Hadopi expliquée aux collégiens avec les lobbies de la Culture

Thomas Rohmer est président de Calysto, une agence qui a pour vocation : d’ « accompagner, former, informer et conseiller les populations laissées en marge de l'Internet ». Il vient d’adresser ce courrier à des chefs d’établissement. Un courrier accompagné de Marianne officielles, du logo du ministère de l’Education et du ministère de la Culture, signe de partenariats étroits.

calysto élèves collégiens hadopi

L’objectif ? Présenter la nouvelle action 2011-2012 de cette société privée, intitulée « Génération Numérique ». Il s’agit concrètement de proposer des fiches et des journées de formation aux collégiens.

Aiguiser le sens critique des élèves

Trois blocs sont proposés : l’un concerne l’internet et la téléphonie mobile (chat, facebook, la problématique des données personnelles, du droit à l’oubli, de la diffamation…). Un autre vise les jeux vidéo (en réseaux, sur mobile, etc.) Enfin, un module est spécifiquement dédié au « téléchargement, streaming, musique et vidéo ». Cette fois, on parle des lois Hadopi et DADVSI, des « alternatives légales au piratage » mais encore de la faculté de « télécharger et échanger (musique, vidéos, photos…) avec son mobile ».

« Le but est de mettre en place un débat pour conseiller au mieux les élèves dans chacune des pratiques » indique encore Calysto qui veut « aiguiser le sens critique » des élèves, « les sensibiliser aux multiples risques et enjeux » et acquérir des notions civiques, juridiques… ».

Dans la plaquette, on apprend ainsi que deux formules sont proposées. Une première dédiée au seul univers Internet. Une seconde concerne « internet et le téléphone mobile » ou « internet et les jeux vidéo ». Au programme, 6 heures de conseils éduqués aux collégiens et 1h30 avec des parents ou des professeurs. Le contrat passé, Calysto envoie un intervenant équipé d’un matériel informatique et vidéo projecteur face à 60 personnes (maximum).

335 euros (+ le repas)

Pour quel coût ? « L’établissement prendra à sa charge une partie des frais liés à l’organisation de cette journée, soit un forfait de 335 euros et le repas du midi de l’intervenant ». Une partie des frais seulement, ce qui signifie que d'autres ont mis la main à la poche.

Qui sont les autres soutiens de cette opération facturée en partie aux collèges ? Il suffit de voir les logos en bas de la page 2. : Si on note l’absence de Facebook, on compte tout de même Google ou La voix de l’Enfant, association qui vient aider l'enfance en détresse.

Mais le gros des troupes vient surtout des représentants de l’industrie culturelle. Sony, l’ALPA et Tous pour la Musique. Celle-ci est une association qui fédère l’ensemble des professions de la musique. Dans ses rangs, la SACEM, la SCPP, la SPPF, le SNEP, bref, tous les acteurs qui sont justement impliqués jusqu’au cou dans Hadopi (*). Pourrait-on imaginer des sessions de biologie au collège menée par un organisme "soutenu" par Monsanto ?

Cette drôle de porosité entre l'univers des majors, de la surveillance du web et celui de l'Education nationale puise son ADN dans la loi Hadopi. Depuis ses origines, le texte envisage d'inculquer les bonnes pratiques du téléchargement aux jeunes en mal de clics, mais sans dire un mot sur les modalités pratiques de cette transmission du savoir licite.


L'article L. 312-6
du Code de l'éducation nationale prévoit que, dans le cadre des enseignements artistiques obligatoires, « les élèves reçoivent une information sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin pour la création artistique. »

L'article L. 312-9
ajoute que dans les cours de technologies et d’informatiques, « notamment à l'occasion de la préparation du brevet informatique et internet des collégiens » que les élèves « reçoivent de la part d'enseignants préalablement sensibilisés sur le sujet une information sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de délit de contrefaçon. Cette information porte également sur l'existence d'une offre légale d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin sur les services de communication au public en ligne ».


(*) à propos de ces modules Calysto, on pourra (re)lire ce papier sur Framablog et celui d'Owni.

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