Un article du New York Times expliquait hier que différentes sources proches des négociations entre Google et Verizon, mais non autorisées à parler publiquement, avaient indiqué au journal que les deux entreprises pourraient révéler dès la semaine prochaine un accord pour mettre fin à la neutralité du Net.
L'accord voudrait laisser à Verizon, l'un des principaux FAI des États-Unis, le droit de favoriser la transmission de certains contenus si leur créateur a payé l'opérateur pour ce privilège. Les gros distributeurs de contenus, comme YouTube, pourraient donc accélérer l'accès de leurs utilisateurs.
Un tel accord serait un gros revirement pour Google, qui avait âprement défendu la neutralité du Net en 2009 auprès du Parlement Européen, et avait même été victime de son non-respect par Apple et AT&T lors de l'affaire de l'application mobile Google Voice.
L'accord n'a pas encore été officiellement confirmé (ou infirmé) par les deux entreprises, et les détails sont limités. Un porte-parole de Verizon a cependant témoigné que des discussions ont bien lieu : « nous travaillons avec Google depuis 10 mois pour trouver un accord sur une politique de haut débit ». L'accord semblerait surtout concerner l'Internet pour mobiles, Verizon étant un grand supporter d'Android, et laisserait à l'opérateur la liberté de gérer les connexions pour ces terminaux.
Les associations outrées
Mais les associations de défense des internautes sont déjà sur les dents, et unies. Dans une réaction commune envoyée à Mashable.com, quatre d'entre elles (Public Knowledge, Free Press, Media and Democracy Coalition et l'Open Technology Initiative de la New America Foundation) dénoncent l'accord : « il est inconvenant et inapproprié. [...] L'Internet appartient à nous tous, pas à Verizon et Google. Il existe un support public répandu pour conserver un Internet ouvert ». Gigi B. Sohn, président et fondateur de Public Knowledge, précise que « le but de la neutralité des réseaux est d'empêcher les grosses entreprises de se partager l'Internet entre elles ».
Car un tel accord défavoriserait les sites les moins gros, les utilisateurs particuliers, et pourrait de façon paradoxale conduire à une augmentation des prix des abonnements Internet pour les utilisateurs finaux.
Jérémie Zimmermann, de la Quadrature du Net, nous a envoyé sa réaction par mail :
« Si un accord était conclu sur la priorisation des contenus, cela signifierait que Google se serait rangé du côté des opérateurs telecom qui tentent de prendre le contrôle d'Internet. Que Google puisse ainsi se renier et se retourner contre les utilisateurs, pour gagner des parts de marché sur les téléphones mobiles, serait absolument terrifiant et pourrait signer l'arrêt de mort de la neutralité du Net. »
Google ne ferait que répondre aux demandes des opérateurs
Les FAI européens avaient reproché à Google de faire d'importants bénéfices sur leurs dos, profitant de leurs réseaux sans les rémunérer. Google représentait déjà à l'époque 6 % du trafic web mondial, et est l'entreprise purement Internet la plus rentable.
Il reste que même si Google pouvait trouver un avantage à cet accord, une telle violation de ses principes serait une première pour l'entreprise; si les informations du NYT sont confirmées. L'exemple récent de son combat contre le gouvernement chinois semblait plutôt indiquer que le géant du web était prêt à défendre ses idéaux, quitte à sacrifier ses intérêts économiques. Il reste donc à espérer que tout ceci est un malentendu.
La FCC devrait s'opposer à l'accord, mais a-t-elle le pouvoir de le stopper ?
La FCC est le régulateur des télécoms américains, et obligeait les FAI à respecter la neutralité du net jusqu'à ce que la cour d’appel de Washington DC ne décide qu'elle n'avait pas le pouvoir d'imposer de telles règles aux opérateurs dans le régime faiblement régulé qu'elle a décidé de leur appliquer. L'accord entre Verizon et Google serait donc pour le moment légal.
Mais le régulateur est toujours un fervent défenseur de la neutralité. Pour retrouver le pouvoir de faire appliquer ses décisions il est en train d'essayer de faire changer la classification des FAI. Des négociations sont en cours avec les FAI, les fournisseurs de contenus et les parlementaires.
Mais si les fournisseurs de contenus comme Google, auparavant les plus hardis (et les plus riches) défenseurs de la neutralité du Net, arrêtent leur lobbying auprès des parlementaires américains, ce changement pourrait ne jamais passer...
L'accord voudrait laisser à Verizon, l'un des principaux FAI des États-Unis, le droit de favoriser la transmission de certains contenus si leur créateur a payé l'opérateur pour ce privilège. Les gros distributeurs de contenus, comme YouTube, pourraient donc accélérer l'accès de leurs utilisateurs.
Un tel accord serait un gros revirement pour Google, qui avait âprement défendu la neutralité du Net en 2009 auprès du Parlement Européen, et avait même été victime de son non-respect par Apple et AT&T lors de l'affaire de l'application mobile Google Voice.
L'accord n'a pas encore été officiellement confirmé (ou infirmé) par les deux entreprises, et les détails sont limités. Un porte-parole de Verizon a cependant témoigné que des discussions ont bien lieu : « nous travaillons avec Google depuis 10 mois pour trouver un accord sur une politique de haut débit ». L'accord semblerait surtout concerner l'Internet pour mobiles, Verizon étant un grand supporter d'Android, et laisserait à l'opérateur la liberté de gérer les connexions pour ces terminaux.
Les associations outrées
Mais les associations de défense des internautes sont déjà sur les dents, et unies. Dans une réaction commune envoyée à Mashable.com, quatre d'entre elles (Public Knowledge, Free Press, Media and Democracy Coalition et l'Open Technology Initiative de la New America Foundation) dénoncent l'accord : « il est inconvenant et inapproprié. [...] L'Internet appartient à nous tous, pas à Verizon et Google. Il existe un support public répandu pour conserver un Internet ouvert ». Gigi B. Sohn, président et fondateur de Public Knowledge, précise que « le but de la neutralité des réseaux est d'empêcher les grosses entreprises de se partager l'Internet entre elles ».
Car un tel accord défavoriserait les sites les moins gros, les utilisateurs particuliers, et pourrait de façon paradoxale conduire à une augmentation des prix des abonnements Internet pour les utilisateurs finaux.
Jérémie Zimmermann, de la Quadrature du Net, nous a envoyé sa réaction par mail :
« Si un accord était conclu sur la priorisation des contenus, cela signifierait que Google se serait rangé du côté des opérateurs telecom qui tentent de prendre le contrôle d'Internet. Que Google puisse ainsi se renier et se retourner contre les utilisateurs, pour gagner des parts de marché sur les téléphones mobiles, serait absolument terrifiant et pourrait signer l'arrêt de mort de la neutralité du Net. »
Google ne ferait que répondre aux demandes des opérateurs
Les FAI européens avaient reproché à Google de faire d'importants bénéfices sur leurs dos, profitant de leurs réseaux sans les rémunérer. Google représentait déjà à l'époque 6 % du trafic web mondial, et est l'entreprise purement Internet la plus rentable.
Il reste que même si Google pouvait trouver un avantage à cet accord, une telle violation de ses principes serait une première pour l'entreprise; si les informations du NYT sont confirmées. L'exemple récent de son combat contre le gouvernement chinois semblait plutôt indiquer que le géant du web était prêt à défendre ses idéaux, quitte à sacrifier ses intérêts économiques. Il reste donc à espérer que tout ceci est un malentendu.
La FCC devrait s'opposer à l'accord, mais a-t-elle le pouvoir de le stopper ?
La FCC est le régulateur des télécoms américains, et obligeait les FAI à respecter la neutralité du net jusqu'à ce que la cour d’appel de Washington DC ne décide qu'elle n'avait pas le pouvoir d'imposer de telles règles aux opérateurs dans le régime faiblement régulé qu'elle a décidé de leur appliquer. L'accord entre Verizon et Google serait donc pour le moment légal.
Mais le régulateur est toujours un fervent défenseur de la neutralité. Pour retrouver le pouvoir de faire appliquer ses décisions il est en train d'essayer de faire changer la classification des FAI. Des négociations sont en cours avec les FAI, les fournisseurs de contenus et les parlementaires.
Mais si les fournisseurs de contenus comme Google, auparavant les plus hardis (et les plus riches) défenseurs de la neutralité du Net, arrêtent leur lobbying auprès des parlementaires américains, ce changement pourrait ne jamais passer...