente de nous annoncer que tous les DSLAM sont compatibles, sans plus de précisions. Orange reste pour sa part relativement vague sur le sujet : « que ce soit pour Orange ou pour les autres opérateurs, il s'agit de moderniser les équipements dans les DSLAM avec des cartes VDSL ».
Chez Free et SFR, c'est également silence radio sur les équipements compatibles / prêts pour le VDSL2. Dans certains cas, des changements seront donc certainement à prévoir. De notre côté, nous avons pu obtenir la liste des NRA qui participeront à la phase d'expérimentation début juin. Ces derniers sont au nombre de 17 (8 en Dordogne et 9 en Gironde) et ils devraient donc être parés pour le lancement des offres commerciales. Cela devrait également être le cas pour d'autres, mais nous n'avons pas plus de détails à l'heure actuelle.
À gauche la Livebox Play compatible VDSL2 et à droite une carte VDSL de chez OVH
5. Quid de nos box internet ?
La grande majorité des box internet est d'ores et déjà prête pour le VDSL2. C'est par exemple le cas de la Bbox Sensation de Bouygues Telecom, de la Freebox Révolution de Free, de la Livebox Play d'Orange ainsi que de la dernière version de la Neufbox Evolution de SFR (alias La Box ou NB6) qui porte le nom de NB6V (le V pour VDSL2).
Pour les box des précédentes générations, ce n'est par contre pas le cas. En effet, que ce soit la Bbox, la Freebox HD, la Livebox 2 ou encore la Neufbox V4, aucune n'est compatible avec le VDSL2 et il faudra donc passer sur le modèle plus récent afin de profiter de cette technologie.