« Monsieur et Madame B. découvrent sur internet que le module « Street View » de l’application « Google Maps » permet d’accéder à des vues de leur domicile. Ils sont stupéfaits de constater que ce service de Google diffuse des vues de l’intérieur de leur propriété sur lesquelles on aperçoit leur fille âgée de quatre ans en sous-vêtements. Considérant ces vues comme attentatoires à leur vie privée et dangereuses pour la sécurité de leur fille, Monsieur et Madame B. utilisent le formulaire mis en place par Google pour demander leur suppression. N’obtenant pas satisfaction, ils saisissent la CNIL qui intervient directement auprès de Google France. Google indique en réponse que les vues concernées ont été supprimées. »
Ce passage est issu de la synthèse du dernier rapport 2009 de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés. Google est ainsi mis à l’index, mais le rapport 2010 risque d'être nettement plus fourni.
Le 14 mai, Google expliquait très officiellement que son service Street View avait ramassé dans ses filets des connexions Wifi non sécurisées, en plus des photos immersives bien connues. La CNIL s’était rapidement saisie de ce dossier compte tenu des risques soulevés par une telle collecte. Le 19 mai, elle effectue un contrôle sur place portant sur la nature des données collectées et que sur les mesures prises pour remédier à l'enregistrement de ces données. Elle met en demeure alors Google sous 7 jours, de lui communiquer le contenu de ses filets, cesser toute collecte déloyale et de régulariser sa situation au regard de la loi de 78.
« Ces demandes ont été satisfaites par Google puisque le 4 juin 2010, la délégation de contrôle de la CNIL a pu accéder aux données souhaitées à partir d'une liaison dédiée sécurisée. En outre, deux disques durs comportant un volume très important de données (données de connexion, codes sources des logiciels, rapports d'audit) lui ont été remis. Enfin, une réponse portant sur des questions juridiques a été adressée à la CNIL le même jour. Ces éléments essentiellement techniques sont actuellement analysés par les informaticiens de la CNIL. Il est donc encore trop tôt pour se prononcer sur les suites que connaîtra ce contrôle. »
Cependant, la CNIL révèle dès à présent que « Google a bien enregistré des mots de passe d'accès à des boites mail, à l’insu des personnes. [Et] Google a enregistré des extraits de contenus de messages électroniques ». C’est selon la commission, « la CNIL est la première autorité de protection des données dans le monde à obtenir les données collectées par Google dans le cadre du dispositif Street View ». Une vraie petite victoire française qui fait du bien.