Le dernier numéro de Capital abrite un dossier à lire. Il porte sur le septième art, le « pillage du net » et Hadopi, loi qui « pourrait faire école » à l’étranger.
L’article juge « impressionnant » le travail de l’ALPA, association de lutte contre le piratage audiovisuel, mais « toujours insuffisant ». On y ressasse le chiffre, visiblement inflexible, des « 450 000 films échangés sur le net chaque jour », qui fut répété ad nauseam par Christine Albanel lors des débats Hadopi.
Le retour de l'étude Tera v.1.0
Autre donnée apportée sur un plateau, l’étude de… Tera Consultants sur l’empreinte économique du piratage. Elle chiffrait à 605 millions d’euros le manque à gagner annuel pour la seule industrie du cinéma. Problème, passé sous silence : cette étude s’était basée sur les chiffres fournis par l’industrie elle-même, faute de temps. Une liaison incestueuse qui n’aura pas été rappelée.
L’étude Tera avait été certes remise à Albanel – une consécration politique – mais elle fut détruite en règle au même moment sur le net : ReadWriteWeb constatait ainsi l’oubli des recettes apportées par les nouvelles technologies. Juste un ou deux détails : « Sonneries téléphoniques ? Un business florissant qui se compte en centaines de millions… Oublié. Taxes sur les CD vierges et les disques durs ? Oubliées. Augmentation des revenus du spectacle vivant ? Oublié. Part de marché sans cesse grandissante du jeu vidéo dans le budget culture des Français ? Oubliée. Chiffre d’affaires des réseaux sociaux en ligne orientés musique, tel que MySpace ? Oublié. Radios en ligne ? Oubliées. Auto-production d’un nombre grandissant d’artistes qui décident de voler de leurs propres ailes ? Oublié. Nouveaux réseaux de distribution alternatifs ? Oubliés. Et enfin, l’explosion du marché de l’occasion C2C sur le segment des produits culturels ? Oublié ».
Ce sont pourtant les travaux de ce même cabinet qui sont utilisés aujourd’hui par les partisans d’un internet contrôlé, dans la droite ligne d’ACTA, d’IPRED et du rapport Gallo.
TMG surveillera 200 films
Dans l’article de Capital, on apprend que TMG (la société où, répétons-le, intervient Thierry Lhermitte) surveillera 200 films par an, 100 titres anciens, 100 nouveautés, mais uniquement sur les réseaux P2P.
« Nos programmes retrouvent ceux qui téléchargent des films via leurs adresses IP, l’équivalent du numéro de téléphone pour un ordinateur connecté à Internet. Avec ces adresses IP, l’ALPA obtiendra l’identité des abonnés auprès des fournisseurs d’accès français » expliquera rapidement Alain Guislain, patron de TMG qui parle enfin, mais oublie par précipitation l’existence de l’HADOPI dans cette procédure.
Des détails : l’intéressé oubliera de signaler que plusieurs personnes peuvent partager une IP, qu'on peut l'usurper facilement (constat d'huissier à l'appui), que des faux positifs existent, que le fameux logiciel de sécurisation, qui pourra être payant et non interopérable, sera en pratique le seul sésame permettant d’échapper à coup sûr à Hadopi. Un logiciel dont on ne sait à peu près rien puisqu’il n’existe toujours pas, sauf qu’il risque d’organiser un blocage ou une surveillance des échanges sur la machine des internautes.
TMG travaillera aussi pour l’industrie de la musique, suite à un appel d'offres remportés. Pour le secteur musical, nous savions depuis longtemps que la surveillance visera 10 000 titres, dont 5 000 du back catalogue.
Extension de la LOPPSI à HADOPI par simple amendement ?
Capital cite enfin « un distributeur très remonté contre le pillage de son catalogue » : selon lui, la LOPPSI 2, qui tente d’introduire le blocage des sites pédopornographiques en France, pourra facilement être étendue au secteur culturel. « Un simple amendement à ce texte permettrait d’inclure les sites qui ne respectent pas le droit d’auteur. Tout ce qui peut aider notre industrie à survivre doit être tenté. »
FUD ? Une chose est sûre dans l'esprit de l'industrie : le directeur général de la SPPF, Jérome Roger, qui représente les producteurs indépendants français, nous avait déclaré dans le passé que « les problématiques de l’industrie musicale ne sont pas éloignées de ces autres préoccupations [la pédophilie] qui peuvent paraitre évidemment beaucoup plus graves et urgentes à traiter. Bien évidemment, les solutions de filtrage qui pourraient être déployées à cette occasion devraient faire l’objet d’une réflexion à l’égard des contenus, dans le cadre de la propriété intellectuelle ».
Des propos en phase avec ceux d’Hervé Rony, alors directeur général du SNEP, le syndicat des majors : « Moi, la question de la pédophilie un, ne m’étonne pas et deux, m’intéresse forcément parce qu’il va bien falloir que Free nous explique que, si c’est possible pour la pédophilie, c’est peut-être possible pour des contenus illégaux de musique même si je ne mets pas les deux choses en rapport ! », l’intéressé allant jusqu’à conclure : « il n’est pas nécessaire d’aller chercher le juge tout le temps ».

Le retour de l'étude Tera v.1.0
Autre donnée apportée sur un plateau, l’étude de… Tera Consultants sur l’empreinte économique du piratage. Elle chiffrait à 605 millions d’euros le manque à gagner annuel pour la seule industrie du cinéma. Problème, passé sous silence : cette étude s’était basée sur les chiffres fournis par l’industrie elle-même, faute de temps. Une liaison incestueuse qui n’aura pas été rappelée.
L’étude Tera avait été certes remise à Albanel – une consécration politique – mais elle fut détruite en règle au même moment sur le net : ReadWriteWeb constatait ainsi l’oubli des recettes apportées par les nouvelles technologies. Juste un ou deux détails : « Sonneries téléphoniques ? Un business florissant qui se compte en centaines de millions… Oublié. Taxes sur les CD vierges et les disques durs ? Oubliées. Augmentation des revenus du spectacle vivant ? Oublié. Part de marché sans cesse grandissante du jeu vidéo dans le budget culture des Français ? Oubliée. Chiffre d’affaires des réseaux sociaux en ligne orientés musique, tel que MySpace ? Oublié. Radios en ligne ? Oubliées. Auto-production d’un nombre grandissant d’artistes qui décident de voler de leurs propres ailes ? Oublié. Nouveaux réseaux de distribution alternatifs ? Oubliés. Et enfin, l’explosion du marché de l’occasion C2C sur le segment des produits culturels ? Oublié ».
Ce sont pourtant les travaux de ce même cabinet qui sont utilisés aujourd’hui par les partisans d’un internet contrôlé, dans la droite ligne d’ACTA, d’IPRED et du rapport Gallo.
TMG surveillera 200 films
Dans l’article de Capital, on apprend que TMG (la société où, répétons-le, intervient Thierry Lhermitte) surveillera 200 films par an, 100 titres anciens, 100 nouveautés, mais uniquement sur les réseaux P2P.
« Nos programmes retrouvent ceux qui téléchargent des films via leurs adresses IP, l’équivalent du numéro de téléphone pour un ordinateur connecté à Internet. Avec ces adresses IP, l’ALPA obtiendra l’identité des abonnés auprès des fournisseurs d’accès français » expliquera rapidement Alain Guislain, patron de TMG qui parle enfin, mais oublie par précipitation l’existence de l’HADOPI dans cette procédure.
Des détails : l’intéressé oubliera de signaler que plusieurs personnes peuvent partager une IP, qu'on peut l'usurper facilement (constat d'huissier à l'appui), que des faux positifs existent, que le fameux logiciel de sécurisation, qui pourra être payant et non interopérable, sera en pratique le seul sésame permettant d’échapper à coup sûr à Hadopi. Un logiciel dont on ne sait à peu près rien puisqu’il n’existe toujours pas, sauf qu’il risque d’organiser un blocage ou une surveillance des échanges sur la machine des internautes.
TMG travaillera aussi pour l’industrie de la musique, suite à un appel d'offres remportés. Pour le secteur musical, nous savions depuis longtemps que la surveillance visera 10 000 titres, dont 5 000 du back catalogue.
Extension de la LOPPSI à HADOPI par simple amendement ?
Capital cite enfin « un distributeur très remonté contre le pillage de son catalogue » : selon lui, la LOPPSI 2, qui tente d’introduire le blocage des sites pédopornographiques en France, pourra facilement être étendue au secteur culturel. « Un simple amendement à ce texte permettrait d’inclure les sites qui ne respectent pas le droit d’auteur. Tout ce qui peut aider notre industrie à survivre doit être tenté. »
FUD ? Une chose est sûre dans l'esprit de l'industrie : le directeur général de la SPPF, Jérome Roger, qui représente les producteurs indépendants français, nous avait déclaré dans le passé que « les problématiques de l’industrie musicale ne sont pas éloignées de ces autres préoccupations [la pédophilie] qui peuvent paraitre évidemment beaucoup plus graves et urgentes à traiter. Bien évidemment, les solutions de filtrage qui pourraient être déployées à cette occasion devraient faire l’objet d’une réflexion à l’égard des contenus, dans le cadre de la propriété intellectuelle ».
Des propos en phase avec ceux d’Hervé Rony, alors directeur général du SNEP, le syndicat des majors : « Moi, la question de la pédophilie un, ne m’étonne pas et deux, m’intéresse forcément parce qu’il va bien falloir que Free nous explique que, si c’est possible pour la pédophilie, c’est peut-être possible pour des contenus illégaux de musique même si je ne mets pas les deux choses en rapport ! », l’intéressé allant jusqu’à conclure : « il n’est pas nécessaire d’aller chercher le juge tout le temps ».