Google pourrait avoir contourné la GPL pour Android

Android LogoGoogle pourrait être très prochainement au sein d’une immense tourmente légale centrée autour d’une violation flagrante de la GPL. Dans la ligne de mire : la bibliothèque système qui sert à faire le lien entre l’ensemble du système d’exploitation et le noyau, qui n’est autre que celui du Linux. Or, ce dernier est protégé par la version 2 de la GPL, et on ne peut pas en faire n’importe quoi.

Lorsqu’un développeur reprend un code source sous GPL, il peut en faire énormément de variations, de reprises, etc. Ce « pouvoir » vient avec des responsabilités, et notamment une : le travail ainsi produit passe lui-même sous GPL, ce que l’on appelle le copyleft. Ce transfert, ou cette viralité, peut être une force ou une faiblesse, mais si le débat reste entier, le copyleft n’a rien d’optionnel.

Or, Google aurait copié environ 2,5 Mo de données depuis plus de 700 fichiers en-têtes issus du kernel Linux. Cette copie passe via une application maison qui fait au passage le ménage : les commentaires du code sont effacés, ainsi que d’autres éléments. Au final, Google présente le matériau qui en résulte comme non soumis à un quelconque copyright.

Un équilibre délicat entre plusieurs types de licence

C’est que le choix de la licence est absolument primordial pour déterminer la manière dont l’écosystème va se mettre ensuite en place, et comment un élément aussi simple (en apparence) qu’une boutique d’applications va bien pouvoir fonctionner. Le blog « Foss Patents » indique qu’Android est un mélange très délicat de trois types de logiciel :
  • Matériau sous GPL, comme le kernel Linux
  • Matériau sous licence permissive et sans copyleft, de type BSD, Apache ou MIT
  • Matériau dont les sources sont fermées
Or, sur les trois types, deux causent déjà problème. Sans même parler du code du kernel Linux, la machine virtuelle Dalvik est sur une licence permissive, mais cela ne l’empêche pas d’être au centre d’une polémique. Oracle a en effet déposé une plainte il y a quelque temps à son encontre, accusant Google d’avoir volé du code de Java.

L’ensemble obéit donc à une série de lois particulièrement fragiles, et si ces lois perdent leur fondement juridique, l’édifice va commence à ressembler sérieusement à un château de cartes. Tout travail hérité d’un matériau protégé par la GPL est lui-même sous GPL. Et si le rétablissement de cette licence entraînait un effet domino qui remontait jusqu’à l’espace utilisateur et aux applications ? Ces dernières ne seraient pas obligatoirement sous GPL, car exploiter des API open source n’influe sur le degré d’ouverture du code de l’application. Exemple : le navigateur Opera pour Linux.

Une vision radicale de ce qui est protégé

Pour créer une séparation, ou plutôt un ravin entre la base du système, Google a créé une bibliothèque baptisée Bionic et dont le but est de présenter un matériau débarrassé de tout copyright. C’est ici que l’on trouve les fichiers en-têtes nettoyés de tous les commentaires, et chacun commence alors par ce message :

« Cet en-tête a été automatiquement généré depuis un en-tête du kernel Linux portant le même nom [...]. Il ne contient que des constantes, des structures et des macros générées depuis l’en-tête original, et ne contient donc aucune information protégeable. »

Google indique clairement que le copyleft n’est ici pas de mise puisque plus aucun matériau soumis au copyright n’est présent. Or, sans copyright, pas de copyleft. Or, Linus Torvalds en personne avait indiqué en 2003 que personne n’avait le droit de reprendre les en-têtes originaux du kernel Linux dans une application ou un travail n’étant pas protégé lui-même par la GPL.

Dans un billet plus récent de Foss Patents, on trouve d’autres exemples de la manière dont Google semble procéder avec les éléments qui l’arrangent. C’est le cas de la pile Bluetooth qui reprend visiblement le code de BlueZ, une pile développée par Qualcomm (fabriquant de puces) et placée sous GPL. Là encore, le code a été nettoyé. La même chose a été faite pour le système de fichiers Ext4. Foss Patents a par ailleurs publié une chronologie de ces modifications, que l’on peut récupérer depuis cette page (format PDF).

timeline foss google android 

Pour l’instant, rien n’a été entrepris de manière concrète, car le travail de recherche continue. Mais une ombre est jetée sur la manière dont Google procède avec son système mobile, et s’il est confirmé que la vision de l’entreprise sur les matériaux protégés n'est pas légitime, une plainte pourrait être déposée. 

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