
En effet, selon la Spedidam, « l’artiste doit se contenter d’un seul cachet forfaitaire au moment de l’enregistrement et puis… plus rien, quelle que soit la valeur de l'utilisation du titre ou de l’album. Concrètement, un guitariste, un batteur, un bassiste, aussi créatif soit-il, recevra une centaine d’euros pour solde de tout compte et cela même si l’enregistrement remporte un vrai succès et génère d’importants revenus sur internet. »
En somme, les artistes n’ont aucune maîtrise de leurs œuvres sur Internet, et par voie de conséquence de leurs émoluments sur leurs ventes sur la toile. La société de perception en revient ainsi au vieux débat sur le rapport de force inégalitaire entre les artistes et les maisons de disques. Sans parler du problème fondamental de la répartition de la rémunération, où l’artiste est souvent la dernière roue du carrosse.
Résultat, pour la Spedidam, le constat est simple : « 0 %, c’est ce que perçoivent la très grande majorité des artistes interprètes des exploitations de musique en ligne réalisées sur les sites Internet légaux, labellisés ou non par HADOPI. (…) Cette situation injuste et inacceptable vient du fait que, dans la majorité des contrats, les artistes, sans pouvoir de négociation, sont amenés à céder pour rien leurs droits sur l’exploitation de leurs enregistrements sur internet. »
Pour la société, le problème ne se situe donc pas sur le téléchargement illégal, ni même les sites légaux non labellisés par Hadopi. Même les sites légaux labellisés Hadopi sont visés par les critiques de la Spedidam, connue pour être contre Hadopi depuis sa création.
Pour la société de perception, ces sites excluent les artistes « de toute forme de rémunération pour l'exploitation de leurs enregistrements. Il n’y a donc pas d’exception à la règle et il est pour cette raison impossible d’orienter le consommateur vers un site plutôt qu’un autre, aucun n'apportant une rémunération à ces artistes interprètes. »
Un problème évident d'équité
En somme, le message que souhaite faire passer la Spedidam via cette fronde est que l’Hadopi n’aide en rien les artistes, et que le manque à gagner pour les artistes a déjà été de 5,5 millions d’euros en 2010, et qu’il atteindra 10 millions en 2015 selon ses prévisions et sur une base d’une rémunération de 5 % du chiffre d’affaires.
Et quand on sait que le budget 2011 de la Hadopi est d’au moins 12 millions d’euros, il y a de quoi se poser des questions. La Spedidam pointe d’ailleurs du doigt « la promotion actuelle à grands frais de la « légalité » par HADOPI », qui ne peut à son sens « être crédible aux yeux du public que si le partage des revenus est équitable entre tous : producteurs, auteurs, interprètes et revendeurs. »
Or à l’heure actuelle, le partage des gains de la musique en ligne ne se fait qu’entre producteurs et distributeurs, excluant bizarrement les artistes, alors qu’ils sont au cœur du système et indispensables aux principaux bénéficiaires.
« Sans équité, la musique légale restera illégitime et injuste » conclue la société de perception.
Hadopi, inutile sur tous les fronts pour l'UFC

« D'autre part, elle ne crée aucun revenu supplémentaire pour la création. C'est pour cela que l'on invite les responsables politiques et le monde de la création à travailler sur d'autres solutions, comme la gestion collective ou la contribution créative qui, elles, accordent une place importante à la rémunération des artistes et créateurs. »
Néanmoins, selon Édouard Barreiro , la solution au problème soulevé par la Spedidam ne sera certainement pas résolu par les maisons de disques, les grandes gagnantes du système actuel. « Que les artistes ne se trompent pas, la réponse ne viendra pas du côté des maisons de disques dont une grosse partie n'a qu'un objectif : contrôler le marché pour continuer à aspirer le gros des revenus induit par le travail de création. »