Internet : RSF place la France dans les pays sous surveillance

Reporters sans frontières, comme à son accoutumée, a publié sa liste des « pays ennemis d’Internet » ainsi qu’une autre liste des « pays sous surveillance ». Un seul pays d’Europe de l’Ouest fait partie de cette dernière liste : la France.

RSF Carte mondiale Cyber Censure France

Les « pays ennemis d’internet » sont peu ou prou toujours les mêmes, avec la Chine, la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite, Cuba, l’Iran, la Syrie, le Viêtnam, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et la Birmanie. Ces pays interdisent ainsi régulièrement des sites complets, bloquent certains ports, filtrent de nombreux contenus et emprisonnent des journalistes et des blogueurs (quand les blogs sont autorisés).

RSF note cependant que « la nouvelle stratégie des régimes autoritaires ne rime plus tant avec un blocage pur et dur qu’avec une manipulation et une propagande en ligne. Certes, des pays comme la Chine, l’Arabie Saoudite ou l’Iran appliquent toujours un filtrage sévère, qu’ils ont même tendance à accentuer en période de tensions, notamment à l’attention des sites de micro-blogging et des réseaux sociaux, mais leurs internautes continuent d’apprendre à contourner la censure. »

Pour éviter tout soulèvement, certains pays ont cependant accru la censure sur la toile, tandis que d’autres gouvernement luttent plus que jamais contre l’anonymat sur Internet. Au final, « un internaute sur trois n’a pas accès à un Internet libre », « une soixantaine de pays pratique la censure, sous la forme de filtrage ou de harcèlement des net-citoyens » et « 119 net-citoyens sont en prison », contre 120 l’an passé. Plusieurs bloggeurs et journalistes ont pourtant été relâchés ces derniers mois, ce qui signifie que d'autres ont pris leur place durant la même période.

Et d’autres pays pourraient bien rejoindre la liste des « pays ennemis d’Internet » remarque RSF, qui cite entre autres le Bengladesh et le Cambodge, qui se sont récemment illustrés en bloquant et/ou censurant des vidéos et des sites internet.

RSF France sous surveillance Internet

Hadopi, LOPPSI, cambriolages douteux, la France championne du monde (hip hip hip)

Mais intéressons-nous à l’autre liste, celle des « pays sous surveillance ». On y retrouve par ordre alphabétique : l’Australie, le Bahreïn, la Biélorussie, la Corée du Sud, l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, l’Érythrée, la France, la Libye, la Malaisie, la Russie, le Sri Lanka, la Thaïlande, la Tunisie, la Turquie et le Venezuela.

Pourquoi la France ? Si vous lisez nos colonnes régulièrement, vous connaissez déjà les raisons. « Mise en place de la riposte graduée, législation prévoyant un filtrage administratif du Web, défense d’un Internet “civilisé”, l’impact de récentes législations et déclarations sur la liberté de circulation de l’information en ligne suscitent de vraies inquiétudes » argumente RSF.

L’organisme note d’ailleurs que plusieurs journalistes (Mediapart, LeMonde, etc.) ont été bizarrement cambriolés l’an passé. Et d’autres ont subi des « pressions pour identifier leurs sources ». Résultat, « la France fait pour la première fois son entrée dans la liste des “pays sous surveillance” ».

Passage amusant, RSF, parmi ses multiples critiques contre la France, remarque qu’Éric Besson a envisagé l’exclusion du pays de Wikileaks, le site étant hébergé en partie par la société française OVH. Or RSF, l’été dernier, ne s’est pourtant pas gêné pour condamner très vivement ce même Wikileaks

Et hormis Hadopi, où l’internaute doit désormais prouver son innocence, Reporters sans frontières a bien sûr attaqué la LOPPSI 2, la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure. « Sous couvert de lutte contre la pédopornographie, l’article 4 de la loi institutionnalise un filtrage administratif du Web, sans décision de justice » déplore RSF.

Ce dernier craint plusieurs conséquences de la LOPPSI 2 :
  • la multiplication des cas de surblocages
  • le manque de contrôle par un juge indépendant
  • l’extension du filtrage à d’autres sujets que la pédopornographie
« Une fois passé le “cap psychologique”, le filtrage ne risque-t-il pas d’être étendu à d’autres délits tels que la contrefaçon, la diffamation, l’offense au chef de l’État, etc. ? » se demande ainsi RSF. D’où la surveillance de la France par l’organisme.

Enfin, outre la France, bien d’autres pays occidentaux sont pointés du doigt par RSF, sans pour autant intégrer la liste des pays sous surveillance. L’Italie, pour son décret Berlusconi, et les États-Unis, pour sa position ambigüe sur la neutralité du Net, sont notamment cités par l’ONG.

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