
Le président de l’ARCEP a ainsi débuté son discours par un rappel : l’Autorité a fixé un cadre réglementaire identique pour 95 % du territoire, dont 90 % sera mutualisé. « Je voudrais donc profiter de cette rencontre pour tordre le cou, une fois pour toutes je l'espère, à un discours, grossièrement erroné, répété, volontairement ou pas, selon lequel les pouvoirs publics, et notamment le régulateur, n'auraient pas privilégié la mutualisation des réseaux » a-t-il ainsi affirmé.
Concrètement, si le très haut débit et en particulier le FTTH compte encore peu d’abonnés, c’est en grande partie dû au fait que seulement 10 % des logements couverts par la fibre s’abonnent à cette technologie. L’ADSL a encore le vent en poupe, et seul Numericable, grâce à son FTTLA, tire le très haut débit vers le haut. Grâce au FTTLA, la France compte d’ailleurs (avec le FTTH) 5 millions de logements fibrés, soit près 20 % de la totalité des logements.
« D'ici à 2020, plus de 50 % de la population » sera couverte (Orange parle même de 60 % d’ici 2015), 25 milliards d'euros seront dépensés en infrastructure entre 2010 et 2025, dont 15 milliards du côté des FAI et 10 milliards par des financements publics régionaux, nationaux et européens.
Les zones peu denses bientôt fixées
Et si les zones très denses et d’une moyenne densité seront logiquement fibrés rapidement (c’est déjà le cas de Paris et d’une partie de Lyon et de Marseille), les zones de plus faible densité ne seront pas pour autant exclues de la fibre.
« Sans avoir la prétention d'être " Madame Soleil ", j'ai de bonnes raisons de penser que France Télécom et les opérateurs alternatifs devraient définir, dans les toute prochaines semaines, le niveau (en nombre de communes, de logements et sur le plan financier) de leur coinvestissement, d'ici à 2015, dans les zones moins denses » fait ainsi remarquer le président de l’ARCEP.
Quelle attractivité pour la fibre ?
Enfin, Silicani donne son avis sur un point primordial : l’attractivité de la fibre optique par rapport à l’ADSL et au câble. Si aujourd’hui, pour une immense majorité de la population, l’ADSL est suffisant pour toutes les utilisations qu’ils font d’Internet, le président de l’ARCEP note qu’il existe déjà certains services vraiment gourmands en débit, et que la dernière grande annonce d’Apple (iCloud) ne fait que conforter cette situation.
« La fibre doit devenir une réalité pour les consommateurs. On a beaucoup parlé de l'absence d'application ou d'usage émergent qui catalyserait la demande sur un marché où des offres ADSL de très bonne qualité s'avèrent, pour l'instant, suffisantes : nous pensons au contraire à l'ARCEP que certaines de ces applications, plus exigeantes en termes de débit et de qualité de service, existent déjà : par exemple, la télévision 3D ou le " cloud computing ", dont les récentes annonces d'Apple confirment l'ampleur. Les opérateurs peuvent compter sur une réelle appétence de la population et des entreprises pour le numérique, notamment dans les zones moins denses où l'ADSL est moins performant que dans les zones urbaines très denses. C'est pourquoi, pour accélérer les raccordements des immeubles et les abonnements, l'Autorité a très récemment mis à jour le guide pratique et la convention type à destination des bailleurs, syndics, et copropriétaires. Le site de l'ARCEP a déjà été consulté plus de 50 000 fois à ce sujet depuis une quinzaine de jours. »

Reste que la meilleure façon de passer tout le monde en très haut débit, serait tout simplement de les forcer à adopter ce réseau, ceci pour un tarif similaire aux offres haut débit. Cela explique le succès des offres THD de Numericable, et on peut remarquer qu’aujourd’hui, certains FAI comme SFR et Free mettent déjà plus en avant la fibre que l’an passé.
La fibre à 30 € n'est pas viable selon Bouygues
Mais selon un employé de Bouygues Télécom, lui aussi présent lors des Assises du THD, la fibre à 30 € par mois n’a pas de sens. Il faut plutôt s’attendre à des tarifs entre 40 et 45 € par mois. Sachant que Bbox Fibre est disponible à 39,90 € par mois (et 45,90 € par mois avec les appels ilimités vers les mobiles)… Mais ni Orange, ni SFR, ni Free, ni Numericable ne proposent à l’heure actuelle de tels tarifs. Et une hausse, même d’ici quelques années, risque d’être très mal perçue.
