

Comme toujours, vous êtes libres d'intervenir comme bon vous semble dans les commentaires. Mais gare aux trolls et autres débordements, la Sword veille... même le dimanche.
Vous l'avez certainement lu chez nos amis de chez Les Numériques ces dernières semaines, certains fabricants de TV n'hésitent pas à changer les dalles qu'ils utilisent de manière assez courante, sans même changer la référence de leur produit... et parfois avec des différences de qualité flagrante. Bien entendu, la qualité part souvent à la baisse plutôt qu'à la hausse... et invalide donc les résultats de test.
Les constructeurs de TV abusent... mais pas que / qu'eux

Nous pourrions malheureusement dérouler des tas de vieilles histoires du genre. Rien que le milieu des cartes graphiques, où petites modifications et autres changements de nom sans la moindre évolution sont désormais monnaie courante, est une source sans fin. Tout comme le milieu des portables où les dalles utilisées sont rarement détaillées, tout comme le modèle des disques durs embarqués, par exemple.
On citera aussi avec plaisir les produits Hi-Fi qui n'hésitent pas à annoncer une puissance de 1000 watts (PMPO ?) ou les écrans et leur taux de contraste de 1 000 000 : 1, qui ne sont que des extrapolations marketing invérifiables, à moins que ce soit ces termes qui permettent à nos chers fabricants de nous refourguer tout ou n'importe quoi et qui provoquent bien souvent une frustration dès lors que l'on se sert dudit produit.
Mais est-ce que cela est vraiment quelque chose de nouveau ?
Des pratiques qui remontent et... qui ont la dent dure
Revenons un instant en arrière. Il y'a quelques années, une bataille faisait rage chez les fabricants de cartes mères. Tous souhaitaient gagner les comparatifs et pour ce faire, rien de tel que quelques overclocking ça et là, mais sans prévenir l'utilisateur... et les testeurs.
Les processeurs fonctionnaient alors d'une fréquence de base à 202 MHz au lieu de 200 MHz, de quoi monter, d'une courte tête, sur la plus haute marche du podium. Une course s'est alors engagée entre les différentes marques puis a provoqué un emballement qui a trouvé son point culminant en 2003, où Asus s'est retrouvé au banc des accusés avec une carte mère de presse bien différente que le modèle disponible dans le commerce... une situation au final ridicule puisque la confiance envers la marque était perdue.

Un point relativement problématique pour nous puisqu'il met tout notre travail et toute notre analyse à la poubelle, de facto. Surtout que les tests de GPU sont souvent soumis à une pression exécrable de la part des fabricants, les produits nous étant envoyés quelques jours avant la fin du NDA, lorsque ce ne sont pas les pilotes qui nous sont livrés à la dernière minute.
Difficile alors de disposer du recul nécessaire pour produire un avis pertinent. Heureusement, sur ce point, les choses tendent à s'arranger.
Derrière ces faits redoutables, il existe une explication... qui n'excuse rien
Mais pourquoi les fabricants proposent-ils ces « sous produits » qu'ils nous cachent ? Pour faire simple, avant de lancer la fabrication d'un PC portable ou d'un moniteur, par exemple, le constructeur procède à la réalisation d'un cahier des charges. Celui-ci reprend l'ensemble des caractéristiques que doit avoir le produit final. Si nous prenons l'exemple d'un moniteur, la marque définit que sa dalle devra disposer d'un taux de contraste X, d'une luminosité Y et d'une définition Z.

Car le marché des nouvelles technologies est très dynamique, de par sa nature, et les durées de vie des produits sont très courtes. Il faut alors répondre aux commandes à un instant t, car à t+1, la concurrence est déjà arrivée et les marges réduisent. Une course effrénée qui oblige certains à commettre l'irréparable... augmenter les marges de manoeuvre du cahier des charges orignal, quitte à flouer le client final, qui dans la majorité des cas, ne verra aucune différence. Seuls les puristes seront déçus...
Faut-il pardonner au constructeur pour autant ? Certainement pas.
Une seule solution : la transparence. Mais est-elle simple à mettre en oeuvre ?
Tout comme notre confrère de Les numériques, nous souhaiterions vivement que les constructeurs soient un peu plus transparents, cette requête devant s'étendre à l'ensemble des produits du marché des nouvelles technologies, et même parfois au-delà.

Reste à voir aussi comment la distribution peut encaisser un tel changement. Créer une nouvelle référence pour chaque modification dans l'approvisionnement serait un casse-tête sans nom pour les revendeurs... Ils sont déjà souvent perdus, et on peut les comprendre, dans de vastes catalogues de constructeurs qui changent constamment et regarder ligne par ligne pour dénicher le modèle à référencer...est souvent un vrai cauchemar ! Surtout lorsque l'on voit la faible lisibilité des références actuellement proposées.
Tester l'entrée de gamme, un chemin de croix
Si nous nous arrêtions ici, ce serait aussi se voiler les yeux sur certaines autres pratiques assez peu souvent évoquées. En effet, les lecteurs nous demandent souvent pourquoi nous ne publions pas de tests sur certains produits, notamment ceux d'entrée de gamme, ou les modèles les plus courants, qui se vendent en masse.

Les clients achètent souvent un produit en ayant dans la tête le test d'un produit « vitrine » , mais le modèle avec lequel ils repartent est souvent bien loin de ce dernier. Ce n'est pas grave, l'impression d'avoir fait le bon choix est là.
Prenons des exemples pour illustrer notre propos. Combien de tests trouvons nous sur la toile sur une carte mère à base de G41 d'Intel et combien en X58 ? Pourtant, c'est bien le premier chipset qui se vend en masse, le second est du registre de l'anecdote en volume.
Si nous prenons le marché des ordinateurs portables, combien de tests de machines 15" entre 350 et 450 €, qui représentent le gros du marché, sont publiés ? Combien de dossiers sont produits sur des machines à 900 € et plus ? Qui peut nous citer plus de dix sites ayant testé le boîtier NSK4482 d'Antec, et faire de même pour les modèles de la série Dark Fleet ?
La vigilance des utilisateurs et d'une presse critique : la meilleure des protections ?
Si la presse est parfois en cause, les constructeurs sont les premiers à jouer un rôle sur ce point. Nous avons depuis bien longtemps décidé de nous attaquer à ce genre de produits, nous travaillons d'ailleurs pour augmenter ce type de tests. Mais souvent il nous faut emprunter des chemins de traverse, acheter des produits afin de savoir ce qu'ils valent. Car les marques font bien plus que d'oublier de nous les proposer, ils refusent parfois tout simplement de nous les envoyer.

Tant de pratiques détestables auxquelles nous aimerions, sans doute avec un peu de naïveté que les constructeurs mettent fin, lorsque nous ne souhaitons pas que les autorités se penchent sur certains agissements.
Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons que remercier nos lecteurs de leur vigilance, car ils sont bien souvent les premiers à nous alerter. Et nous finirons sur un espoir, celui que la presse, qu'il s'agisse de nous ou nos estimés confrères, quels qu'ils soient, continuent de mettre ces agissements en lumière, de les dénoncer, et de vous INformer... au risque de passer, bien souvent, pour des poils à gratter. Un mal nécessaire ?