VLC finalement retiré de l'App Store sans explication officielle

Dans le monde de l’open source, VLC fait partie des ténors connus par une bonne partie du grand public. Célèbre pour sa capacité à lire tous les formats audio et vidéo ou presque, il avait bénéficié voilà plusieurs mois d’un portage vers iOS. Seulement voilà, après la tourmente légale au sujet de la compatibilité de sa licence avec l’App Store, il a finalement été retiré de cette boutique.

vlc ipad

Une question de principes

Lorsque VLC a débarqué sur iOS, il l’a d’abord fait via l’iPad. Plutôt que de convertir ses vidéos en H.264, l’utilisateur pouvait utiliser le déplacement de documents dans l’onglet des Applications d’iTunes pour faire glisser toutes les vidéos qu’il souhaitait vers VLC. Le gain de temps était appréciable, d’autant que VLC pour iOS, sans atteindre le taux de reconnaissance de son grand frère pour Windows/Mac OS X/Linux, prenait en charge bon nombre de formats.

Alors même que la société Applidium, chargée du portage vers iOS, venait d’achever la version pour iPhone/iPod Touch, l’un des développeurs originaux de VLC, Remi Denis-Courmont, tentait de faire retirer l’application de l’App Store (notre actualité). Plusieurs raisons étaient invoquées, dont l’incompatibilité d’un DRM sur un logiciel dont le code source est protégé par la GPL. Mais la situation était floue et l’avenir s’annonçait sombre pour l’application.

En effet, de l’avis d’un développeur particulier est partie une guerre sur laquelle les feux des projecteurs se sont braqués. La Free Software Foundation s’empare alors de l’affaire et, sans bien la comprendre ou à escient, érige VLC au rang de héraut de la lutte contre Apple et ses DRM. Jean-Baptiste Kempf, président de VideoLAN, nous indiquait à ce sujet :

« La Free Software Foundation a pris la liberté de dire que VLC se battait contre les DRM d’Apple, et que toute l’association VideoLAN était derrière. Ce n’est pas le cas, puisque tout est parti d’un seul développeur qui a exprimé son avis sur la question. Une situation gênante, puisqu’elle engage VideoLAN de manière publique, et que la FSF ne nous a pas contactés pour partager son analyse de la situation. Ce n’est pas correct. »

Au final, la question se concentrait essentiellement sur le mode de distribution de l’application et son utilisation commerciale. Des points qui étaient flous, mais qui n’ont pas empêché Remi Denis-Courmont de continuer sur sa lancée. Fin octobre dernier, il envoyait donc une notification d’infraction au copyright à Apple, notamment pour expliquer en quoi la GPL était incompatible avec l’App Store et ses règles.

Remi Denis-Courmont donne le mot de la fin

La situation s’est brusquement éclaircie durant le week-end. Remi Denis-Courmont a été averti vendredi par un avocat d’Apple que l’application avait été retirée de l’App Store. Dans un billet publié hier, il indique qu’Apple ne donne aucune explication, mais il tient à rétablir certaines « vérités », car une conclusion trop hâtive aurait été trop souvent vue : « le projet VideoLAN, et moi en particulier, serions des imbéciles idéalistes qui se soucient davantage des détails techniques de licence que des utilisateurs, et nous aurions contraint Apple. Ce n'est pas vrai»

Il expose donc plusieurs points pour contrebalancer cette affirmation :
  • « Premièrement : je ne sais pas avec certitude pourquoi Apple a retiré VLC, et Apple ne dira sans doute jamais la vérité.
  • Deuxièmement : Apple avait déjà retiré VLC de l’ancien Mac Store pour ordinateurs… il y a déjà quatre ans, à une époque où VLC était l’une des applications les plus populaires, et j’attends toujours de savoir pourquoi.
  • Troisièmement : Apple a reçu ma notification il y a plus de deux mois avant de retirer l’application. Ce n’était pas expéditif, comme la loi américaine sur le copyright l’aurait requis. En tant que telle, il semble douteux que ma fameuse notification d’octobre dernier soit à la source de ce retrait. C’est néanmoins la raison pour laquelle j’ai été averti directement du retrait par Apple.
  • Dernièrement : Apple avait le pouvoir et assez de temps (deux mois) pour ajuster et clarifier les termes de l’App Store. En effet, lesdits termes ont été modifiés plusieurs fois depuis. Apple aurait pu également continuer à distribuer VLC explicitement sous GPL. Je pensais que c’était la solution avant que VLC ne soit retiré.
L’un dans l’autre, nous ne saurons sans doute jamais la vérité. Mais je suis enclin à penser ce qu’Eben Mogel, du Software Freedom Law Center, m’avait dit il y a deux mois : qu’Apple retirerait VLC simplement parce qu’elle ne supporte pas les logiciels distribués sous GPL dans ses boutiques. Mais c’était le choix d’Apple et une décision commerciale, et il n’y avait donc pas de raisons qu’elle accélère le processus. Cela pourrait être aussi simplement qu’ils n’aiment pas avoir VLC sur leurs plateformes. Cela expliquerait en partie le retrait de VLC du Mac Store il y a longtemps.

Je sais que cela serait une déception pour tous ceux qui m’ont insulté ou calomnié sur le web ou par email durant les derniers jours. Mais il se pourrait que je ne sois pas le (anti-)héros que les gens ont fait de moi
».

Il n’en reste pas moins que VLC serait probablement encore sur l’App Store si aucune vague n’était allée effleurer les plages tranquilles de Cupertino. Le simple fait que VLC ait été validé et soit apparu sur l’App Store était déjà en soit une surprise. Applidium avait un plan d’ajout de fonctionnalités assez riche, et les futures versions promettaient de belles améliorations. Mais venant d’un trublion comme VLC, des interrogations sur la licence n’ont certainement pas encouragé la firme à chercher patiemment une solution au problème.

Au final, personne n’est gagnant : il n’y a aucun bénéfice pour VLC, tandis que des millions d’utilisateurs seront privés des mises à jour prévues. Précisons que ceux qui l’ont déjà installé doivent faire attention : s’ils veulent pouvoir continuer à utiliser VLC, il ne faut surtout pas le désinstaller ou formater l’appareil, car il n’est plus disponible sur l’App Store. Il reste donc en place, mais au moindre faux pas, il sera perdu.

Nous attendons actuellement les réactions de Jean-Baptiste Kempf, président de VideoLAN, et de Romain Goyet, co-fondateur d’Applidium.

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